L’indéfendable cherté de la vie





lindefendable-cherte-de-la-vie


S’il y a un sujet qui ne devait jamais diviser les Ivoiriens, c’est bien la cherté de la vie. « La croissance économique est une réalité non occultable. Malheureusement, celle-ci n’est pas inclusive et laisse 43,5% de pauvres… », révèle Dr Christophe Kouamé président de Civis Côte d’Ivoire dans une interview parue le 9 août dans Nord-Sud Infos. De même, nous avons régulièrement énuméré dans ces colonnes des flambées des prix du riz, de l’huile, de la viande, du poisson, du lait, etc.

Ce sont autant d’informations qui montrent que malgré la croissance économique et d’importants investissements dans le domaine des infrastructures, beaucoup reste à faire pour améliorer le quotidien de millions d’Ivoiriens qui demeurent dans la pauvreté et qui doivent faire face à un quotidien de plus en plus cher. Cependant, des Ivoiriens bien que touchés par ces réalités s’opposent à ce qu’elles soient évoquées publiquement. Ainsi, des partisans d’Alassane Ouattara ont récemment rué dans les brancards et traité de tous les noms l’influenceur Juste Crépin Gondo.

Ils lui reprochent une sortie publique au cours de laquelle il a estimé que les autorités ne devraient pas se limiter à construire des infrastructures, mais qu’elles doivent aussi œuvrer à réduire le coût élevé de la vie. Il a cité entre autres les coûts élevés du logement, des transports, des denrées de grande consommation qui éprouvent sérieusement le portefeuille des chefs de famille et réduisent la qualité de vie des populations. Il n’en fallait pas plus pour que ces fanatiques le traitent de non-patriote.

Certains ont même poussé leur colère jusqu’au-delà des limites de leur la liberté d’expression. Ils ont relayé sur les réseaux sociaux d’anciennes photos de Crépin Gondo accompagnées de commentaires injurieux. Pourtant, il n’a fait que décrire une réalité qui n’épargne personne, y compris ceux qui, par démagogie politique, ne veulent pas qu’on en parle. Car, dans la période même de l’inauguration du 5e pont d’Abidjan, évènement à l’origine de la sortie de Crépin, il y a eu une augmentation des prix gaz butane à certains lieux de vente. La bouteille de 6kg qui coûte officiellement 2000F est vendue à 2500 F, celle de 12 kg est vendue à 6000 F au lieu de 5200F. Les équipes déployées sur le terrain par le ministère du Commerce accompagnées de reporters de chaines de télévision, ont constaté la vérité. Certains commerçants mis en cause devant les caméras, ont à leur tour accusé leurs fournisseurs de ne pas respecter les prix de gros.

La situation est si complexe que les envoyés du ministère du Commerce ont décidé de pousser plus loin leurs investigations. Ce seul exemple montre que l’inflation dénoncée par M. Gondo n’est pas une invention. En principe, ce sujet doit échapper à toute considération politique. Reconnaître que la vie coûte chère et inciter les autorités à agir pour réduire certains prix ne devrait pas être perçu comme une action de contestation du pouvoir. C’est un devoir citoyen auquel tous les consommateurs devraient adhérer pour le bien commun de la population.

En d’autres termes, être un farouche partisan du pouvoir ne signifie guère qu’il faille nier la difficile réalité que nous-mêmes vivons. Dénoncer la cherté de la vie ne signifie pas non plus qu’on conclut que les autorités ne « travaillent pas ». Il s’agit simplement de les amener à faire plus d’effort pour réduire les difficultés quotidiennes des populations. Cela relève de leurs responsabilités et de leur devoir régalien.

Cissé Sindou

En lecture en ce moment

Alerte à l’anarque : Les cyberescrocs qui ont piraté le mail du gérant de la SEPCI ont changé de méthode

En colère, des partisans de Laurent Gbagbo débarquent à la Cei : la raison