Gbagbo : en attendant sa réintégration





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Le dossier de la réintégration de Laurent Gbagbo à la liste électorale n’a pas encore connu son épilogue. Le président du PPA-CI montre encore sa grande maturité politique.

Il était prévisible que la CEI ne trouve pas de solution juridique à ce contentieux qui est hautement politique. Donc, la solution sera forcément politique. Ayant entamé la démarche auprès du gouvernement pour obtenir cette solution politique, il aurait été maladroit pour Gbagbo et son parti de hausser le ton tout de suite après la non prise en compte prévisible du recours déposé auprès de la CEI. En prenant simplement « acte » de ce rejet, Laurent Gbagbo donne une chance d’aboutissement à la négociation autour de la question. Surtout qu’à sa voix se sont ajoutées celles de bien de dirigeants de la sous-région et au-delà, comme le Président congolais Dénis Sassou-Nguesso. Lors de sa récente visite en Côte d’Ivoire, celui-ci a abordé le sujet à huis clos avec Alassane Ouattara.

En outre, en prenant simplement « acte », Gbagbo évite également de tomber dans le piège d’une possible aggravation de son sort par l’initiative de manifestations de rue. Lui et son parti pourraient être alors accusés de troubles à l’ordre public et cela pourrait servir de nouveau prétexte au pouvoir pour justifier l’exclusion de l’ancien chef d’Etat.

Aussi, par cette réaction, ils dribblent les adversaires du PPA-CI qui espéraient, sans doute, que le maintien de la radiation du président de ce parti le conduirait à boycotter les prochaines élections locales. Convaincus qu’ils ont des chances de remporter ces élections dans d’importantes circonscriptions comme celle de Yopougon, Gbagbo et le PPA-CI ont préféré jouer la carte de la patience. Ainsi préservent-ils la mobilisation de leurs électeurs pour ce scrutin prévu dans seulement deux mois, sans compromettre leurs victoires à cause du seul cas Gbagbo. Surtout que celui-ci n’est pas candidat.

Ce choix stratégique ressemble fort à celui opéré par le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) lorsqu’à son retour au pays en 2021, il a constaté qu’Affi N’Guessan avait décidé d’accaparer ce parti avec le soutien institutionnel du pouvoir Rhdp son nouveau partenaire.

Gbagbo a réussi à déjouer ce plan en créant le PPA-CI devenu en moins de deux ans un parti très redouté par le régime Ouattara.   

Par ailleurs, le règlement du cas Gbagbo n’a pas été automatique en raison de cas similaires dont celui de Guillaume Soro. Car, après avoir permis aux deux anciens pensionnaires de la prison de La Haye (Gbagbo et Blé Goudé) de rentrer en Côte d’Ivoire sans les mettre aux arrêts malgré les peines de prison qui les attendaient, le pouvoir peut être enclin à leur faire d’autres faveurs comme le rétablissement de leurs civiques. Cependant, cela semble loin d’être le cas au profit de Guillaume Soro. Gbagbo n’a-t-il pas révélé que Ouattara ne voulait même pas entendre le nom de l’ex-PAN lors de leur tête-à-tête ? Toutefois, comment réintégrer Gbagbo et Blé Goudé à la liste électorale et laisser Guillaume Soro ? L’iniquité sera trop flagrante aux yeux de l’opinion en général, et en particulier aux yeux des militants et sympathisants du Rhdp de plus en plus nombreux à ne pas admettre l’intransigeance de Ouattara vis-à-vis de l’ancien SG des Forces Nouvelles. D’ailleurs, nous apprenons que le différend Ouattara-Soro a été également évoqué par Sassou-NGuesso pendant son séjour en terre ivoirienne. Gageons que pour effectivement œuvrer pour « une Côte d’Ivoire pacifiée » à léguer à la jeune génération, le Chef du Rhdp finisse par lâcher prise.  

 Cissé Sindou  

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