Macky Sall, Idriss Diallo, Emerse Faé : heurs et malheurs





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Mais qu’arrive-t-il à Macky Sall pour que tout ce qu’il touche se transforme en malheur pour le peuple sénégalais ? Sentant son départ prochain de la tête de l’Etat sénégalais, il a fait venir ses administrés et leur a parlé, sans témoin, de la mise en œuvre d’un rêve fou qui devrait briser le rêve du peuple tout entier : rapporter le décret qui convoque le corps électoral le 25 février 2024 pour élire le nouveau président de la République.

Au lendemain de cette annonce brutale, comme il fallait s’y attendre, des manifestations de rue. Et, comme l’on s’y attendait aussi, une féroce répression. Résultat ? Trois morts. Trois jeunes hommes arrachés sauvagement à la vie dans la fleur de l’âge. Depuis, le Sénégal, vu ici comme là-bas comme le pays le plus stable depuis les indépendances en Afrique de l’Ouest, vit des moments de grande incertitude. Dans les rues comme dans les bureaux, le maître-mot n’est autre que le départ immédiat du président sortant.

Le peuple (c’est le cas de le dire) sénégalais ne veut plus le voir comme son dirigeant. Il a fait preuve d’incompétence en prenant des décisions impopulaires qui, chaque fois, ont causé la mort de plusieurs de ses compatriotes. Son arrogance et son entêtement dans la conservation coûte que coûte du fauteuil présidentiel ont fini par le discréditer vis-à-vis de son peuple qui l’avait pourtant dans son cœur.

Il n’y a pas qu’au Sénégal et en politique que ce désamour populaire se vit. En Côte d’Ivoire et en sport, plus particulièrement en football, les Eléphants viennent de remporter la coupe d’Afrique des nations. Au lieu de célébrer les joueurs, l’encadrement technique et la fédération de football qui les a encadrés pour l’atteinte de l’objectif, que non ! Le peuple (c’est le cas de le dire aussi) a fait, le plus facilement du monde, un choix : celui de ne jubiler qu’avec les joueurs et le staff technique. Pourquoi ?

Il n’est pas du tout content du président de la fédé, Idriss Yacine Diallo. On lui reproche la commission de plusieurs impairs dont le recrutement du coach de l’équipe A, son arrogance, son entêtement etc. C’est que de tous les infortunés du monde, Diallo est certainement le plus malheureux. On le dit bosseur, fonceur, connaisseur des méandres du football ivoirien mais sa communication est si désastreuse qu’il n’a jamais su mettre les adjectifs qualificatifs là où il faut et a plutôt placé les adverbes là où il ne faut pas. Un véritable mélange de serviettes et de torchons !

La preuve ? Malgré les réserves argumentées des connaisseurs du foot, avec arrogance inouïe et méchanceté, il a imposé le coach français Jean-Louis Gasset. Il lui faisait entièrement confiance. Puis patatras ! Le Français quitte avec fracas la barque après une déculottée. La nature venait de donner tort à Diallo. Dans la panique, il choisit l’adjoint ivoirien de Gasset pour assurer l’intérim. Dans le même temps, parce que n’ayant pas confiance au jeune ivoirien, il prend les attaches d’un autre technicien français. Le deal fait pschitt.

Contre mauvaise fortune il fait bon cœur et se rabat sur Emerse Faé. Si l’on peut comprendre ses valses hésitations du fait de la jeunesse et de l’inexpérience du coach adjoint ivoirien bien que ce dernier soit bardé de diplômes, c’est plus le process par lequel il a voulu régler cette crise qui lui a mis à dos le peuple du foot. Et voilà que le coach ivoirien et son staff font des miracles. Et voilà qu’ils arrachent, comme de vrais guerriers, le trophée continental. Deuxième défaite de Diallo. Le peuple est très heureux doublement : d’avoir remporté le trophée avec un Ivoirien que rejetait le président de la fédé et d’avoir eu raison sur toute la ligne sur Diallo.

Comme de juste, le peuple célèbre à sa façon, cette double victoire avec parfois des excès. Là où les sages s’attendaient à ce que Diallo fasse profil bas pour ainsi faire la paix avec le peuple du foot, le fonceur tête baissée qu’il est va choisir plutôt de faire un affront à la nation aussi bien dans les paroles, les actes que dans les simples gestes. Bien mal lui en a pris ! Le fossé entre les deux entités s’élargit de jour en jour au point où, comme au Sénégal, le départ du président de la FIF est réclamé à cor et à cri.

Et, si rien n’est fait pour un apaisement total entre Idriss Diallo et les footeux, cette empoignade verbale pourrait provoquer un déséquilibre sur le terrain de la gestion des Eléphants. Or, les échéances à venir sont très importantes pour le pays qui, après le sacre continental, veut voir plus loin. Car, comment vont se sentir les athlètes, le coach et son staff, pris désormais entre deux feux ? D’un côté, ils sont adulés par tout une nation et de l’autre, une institution chargée de l’administration de l’équipe, que cette même nation veut voir dégagée.

De notre point de vue, les uns et les autres devraient, non pas mettre de l’eau dans leur vin, mais plutôt arrêter tout simplement de boire du vin. Diallo en premier lieu. Pour y arriver avec aisance, il lui suffirait de lire les signes du temps. Et c’est Emerse Faé qui nous donne le signe le plus distinctif. Comme tous les hommes bien lunés, lorsqu’il a été contraint d’arrêter sa carrière de footballeur pour embrasser celle d’entraîneur, il s’est dit : « Il faut qu’à mes quarante ans, je sois entraîneur principal ». Présage favorable. Le jour même de ses 40 ans, le 24 janvier 2024, il est nommé, à la surprise générale, entraîneur principal, sélectionneur de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. « Ya Dieu dedans ! », dit-on ici en Côte d’Ivoire.

Moi, à la place du président de la fédé, je mettrais balle à terre, je parlerais aux Ivoiriens, dans une adresse solennelle, la main sur le cœur, pour leur faire mes excuses pour tout ce qu’ils me reprochent. Et je m’engagerais à être à leur disposition, assuré que je suis un humain qui travaille, qui est dans l’action donc susceptible de faire des erreurs. Car, à la vérité, le patron du président de la FIF n’est ni Infantino, ni Motsepe, ni Ouattara ni même le comité exécutif. Le vrai patron d’Idriss Diallo, c’est le peuple du foot.

Si ce peuple est respecté, mis à la place qui est la sienne dans un esprit libéré, il n’y a pas de raison que sous la houlette d’un coach né sous une bonne étoile, d’autres lauriers de la victoire ne se dressent pas sur le chemin des Eléphants. Et ce sera tout à l’honneur du président de la FIF réhabilité dans la plus grande humilité.

Abdoulaye Villard Sanogo

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