Plaidoyer pour le nettoyage régulier des caniveaux





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Comme c’est triste de voir nos communes, toutes nos communes, sous les eaux pendant la saison pluvieuse ! Ceux qui les dirigent ne se gênent même pas, tous les ans, de chausser des bottes et de marcher dans l’eau, sourire aux lèvres, face aux caméras, disant faire l’état des lieux. Tous les ans. A la même période. Dans le même mois.

Que font-ils, ces dirigeants, pour juguler cette crise de la marche dans l’eau ? Apparemment rien. Puisque tous les ans, les risques de voir les eaux remonter à la surface augmentent dangereusement. Parce que tous les ans, les constructions anarchiques sont autorisées ou tolérées, les passages d’eau sont bouchés, les domaines réservés à la collectivité publique passent sous l’emprise des privés sans justification légale.

Conséquence, les emprises n’étant pas dégagées, les passages des eaux étant complètement fermés, quand arrive la saison des pluies, l’eau qui parvient toujours à se frayer un passage, soit force son chemin, soit passe là où elle ne devrait pas passer. Du coup, on la retrouve en abondance dans des concessions et même dans des bureaux administratifs. On la voit aussi emporter des maisons avec leurs habitants, des buildings et même des plantations d’alentour.

Pourtant, tous les ans, les maires font un budget qu’ils font adopter et qui comprend l’essentiel de leurs besoins en matière de développement de leurs communes. Pourquoi, devant l’instabilité chronique que provoquent tous les ans les inondations, les responsables des communes ne font pas de ce problème une priorité absolue dans leurs différents budgets ?

Si cela n’est pas possible individuellement, pourquoi ne posent-ils pas le problème au sein de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire, Uvicoci, leur union ? Si une résolution sort d’une réunion de cette union, elle a de très fortes chances de s’imposer aux autorités. Parce que les arguments pour son accomplissement ne manquent guère.

Régler la question des inondations prioritairement va faire baisser la pression sur les maires, leurs administrés mais aussi sur l’Etat lui-même. En outre, si cette politique est bien réfléchie et bien menée, elle donnera du travail aux jeunes qui n’en demandent pas moins. Logiquement, tous les jours, munie du plan directeur de la ville, une équipe de jeunes sélectionnés devrait s’occuper de la surveillance et du dégagement des emprises. Et tous les mois, une autre devrait travailler au débouchage des caniveaux et au curage des grands canaux.

Un tel planning peut s’insérer efficacement dans un plan triennal ou quinquennal. Et déjà, au bout d’une saison, l’on devrait avoir diminué les effets néfastes des grandes saisons des pluies pour qu’au bout du processus, l’on ne se préoccupe que de la gestion du réchauffement climatique et ses conséquences.

Adolescent, nous voyions passer des camions-benne remplis d’hommes, machettes en main, qui dégageaient les voies qu’envahissaient de hautes herbes. Ce qui permettaient aux chauffeurs de véhicules de voir dans le lointain et aux piétons de marcher sur la partie de la voie qui leur est réservée.

Nous admirions aussi, dans les communes, ces messieurs parfois en tenue bleu prisonnier, vider les caniveaux de la boue et autres déchets qui ne devraient pas y être. Ceux-ci étaient aussitôt ramassés par des bennes qui allaient les déverser quelque part. Tout cela s’est arrêté, semble-t-il, avec les Plans d’ajustement structurel (PAS) que les institutions de Breton Woods ont imposés aux pays dits sous-développés.

Au moment où le monde se redessine sous nos yeux, au moment où les monopoles se cassent, au moment où la diplomatie de redimensionne, au moment où le monde se multipolarise, il est venu peut-être le temps d’arrêter de vivre sous la botte d’une puissance ou d’une institution pour faire place nette à la promotion d’autres valeurs. Nos valeurs.

Abdoulaye Villard Sanogo

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