Témoignage: comment les exigences d'un enseignant ont gâché la vie de plusieurs élèves





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Contribution

Ceux qui ont fait le Lycée moderne d'Agboville doivent certainement se rappeler ce professeur expatrié de mathématiques dans les années 80 qui distribuait à tour de bras des zéros aux élèves lors de son cours.

Zéro pour absence de taille-crayon, de bic vert, de règle, de rapporteur, de compas etc. On pouvait sortir du cours avec autant de zéros que possible. Nos parents qui n'étaient pas les plus fortunés du monde, ne pouvaient pas nous acheter tous ces outils qu'exigeait ce professeur à chaque élève. Plusieurs parmi nous qu'enseignait ce professeur ont été exclus du lycée moderne d'Agboville. Certains comme moi qui ont eu la chance de ne pas être renvoyés, ont détesté pendant longtemps les mathématiques.

 Récemment, l'ex-Préfet d'Abidjan, M. Vincent To Bi Irié, a témoigné dans un post comment il a repris la seule classe de sa vie, le CM2, pour avoir été exclu à l'approche des examens parce que son père ne pouvait pas payer pendant plus d'un mois qu'a duré son exclusion, les 1500 FCFA pour conserver le tee-shirt de son établissement.  Pour 1500 FCFA, nous aurions pu perdre un haut cadre qui fait aujourd'hui la fierté des Ivoiriens.

 Quand nous arrivons au second cycle au début des années 90, c'était fini les cahiers. Il suffisait de s'acheter un classeur, un paquet de rame qui coutait 2000 FCFA environ, perforer les feuilles et nous avions tout ce qu'il nous fallait pour prendre nos cours. Aucun de nos enseignants ne se plaignait de cette ingénieuse débrouillardise qui permettait à nos parents dans cette Côte d'Ivoire encore relativement riche de pouvoir respirer.

 Quand j'ai commencé à enseigner au secondaire, jamais je n'ai exigé à mes élèves des classes de première et terminale que j'ai eus, d'acheter un quelconque cahier. Il leur revenait de savoir sur quel support prendre leurs cours. À l'université, c'est toujours la même règle que j'applique.

Je regarde les listes des fournitures des élèves de maintenant et je n'ai pas de mots.

 

Dr Amara Salifou

 

 

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