Veritas : Une ère nouvelle s’ouvre au forceps





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Ne nous y trompons surtout pas ! Ce qui se passe depuis quelque temps sur la scène politique ivoirienne et qui s’est traduit par un schisme inattendu et désolant au Front populaire ivoirien (FPI), l’une des trois grandes formations politiques de la Côte d’Ivoire, n’est rien d’autre que le début de l’émergence d’une nouvelle ère politique dans notre pays. Certains analystes et observateurs dont votre serviteur avaient espéré que l’entame de cette ère nouvelle se déroulerait sans animosité ni acrimonie, dans la paix surtout afin que le processus démocratique ivoirien, qui est à la fois balbutiant et malmené depuis 1990, sorte enfin la tête de l’eau. Qu’il permette aux Ivoiriens d’espérer de lendemains qui chantent.

 Malheureusement, cette ère nouvelle s’amorce avec beaucoup de tensions. C’est sous cet angle qu’il faudra apprécier la crise au FPI et ses récentes péripéties dont la plus remarquable a été l’annonce solennelle faite, le lundi 9 août 2021, par l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Un des fondateurs du FPI, il a affirmé haut et fort sa rupture définitive avec cette formation politique emblématique pour créer un nouveau parti politique.

M. Gbagbo a fait cette annonce lors d’une rencontre avec ses partisans au Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville. Il quitte donc le FPI et abandonne le parti aux mains de son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, président légal du FPI.

Ce départ de Gbagbo qu’il n’a visiblement pas opéré de gaieté de cœur s’apparente à un passage de relais d’une génération ancienne à une nouvelle génération dans un climat ici fort tendu.

Les partisans de Gbagbo et adversaires d’Affi au sein du FPI qui avaient fleuré les caprices de la météo ont vite fait d’accuser Affi de vouloir «tourner la page Gbagbo». Contrairement à une action d’Affi N’Guessan dans ce sens, c’est la nature qui a disposé ainsi les astres, diraient les astrologues. Pour qu’arrive le temps d’Affi et que s’évanouisse celui de Gbagbo au FPI.

C’est simplement dommage que le passage de relais se fasse dans la belligérance et non dans la joie d’un congrès ordinaire. Comme ce fut le cas en 2001 quand Laurent Gbagbo, élu président de la République, céda la présidence du FPI à Pascal Affi N’Guessan.

 Le PDCI-RDA et le RHDP, les deux autres grands partis politiques, pourront-ils vaincre le signe indien ? Auront-ils la capacité d’accepter cette nouvelle ère qui s’ouvre et l’aborder la fleur à la bouche ? Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara pourront-ils entendre la voix de la jeune génération qui monte progressivement et sûrement ? Au PDCI-RDA, Jean-Louis Billon cache de moins en moins ses ambitions légitimes. Au RHDP, si Téné Brahima Ouattara, Patrick Achi ou Kandia Camara Kamissoko gardent le silence, il n’en demeure pas moins qu’ils scrutent l’horizon en ayant conscience qu’une ère nouvelle est en train de s’écrire en Côte d’Ivoire. 

Une nouvelle ère politique qui met face-à-face les anciens et la jeune génération. Trente ans après la première rupture survenue en 1990. Une rupture marquée par la mort de l’ordre ancien qu’incarnait le parti unique tenu de main de fer depuis l’indépendance par feu Félix Houphouët-Boigny. En 1990, l’émergence du multipartisme vrai et décomplexé a constitué l’ère nouvelle. Trente années plus tard, 2020 pourrait être l’élan vers l’alternance démocratique et le renouvellement de la classe politique dirigeante. A condition que les anciens, la jeune génération et les Ivoiriens, dans leur ensemble, militants ou non militants, le consentent.

Didier Depry

didierdepri@yahoo.fr

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