Benjamin Tehe, cadre du parti LIDER , s'est prononcé sur certains sujets qui dominent l'actualité politique en Côte d'Ivoire. Création de l'Union des cadres du grand Nord, limitation d'âge à la présidentielle, passeport de Charles Blé Goudé, tels sont entre autres les sujets abordés par Benjamin Tehe dans cette interview
Question : quel est le regard de votre parti LIDER sur ce projet de création de l’Union des Cadres du Grand Nord ?
Benjamin TEHE : À LIDER, la vision de la gestion des hommes et du pays telle que pratiquée par Ouattara et tous les membres de la secte RDR-RHDP est totalement différente. Ce que le gouvernement issu du 3e mandat illégitime et illégal de Ouattara nous donne de voir est le signe d’un échec du slogan populiste et dictatorial «vivre ensemble ». L’échec de réconcilier les ivoiriens, de les rapprocher, les unir et les fédérer transparaît dans ces nominations sectaires, ces regroupements ethniques et enfin ces réformes fantaisistes à la tête de nos institutions. Tout parti politique qui se voudrait sérieux devrait attacher une grande importance aux notions de Nation et de République pour lesquelles LIDER continue de se battre. Il faudrait y ajouter la notion de Justice, car l’histoire politique récente nous interpelle sur ce point qui vraisemblablement devient nécessaire et crucial pour restaurer les fondements brisés de notre pays. Cela nous éviterait de créer des clivages, des frictions, des séparations qui déboucheraient sur la ségrégation interne comme c'est le cas avec le triste programme politique du RDR " le rattrapage ethnique". Comme Ouattara est un spécialiste dans l’art de la manipulation politique et le père de la victimisation perpétuelle, il tirera profit sans aucun doute de cette situation dont son représentant Kafana KONE est le directeur de campagne parfait. Il faut éviter que le septentrion soit l'otage de Ouattara. La souffrance des Ivoiriens à travers la rébellion venue du Nord et la gestation des poches terroristes devrait prendre fin.
Question : quel est votre regard sur la polémique de la limitation d’âge ?
Benjamin TEHE : voyez-vous, tous ces débats naissent non pas d’une dynamique politique démocratique, mais d’une montée de velléité dictatoriale. Dans un pays sérieux, où les institutions fonctionnent correctement et inspirent confiance à la population, de tels sujets sont tranchés par un référendum. Il n’y a pas mille solutions. Comment comprendre qu’une constitution soit piétinée et violée sans pudeur et aucune gêne par ceux-là même qui devraient la protéger ? Il faut à un moment donné que nous arrêtons ces agissements qui ternissent l’image de la Côte d’Ivoire. L’impopularité de Ouattara et sa mauvaise gouvernance hantent et troublent son avenir raison pour laquelle il veut encore distraire les Ivoiriens avec ce débat qui du reste ne le concerne pas puisqu’il n’est pas éligible en 2025. Cependant, nous pourrons avoir droit à des incantations judiciaires et constitutionnelles avec leurs lots de morts, de blessés, de dégâts, etc. si les tenants des institutions comme la CEI et le Conseil Constitutionnel ne sont pas changés. Il appartient à nous les jeunes de prendre notre place dans ce combat politique pour mériter notre présence et convaincre la population à nous choisir pour une dynamique politique pacifique et rassurante. Le pouvoir démocratique n’est pas un héritage familial, clanique, ethnique ou régionaliste ; il s’arrache dans les urnes et c’est le peuple qui en est le seul juge. Rendons au peuple son pouvoir avec respect pour qu’il nous le concède avec confiance. Enfin, tout ce débat aurait pu être évité si nous avions été dans un régime parlementaire comme le suggère LIDER depuis sa création en 2011. L’Allemagne vient de nous démontrer la beauté de ce choix et surtout ces avantages en matière de réduction des dépenses électorales.
Question : un mot sur le passeport de Blé Goudé ?
Benjamin TEHE : nous avons écouté le porte-parole du gouvernement, mais avons jugé ces arguments assez faibles devant la situation de notre compatriote. En effet, Blé Goudé n’est pas un citoyen ordinaire même si c’est ce que veulent nous faire comprendre les envoyés de Ouattara. Nous n’allons pas rentrer dans la description du personnage que vous connaissez parfaitement et peut-être mieux que moi, et dire que son passeport est traité avec autant de lenteur et de négligence laisse transparaître la peur de Ouattara de le voir rentrer au pays pour des raisons que lui seul sait. Ce n’est donc pas Kandia Camara, ministre des Affaires étrangères et militante très zélée du RDR qui va s’en presser pour faciliter la délivrance du sésame. Quel que soit le temps, ils finiront par donner ce passeport, et ce sera le temps de Dieu. Il est impérieux également de mettre un terme à l'exil du frère Soro Guillaume, car si tous les vieux sont au pays, laissez entrer aussi les jeunes (rire). Il faut sérieusement donner une chance à la cohésion sociale et à la stabilité du pays et ce n’est pas en gardant certains fils considérés comme adversaires politiques hors du pays que cela va arranger les choses. Les jeunes du RDR-RHDP qui désirent briguer le fauteuil présidentiel devraient militer pour cette cause.
Question : un mot sur la création du PPA-CI ?
Benjamin TEHE : la dénomination est certes nouvelle, mais les hommes qui la composent ne le sont pas. Il est donc intéressant de voir comment cette nouvelle entité politique va se comporter sur le terrain. Les Ivoiriens attendent beaucoup de nous les politiques et surtout de ceux qui cristallisent les différentes crises que nous avons connues. Le paysage politique ivoirien va connaître un véritable bouleversement aux prochaines municipales, car ce sera un test grandeur nature des échéances de 2025. C’est aussi une très bonne occasion d’interpeller le dictateur Ouattara et ces satellites à privilégier la démocratie et le multipartisme plutôt que de vouloir inféoder les autres partis politiques à sa secte du RDR-RHDP. Pourquoi s’obstine-t-il à vouloir faire croire que LIDER et certains autres partis de l’opposition sont membres de sa nébuleuse organisation ? Ceux qui y sont devraient se réjouir de ne plus appartenir à notre « petit » parti que non. Ils s’arrachent les yeux à l’idée de nous voir exercer en toute légalité sans qu'une acrobatie juridique vienne démontrer le contraire de notre légitimité. Le soi-disant représentant de LIDER dans leur secte, après avoir toute honte bue vendu son âme au RDR, tente désespérément de remettre le couvert pour avoir encore des subsides du pouvoir pour le travail dont il a été déjà payé par Ouattara depuis 2018. Qu’il sache que ce n’est pas seulement le nom qui fait le parti, il y a aussi les hommes et les Idées. Nous irons partout pour défendre notre parti et aucune manœuvre de dissolution ne saurait nous arrêter ainsi que notre volonté de Changement.
Question : il se raconte que le pays serait « au bord du paradis ». Est-ce votre sentiment ?
Benjamin TEHE :le dictateur d’Abidjan serait-il un homme spirituel au point de croire au paradis ? J’en doute fort. S’il y a des chefs d'État qui ont fait rêver les Ivoiriens dans ce sens, c’est bien le président Houphouët Boigny, le président Bédié à travers son projet de l’éléphant d’Afrique et le président Gbagbo aux premières heures de la refondation. En ce qui concerne Ouattara, seule la traversée d’un désert brûlant et très aride peut produire un tel mirage. On se croirait dans un film de science-fiction. Si cela peut soulager ces craintes de l’après-pouvoir qu’il en profite. En attendant, vivons au bord du paradis avec la crainte d’un coup d’état permanent, la violation de la constitution, la gestion chaotique d’un 3e mandat illégal et illégitime, le harcèlement par les groupes armés dans le nord du pays, la déforestation tous azimuts de nos maigres réserves et l’agrandissement des clivages politiques et sociaux. Notre prière la plus profonde est que le seigneur ait pitié de nous en nous donnant la force de combattre cette dictature jusqu’à la vaincre dans un délai raisonnable et supportable, car nous sommes à bout.
Question : un mot sur la conférence Glasgow ?
Benjamin TEHE : la conférence de Glasgow sur le changement climatique est un rendez-vous qui n'apportera rien au désastre que nous vivons sur la planète. Nous aurons certes les chiffres, les prévisions et les alertes, mais dans le fond, rien ne changera. Le plus triste dans tout ce cirque c’est l’attitude de l’Afrique. Toujours à chercher à tendre la main pour la mise en œuvre de sa propre politique environnementale. Si je comprends bien ; les grandes puissances continuent de développer leurs industries, construire leurs nations et c’est l’Afrique qui doit préserver ses ressources pour ne pas qu’il y ait un profond déséquilibre de notre système écologique ? Et vous croyez à cette aberration de l’apocalypse écologique ? Ouvrons les yeux et cherchons à développer notre continent. Si l’exploitation de nos ressources et de nos forêts devait conduire à la destruction de notre environnement, pourquoi continue-t-il à les exploiter pour leur peuple et nous demandent le contraire ? Nous n’avons aucune industrie ayant une capacité aussi nocive que celle des pays occidentaux alors évitons de nous laisser distraire en ce 3e millénaire par des orientations politiques qui ne nous concerne pas. L'Afrique doit se développer avec ces propres termes de références.
Votre mot de fin ?
Benjamin TEHE : nous demandons à Ouattara et à son clan de travailler à préserver le peu de cohésion qui reste dans cette situation sociale délétère qu’ils ont eux-mêmes contribué à installer. Aussi, lancer un appel à la classe politique de l’opposition pour une véritable union sans laquelle tous seront des marionnettes entre les mains du dictateur manipulateur d’Abidjan. Enfin , féliciter la population ivoirienne qui malgré toutes ces épreuves garde la tête haute dans l’attente d’une délivrance certaine. Nous y travaillons et cela ne saurait tarder. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
GZ avec Sercom