Tricycles ''saloni'' : un moyen de transport controversé en pleine expansion à Abidjan





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Tricycle "saloni" le nouveau visage du transport à Abidjan, mais à quel prix ?



Tricycle peint en jaune, une bâche noire visible au-dessus, des sièges de 4 places disposés à l’intérieur. Ce sont les "Saloni", ces engins à trois roues qui font le transport à l'intérieur des quartiers. Ils sont d'une grande aide pour une partie de la population même s'ils sont vus d'un mauvais oeil par une autre. Pour comprendre ces divergences au sein de la population, l’équipe de pressecotedivoire.ci s'est rendue sur le terrain afin de recueillir des avis.

Mercredi 16 octobre 2024, dès 9 h, nous nous rendons dans la commune de Cocody, précisément au carrefour du marché d'Anono. Nous approchons l’un des chauffeurs qui nous explique son quotidien et nous donne le coût du transport. Issa, âgé de 18 ans, vêtu d’une culotte kaki et d’un tee-shirt noir, les cheveux courts, affiche un sourire et nous accoste : « Vieille mère, tu vas où ? Viens, je vais te conduire, tu seras à l’aise dans ma voiture. J’ai toutes les commodités », assure-t-il.

À bord de son véhicule, nous nous rendons à Fin-Goudron, à quelques mètres de la paroisse St François Xavier du village d'Anono. Le tarif pour s'y rendre varie entre 100 F et 300 F selon le trajet. « Quand on va à Fin-Goudron, c’est 100 F, parfois 200 F quand l’endroit est un peu plus éloigné. Les dames avec des bagages après le marché sont nos clientes favorites. Si elles ont beaucoup de bagages, on augmente un peu. Pour nous prendre en course, le coût varie entre 500 et 1000 F selon la destination », explique Issa.

Aïcha, vendeuse de légumes au marché d’Anono, est une habituée de ce moyen de transport. « Le taxi Saloni, comme on l’appelle, nous aide beaucoup. Moi qui habite loin du marché, pour venir vendre, je contacte un des chauffeurs, il prend mes articles et me les ramène. Ça me facilite la tâche, car les taxis-compteurs sont chers et refusent souvent de rentrer dans le quartier. Je trouve ça bien qu’ils soient installés ici », nous confie-t-elle.

L’avènement de ce tricycle ne fait cependant pas l’unanimité. D’autres personnes, comme M. Yao, interdisent formellement à leurs enfants et connaissances d’y monter. « Ce n’est vraiment pas un bon moyen de transport. Quand je vois leur manière de conduire, je les évite. Ce sont des enfants, ils sont très jeunes et fougueux, ils ne maîtrisent pas le code de la route. La voie n’est pas toujours praticable, ils peuvent provoquer des accidents mortels. Ça aide certaines personnes, mais moi, je ne le conseille pas. J’ai interdit à mes proches de les emprunter », tranche-t-il calmement.

Nous nous rendons ensuite à Yopougon dans un quartier appelé Béago. Une fois sur place, nous voyons ces engins de transport en train de prendre des clients. Nous décidons d'embarquer dans un des Saloni. « Les Saloni m’aident beaucoup. L’accès au quartier est difficile, mais eux, ils acceptent de rentrer. Ils nous prennent 200 F pour le transport, j’ai peur quand je les emprunte, mais je confie tout à Dieu », nous dit une riveraine à bord du véhicule.

Éric, âgé de 20 ans, chauffeur, peine à trouver des clients et se confie à nous : « C’est difficile en ce moment, il y a des gens qui ont peur de monter à bord du véhicule parce qu’ils estiment qu’on ne roule pas correctement. Beaucoup hésitent, ce qui rend notre travail difficile, et on ne trouve pas assez de clients », déclare-t-il.

Ce manque de confiance de la population face à ces engins se perçoit également à Port-Bouet, au quartier N’zibabwé, où ces taxis sont présents. Bien que l'existence de ces engins à trois roues comme moyen de transport ne fasse pas l’unanimité, ils sont de plus en plus visibles dans plusieurs communes d’Abidjan.

SF

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