Damana Pickass, un autre opposant à faire taire





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Face à la montée des critiques du PPA-CI, le pouvoir brandit son arme favorite : l'emprisonnement.     

 

Pendant combien de temps Damana Adia Pickass restera-t-il encore liberté en continuant d'animer des meetings de son parti ? La semaine dernière, le pouvoir a, en effet, clairement montré au secrétaire général du PPA-CI, son intention de le jeter en prison. Vendredi 24 février, lui et un co-accusé, Ikpo Lagui, ont été placés sous contrôle judiciaire après leur inculpation pour leur implication présumée dans l'attaque du camp militaire du deuxième bataillon projetable situé à Anonkoua Kouté dans la commune d'Abobo, survenue dans la nuit du 20 au 21 avril 2021. Selon le communiqué du procureur de la République du Plateau qui donne l'information, les deux inculpés ont été laissés en liberté provisoire. Le contenu du dossier n'en reste pas moins grave. Car, l'attaque en question a fait des morts et des blessés. Le hic, c'est le timing de la convocation de Damana Pickass. Pourquoi l'ex-president de la JFPI cité par des suspects arrêtés depuis 2021 d'après le communiqué du procureur, n'est-il convoqué que maintenant ? Le secrétaire général du PPA-CI, rappelons-le, a regagné la Côte d'Ivoire à la fin avril 2021 après dix ans d'exil au Ghana. Plus d'une année s'est écoulée après l'attaque du camp militaire d'Anonkoua Kouté. Le procureur était donc censé connaître depuis lors les accusations portées contre lui. Pourquoi a-t-il choisi de le convoquer que maintenant ? Le contexte de cette convocation est connu de tous. Elle intervient à une période où le PPA-CI est lancé dans une vaste opération d'occupation du terrain politique. Le parti de Laurent Gbagbo multiplie les meetings partout dans le pays, avec des orateurs très critiques à l'endroit du régime d'Alassane Ouattara. Et l'un des plus virulents et des plus acclamés n'est autre que le secrétaire général Damana Adia Pickass.  Pendant ses prises de parole, il dénonce le train de vie élèvé de l'Etat alors que les populations souffrent de la cherté de la vie. Il dénonce aussi l'absence de volonté réelle chez les dirigeants d'aller à la réconciliation. Il ose même défendre Guillaume Soro l'ennemi juré d'Alassane Ouattara. Il fustige l'exil forcé du président de GPS contraire à la Constitution ivoirienne et réclame son retour dans son pays. Damana Pickass a aussi critiqué le verdict rendu récemment dans le jugement en appel des proches de l'ex-PAN. Dans ce procès où plusieurs personnes ont été arrêtées le même jour pour les mêmes faits, certains ont été acquittés pour avoir quitté GPS au profit du Rhdp, et d'autres condamnés parce que restés fidèles à Guillaume Soro. Si ces sorties de Damana Pickass sont royalement ignorées par les médias publics, elles sont largement relayées par des journaux privés et sur les réseaux sociaux. Manifestement, ces sorties dérangent le pouvoir. Et, au lieu d'y apporter la contradiction comme cela se ferait dans tout bon débat démocratique, l'on semble avoir choisi de le faire taire. Et cela, par une voie désormais connue des Ivoiriens, celle de l'instrumentalisation de la justice. Une justice qui s'est tue sur ce dossier pendant plus d'un an, avant de s'en souvenir subitement ces récents jours. Mais, la coïncidence entre l'inculpation de Damana Pickass et les meetings qu'il anime n'échappe pas à l'opinion. Même les partisans honnêtes du pouvoir reconnaîtront le lien entre les deux événements. Toute chose qui jette tout discrédit sur la procédure en cours. En outre, cette coïncidence fait de ce procès, un procès politique. Un règlement de compte politique par voie judiciaire comme l'ont été bien d'autres poursuites comme celles à l'encontre de Pulchérie Gbalet, Guillaume Soro et ses proches...  Ainsi, après avoir échappé à la prison vendredi dernier, la liberté provisoire accordée à Damana Pickass représente un avertissement pour lui. Désormais sous contrôle judiciaire, il est sous la menace de se retrouver en prison à tout moment s'il ne se tait pas.  Hélas, l'appareil judiciaire censé contribuer à la paix, demeure dans un rôle contraire en Côte d'Ivoire.           

                                     

Cissé Sindou

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