Après la situation nationale observée le 31 octobre, Alassane Ouattara doit sérieusement s’inquiéter.
Le désert électoral et le boycott actif du vote du 31 octobre 2020 renferment des messages importants.
Le premier, c’est que la majorité des citoyens ne se reconnait pas dans cette élection. C’est que, malgré toutes les assurances données par le gouvernement sortant d’Alassane Ouattara, ces électeurs, aussi bien sur le territoire national que dans le reste du monde, n’ont pas jugé nécessaire d’aller exprimer leurs suffrages. Dans ce premier message se trouve un autre non moins important, c’est le rejet du projet d’un troisième mandat du Président sortant.
Comme vous le savez, l’éligibilité de Monsieur Ouattara pour ce troisième mandat est contestée par l’opposition qui la juge contraire à l’article 55 de la Constitution ivoirienne. Pour protester contre la validation de cette candidature par le Conseil constitutionnel au mépris de la loi fondamentale, l’opposition a appelé la population à une désobéissance civile et à un boycott actif du scrutin du 31 octobre. De son côté, le régime Rhdp défend mordicus la constitionnalité de la candidature de Ouattara estimant que le texte de 2016 a remis le compteur à zéro. Il a donc appelé à une grande mobilisation pour ce vote en déployant d’importants moyens militaires pour le sécuriser. Du coup, la journée du samedi dernier a pris la forme d’un référendum. Les Ivoiriens pouvaient se montrer favorables au nouveau mandat voulu par Ouattara en se déplaçant massivement dans les urnes, ou alors le rejeter en refusant d’aller voter. Des constats faits par les observateurs crédibles, il ressort que c’est un ‘’non’’ à ce troisième qui a été exprimé par la majorité des électeurs. Mais ils ont fait plus que dire ‘’non’ à un troisième mandat de Ouattara : dans différentes régions du pays, ils se sont dressés contre la tenue de cette élection. Cela s’est traduit par des destructions de matériel électoral à divers endroits. Par exemple, selon le groupe d’observation Indigo Côte d’Ivoire, qui a publié son point hier, « 391 incidents ont été enregistrés et 23% des bureaux de vote n’ont pu ouvrir sur un échantillon de 750 bureaux visités ». Sans oublier qu’il y a eu un très faible nombre de votants réels dans les bureaux qui ont fonctionné. Alors, quel que soit ce que diront la CEI et le constitutionnel devenus peu crédibles, une grande partie du peuple ivoirien considère qu’il n’y a pas eu d’élection. Et comme en 2010, c’est la voix de cette majorité qui finira par triompher. Wait and see.
Cissé Sindou