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Tension socio-politique : Blé Goudé appelle à l’organisation d’un conclave
Aujourd'hui, 09:01

L'appel de Blé Goudé sera -t-il entendu?

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À quelque six mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025, et face à la montée des tensions marquée par la radiation de figures majeures de la scène politique ivoirienne, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), Charles Blé Goudé, a proposé, dans une déclaration lue lundi 28 avril 2025, la tenue d’un conclave réunissant le pouvoir, l’opposition et la société civile afin de trouver une issue pacifique à la crise qui s’annonce.

« À quelque six mois de l’élection présidentielle, l’atmosphère politique commence à surchauffer. Il est vrai que certaines personnes pratiquent un aveuglement volontaire, refusant de voir les nuages qui s’amoncellent dans le ciel politique ivoirien. Mais d’après ce que j’entends, d’après ce que je vois, je fais malheureusement le constat d’une Côte d’Ivoire qui inquiète », a déclaré Blé Goudé. Il a ajouté qu’en tant que fils de cette nation, il ne peut rester silencieux face à cette situation.

Concernant les causes de cette tension, le président du COJEP évoque les débats autour de la Commission électorale indépendante et « les radiations en cascade » de la liste électorale de plusieurs figures majeures de la politique, notamment les présidents Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, le ministre Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, ainsi que lui-même, Charles Blé Goudé.

Rappelant les crises que le pays a traversées en 2011 et en 2020, avec leur lot de morts et de désolations, Blé Goudé dit éprouver de la peur — une peur qu’il partage avec de nombreux Ivoiriens. Pour tourner la page, selon lui, une seule voie s’impose : celle du dialogue. « Asseyons-nous autour d’une table et parlons », a-t-il lancé.

« Je parle des Ivoiriens de, en bas de en bas — pour reprendre l’expression des Ivoiriens —, ceux qu’on ne voit pas sur les réseaux sociaux parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter un seul repas par jour, encore moins de quoi se procurer des gigas pour s’exprimer en ligne. Je parle de ceux qu’on n’entend pas, de ceux qui ne peuvent se faire voir, ni ici ni ailleurs. Ils ont la peur au ventre. J’ai parcouru des campements, des villages, des grandes agglomérations : les Ivoiriens me parlent, et ils ont peur. Cela engage la responsabilité de la classe politique ivoirienne », a-t-il exprimé.

Face à cette inquiétude grandissante à l’approche des échéances électorales, l’ancien leader de la galaxie patriotique, qui « croit fermement aux vertus du dialogue », appelle à l’organisation d’un conclave politique national réunissant autour d’une même table le pouvoir, l’ensemble de l’opposition, et la société civile.

« Organiser ce conclave ne serait pas un aveu de faiblesse ni une défaite pour le pouvoir. Ce ne serait pas non plus une victoire pour l’opposition. Ce serait une démonstration de volonté de paix et de stabilité. Mais surtout, ce serait une façon de montrer aux Ivoiriens que nous, qui prétendons parler en leur nom, sommes soucieux de leur santé mentale et de leur équilibre. Parce que je sais qu’ils en ont besoin », a précisé Charles Blé Goudé.

Cette rencontre, selon lui, doit être l’occasion de poser toutes les questions politiques qui cristallisent les tensions, même celles qui dérangent.

Évoquant une sous-région ouest-africaine qu’il juge « préoccupante », Blé Goudé a lancé un appel à l’unité : il invite les Ivoiriens à se tenir debout, main dans la main, dans le respect de leurs différends et de leurs différences, pour sauver la Côte d’Ivoire.

Blé Goudé affirme ne pas croire que la Côte d’Ivoire soit un pays maudit, et exprime son espoir qu’une nouvelle génération d’Ivoiriens et d’Ivoiriennes saura se rassembler pour préserver la paix.

« Oui, on me parlera de décisions judiciaires. Mais il est temps que l’autorité qui en a la capacité, et celle qui en a le pouvoir, intervienne politiquement dans le débat ivoirien pour apaiser les tensions et calmer la situation », a-t-il plaidé, considérant que les différentes radiations sont fondées sur des décisions judiciaires à connotation politique.

« Une élection, ce n’est pas la guerre. Je souhaite que cela ne reste pas qu’un simple slogan. La Côte d’Ivoire ne doit pas être un pays à risque électoral, où les populations commencent déjà à préparer leurs bagages pour fuir. Non, nous avons la possibilité de faire autrement. Il ne s’agit pas de conserver le pouvoir à tout prix, ni de le conquérir à n’importe quel prix et par tous les moyens. Il s’agit de nous doter de règles minimales à respecter pour faire vivre notre démocratie, et de permettre aux Ivoiriens, dans le calme, de choisir librement la personne à qui ils veulent confier leur destinée pour les cinq prochaines années. Nous en avons la possibilité, sans nous déchirer, sans nous tuer », a émis de tous ses vœux Blé Goudé avant de conclure : « Oui, en 2025, nous devons faire en sorte de compter les voix, et non les corps sans vie ».

Lambert KOUAME

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