Commerce d’œufs : Comment les vendeuses ambulantes font de gros bénéfices





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Le commerce des Œufs à Abidjan est répandu. Ça n’étonne plus de voir une dame, avec son étale, assise devant sa maison, au marché ou dans un tout autre endroit où elle peut avoir sa clientèle. Mais, de toutes ces commerçantes, se dégage une frange particulière qu’il nous a été donné de remarquer à Abobo, précisément au village CAN installé non-loin du carrefour Angré. Ces dernières, avec des seaux, transparents ou des plateaux, passent de maquis en maquis, de tables en tables, pour proposer leur marchandise, des œufs durs (œufs bouillis). C’est à la limite un véritable harcèlement. Il ne se passe pas plus de 5 minutes sans qu’on en aperçoive. Elles forcent pratiquement la main aux clients. Devant notre agacement par tant d’acharnement de ces commerçantes, un habitué des lieux s’étonne que ce soit la première fois qu’on a affaire à elle. Selon lui, elles sont présentes partout où il y a un lot de maquis, de bars, etc., à tous les endroits chauds de la ville. A l’en croire, elles sont présentes 24 h/24, en tout cas les jours d’ambiance.

Cette information éveille notre curiosité. Comment des dames, des jeunes filles, parfois des mineurs peuvent-elles sacrifier leur sommeil pour la vente d’œufs ? Que gagnent-elles ? Qui mieux que l’une d’elles peut nous répondre ? Au détour de l’achat de cinq œufs, nous engageons la causerie alors qu’elle les nettoie. Un peu réticente au départ, elle finit par nous informer que c’est un commerce qu’elle exerce uniquement le week-end. Rose, c’est comme ça qu’elle se fait appeler, nous informe qu’elle s’occupe de l’entretien dans des bureaux. Quand elle descend le vendredi, elle court prendre ses œufs qu’elle fait bouillir et vient les vendre au terrain d’Aboboté. Combien de plaquettes peut-elle vendre par jour ? Avec beaucoup de réticences, elle finit par nous avouer, après plusieurs taquineries (elle pensait certainement avoir affaire à un dragueur), que ça dépend des jours. "En début de mois, quand le mois n’est trop avancé, je peux vendre 5 plaquettes d’œufs le vendredi nuit et une quinzaine de plaquettes le samedi et le dimanche cumulés", nous renseigne Rose avant de presser le pas pour aller loin de ce client trop curieux.

Un calcul nous vient à l’esprit. Après toutes ces informations, à combien peut s’élever le bénéfice sur une plaquette ? Pour sacrifier autant son sommeil, il faut avoir un bon bénéfice.

Les détails de ce commerce nous viendront de Yvette, commerçante d’œufs à Abobo-Plaque, qui a choisi, pour la période de la CAN, de délocaliser son commerce au terrain de la SOGEFIHA, aménagé pour la circonstance par un opérateur de téléphonie mobile. Notre interlocutrice est plus ouverte. Elle prétend nous connaître. Même si nous n’avons aucun souvenir d’elle, c’est quand-même une belle occasion pour nous.

"Comme je te l’ai dit, je ne vends pas des œufs habituellement ici. Je les vends devant les maquis non-loin du carrefour JOK. Là-bas, en week-end, je peux vendre 5 à 6 plaquettes par jour. Ici, au terrain de la SOGEFIHA, quand les Eléphants jouent, je peux atteindre 7 à 8 plaquettes", fait-elle savoir sur son activité. Yvette va plus loin en nous expliquant qu’elle achète ses plaquettes d’œufs entre 1 800 FCFA et 2 000 FCFA. C’est selon la période. Elle révèle que le bénéfice est en moyenne de 1 000 FCFA par plaquette.

Un calcul rapide et nous nous rendons compte que, si l’on prend une moyenne de 1 000 FCFA, nos chères vendeuses se font un bénéfice de 15 000 F à 20 000 F en trois jours. Sur le mois, le bénéfice passe entre 60 000 F et 80 000 F. En 12 mois, ça fait 720 000 FCFA et 960 000 FCFA. Un bon pactole qui peut permettre d’agrandir l’activité et de réinvestir dans un autre secteur.

Voici donc un commerce que certains pourraient regarder de loin, banaliser à la limite. Et pourtant, Yvette et Rose disent en tirer l’essentiel de leurs revenus. C’est dans ce commerce qu’elles scolarisent leurs enfants et font les dépenses quotidiennes. C’est donc un secteur rentable, un secteur à conquérir.  

Modeste KONÉ

 

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