Défense des intérêts des chauffeurs VTC : « Des pourparlers sont très avancés avec la Chambre des métiers » (Jules N’Takpé Boka, SG)





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Le secrétaire général du Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire (SYNACVTCCI), Jules N’Takpé Boka, dans cet entretien, lève un coin de voile sur les rapports de son organisation syndicale avec la Chambre nationale des métiers de Côte d’Ivoire. Il répond également aux accusations portées contre sa corporation par les taxi Nouvelle génération.

La Mutuelle générale des chauffeurs de taxis compteurs Nouvelle génération a récemment animé une conférence de presse au cours de laquelle elle a accusé les chauffeurs de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) de livrer une concurrence déloyale à ses membres. Que répondez-vous ?

Le VTC, véhicule de transport avec chauffeur, est aussi appelé véhicule de réservation avec chauffeur. Cela sous-entend que le client, avant d’avoir accès à un de nos véhicules, doit forcément passer une commande et cette commande doit être forcément reliée à une application comme Yango, Uber ou Heetch, etc. Mais s’il est possible qu’on trouve toujours des brebis galeuses dans une corporation, ça ne peut être des membres de notre syndicat, je veux dire le Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire parce que la plupart de nos adhérents savent tous que prendre un client en dehors de la commande et en dehors de l’application, est un délit. Le chauffeur VTC qui prend un client qui n’en a pas fait la commande à partir d’une application de mise en relation via son Smartphone, tombe sous le coup de la loi.

Est-ce à dire que vous vous reconnaissez dans ces accusations ?

Je dis non ! Les VTC ne fonctionnent pas comme les taxis communaux qu’on peut prendre à tout bout de champ. Il n’y a aucune gare pour les VTC ni à Abidjan ni ailleurs à l’intérieur du pays. Alors, comment pouvons-nous voler les clients des taxis compteurs ? Il faut qu’on arrête de nous diaboliser parce que les VTC n’empiètent pas sur le domaine des taxis compteurs. Les parkings sont bien partagés. Nos clients passent leur commande à partir de leur Smartphone. Ce qui n’est pas le cas des taxis compteurs. Eux, leurs clients les arrêtent au bord de la route comme bon leur semble. Nous n’avons donc pas à nous marcher là-dessus parce que les deux types de transport peuvent cohabiter, ici, à Abidjan et chacun peut vivre de ses activités sans demander à l’État de contraindre l’autre à quitter le marché. Chacun a sa clientèle.

Que faites-vous pour rendre plus professionnels vos membres et surtout préserver leurs intérêts ?

Depuis quelque temps, nous avons entrepris des démarches aux fins de faire enregistrer nos adhérents au registre des métiers de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire. Il me plaît, ici, de rappeler que la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire est une chambre consulaire créée par décret n° 93-01 du 7 janvier 1993 par l’État de Côte d’Ivoire. Elle représente les intérêts des opérateurs économiques du secteur de l’artisanat et des entreprises des métiers auprès des pouvoirs publics.

En quoi donc la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire peut-elle intéresser les membres du Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire ?

Les chauffeurs VTC sont des artisans. C'est l’article premier du Règlement n° 01-2014 CM/UEMOA portant Code communautaire de l’artisanat qui nous définit ainsi. Selon cette disposition réglementaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, les petites activités de transport opérées par un engin de 2 à 4 roues, par pirogue, à dos ou à traction animale ou humaine sont considérées comme des activités artisanales. Nous exerçons de petites activités de transport par des véhicules à 4 roues, donc nous sommes des artisans. D’où notre intérêt pour la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire.

Qu’attendez-vous alors de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire ?

Nous attendons de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire qu’elle nous accompagne pour atteindre tous nos objectifs parce que de par ses missions, elle peut contribuer à l’organisation de l’encadrement et la modernisation du secteur des VTC qui est le nôtre. Avec l’assistance des structures de formation technique et professionnelle, elle peut aussi participer à la formation des chauffeurs VTC pour une meilleure adéquation de l’emploi aux besoins de l’économie.  

Le Syndicat national des chauffeurs VTC de Côte d’Ivoire a-t-il signé une convention de partenariat avec la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire ?

Les pourparlers sont très avancés avec les dirigeants de la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire pour la signature d'une convention de partenariat. Vous le verrez très bientôt dans nos différentes campagnes de sensibilisation à l’attention de nos membres. Je profite de l’occasion pour dire que le SYNACVTCCI revendique actuellement plus de 60.000 adhérents dont nous allons accompagner l’enrôlement au niveau de cette institution afin qu’ils soient pris en charge pour leur formation professionnelle continue et autres. Notre parc automobile pour la seule ville d’Abidjan tourne autour de 32.000 véhicules pour une clientèle journalière d’environ 1 million de personnes. Dans un tel contexte, la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire reste, pour le syndicat, le partenaire par excellence pour la professionnalisation du secteur VTC.

Jusqu’à quel niveau pensez-vous que la Chambre peut vous accompagner ?

La Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire va nous permettre d’immatriculer tous nos adhérents au registre des métiers de la Chambre nationale afin qu’ils bénéficient des avantages fiscaux édictés pour les artisans. Mais ce n’est pas tout, elle va aussi défendre les intérêts généraux de nos membres auprès des administrations et devant les juridictions. Elle va également aider nos membres à développer leurs activités et à faire face aux différents défis auxquels ils seront confrontés. La Chambre va surtout permettre aux chauffeurs VTC d’améliorer leurs compétences afin de faire face à l’évolution du marché, etc.

Qui payera l’immatriculation des chauffeurs VTC à la Chambre nationale de métiers de Côte d’Ivoire ?

La Loi n° 2014-338 du 05 juin 2014 relative à l’artisanat et le Règlement n° 01/2014/CM/UEMOA portant Code communautaire de l'artisanat de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, fait obligation à tout artisan et à toute entreprise artisanale de s’immatriculer au registre des métiers ou au répertoire des entreprises artisanales selon leur forme juridique avant tout exercice légal de l’activité artisanale. Donc vous comprenez bien qu’il appartient à l’artisan lui-même de se faire immatriculer.

Le Comité de veille sur les activités de l’agro-business a récemment mis fin aux activités de 12 compagnies de transport. Est-ce que cela n’a pas affecté les activités du syndicat ?

Si, cette décision a forcément eu un impact sur l’activité du VTC en ce sens que plusieurs de nos membres travaillaient également pour ces compagnies qui ont été obligées de mettre la clé sous le paillasson. Dès cet instant, le syndicat en a été affecté.

Savez-vous ce qui est reproché à ces compagnies de transport ?

Selon ce que nous avons appris dans la presse, il s’agit d’entreprises de vente de taxis compteurs à crédit. Celles-ci auraient été sanctionnées par rapport aux prestations qu’elles ont mises en place et qui ne seraient pas conformes aux dispositions réglementaires en vigueur en Côte d’Ivoire. Ces compagnies pratiqueraient, selon l’autorité, une offre de placement financier à moyen terme aux fins d’investissement à leur propre bénéfice. Il s’agirait d’un modèle de financement assimilable à un appel public d’épargne selon les dispositions règlementaire de l’UEMOA. Le Comité de veille, qui est dirigé par le directeur général des Impôts, a alors conclu qu’il y a un risque de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme sur l’épargne des populations. Mais comme je le disais plus haut, cette décision est une menace pour de nombreux jeunes et moins jeunes, les chauffeurs VTC y compris, en quête d’emplois.

Modeste KONÉ

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