Pollution : La Côte d’Ivoire face aux défis des déchets plastiques





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La lutte contre la pollution plastique est un véritable défi pour la Côte d'Ivoire



Depuis 2018, les citoyens du monde unissent leurs forces pour ramasser le maximum de déchets oubliés dans la nature à travers la « Clean Up Day » ou Journée mondiale de nettoyage de la planète célébrée tous les 20 septembre. Parmi ceux-ci, les déchets plastiques très peu recyclés qui se retrouvent partout.  Ils sont nocifs pour la biodiversité, pour le climat et pour la santé.

A la faveur de « Clean up day 2024 », quelles méthodes mettre en œuvre pour réduire l’empreinte plastique de la Côte d’Ivoire, car les chiffres sont effarants ?

Selon les statistiques émanant du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, la Côte d'Ivoire produit chaque année entre 40 000 et 100 000 tonnes de déchets plastiques. 5 % à 20 % sont recyclés tandis que le reste est jeté dans les rues ou brûlé à l'air libre.

Comment en est-on arrivé à cette situation extrême ?

Tout a commencé à partir des années 1990, quand le plastique a remplacé toutes les autres matières telles que le métal, les bouteilles, etc.  Ainsi, les cintres en métal sont transformés en plastique, les pots de fleurs en terre cuite sont désormais en plastique. L’emballage est le premier secteur producteur, devant le bâtiment et la production textile, avec ses matières en polyester.

La production massive de plastique a de grands impacts sur le climat, sur la santé et sur la pollution. Pour fabriquer du plastique, les producteurs ont recours à 99 % du pétrole, du gaz et du charbon qui sont des énergies fossiles (produite à partir d’un composé chimique riche en carbone non-renouvelables et émetteurs de gaz à effet de serre). Ils y ajoutent des additifs pour donner à la matière des propriétés spécifiques, analyse le patron de la structure « Objectif zéro plastique », Jules Vagner.

Le Centre international de droit environnemental nous révèle que la part de la production de plastique dans le budget carbone sera de 10 à 15 % en 2050. Les miniers  sentent que le pétrole et le gaz seront moins demandés, ils misent donc sur le plastique pour continuer à vendre du pétrole.

La pollution par les déchets plastiques est devenue une crise environnementale majeure en Côte d’Ivoire et dans le monde. Les sacs, bouteilles et emballages en plastique à usage unique envahissent les rues, obstruent les canalisations et polluent les rivières, les lacs et les océans. Pourtant, chaque jour, de simples gestes pourraient aider à limiter cette catastrophe écologique. Dans un contexte de lutte contre le changement climatique, il est urgent d’adopter de nouvelles habitudes pour protéger notre environnement et notre santé.

L'impact dévastateur des plastiques à usage unique

En Côte d'Ivoire, les déchets plastiques représentent une grande partie des ordures produites dans les zones urbaines. Les plastiques non biodégradables mettent des centaines d'années à se décomposer. Au cours de leur décomposition, ils libèrent des microplastiques et des substances chimiques qui contaminent les sols et les eaux.  Perturbant ainsi les écosystèmes et menaçant la biodiversité. De plus, la production de plastiques émet des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique.

Dans les villes, le mauvais usage des plastiques à usage unique entraîne des conséquences directes sur l'infrastructure urbaine. Les sacs plastiques bouchent les systèmes d’évacuation des eaux usées, augmentant le risque d'inondations pendant la saison des pluies, avec des répercussions sur la santé publique et l’hygiène.

Des initiatives locales qui font la différence

Heureusement, plusieurs initiatives ivoiriennes montrent la voie vers une Côte d’Ivoire sans plastiques. Certaines entreprises locales ont commencé à remplacer les emballages plastiques par des alternatives plus écologiques, comme les emballages en papier, en carton ou en matériaux biodégradables. Ce sont entre autres les pharmacies, les boulangeries, les grandes surfaces commerciales, etc., où l’utilisation de sacs en papier kraft (élément naturel issu du bois) et de sacs réutilisables a été promue.

De plus, des organisations environnementales et des communautés locales mènent des campagnes de sensibilisation pour encourager le recyclage et le tri sélectif des déchets.

Au niveau du gouvernement ivoirien, des mesures ont été prises. Il s’agit entre autres de l’assainissement de la filière de la gestion des déchets plastiques en Côte d’Ivoire, de la cartographie des acteurs de la filière à travers un projet de recensement des éco-entreprises, de la mise en place de centres de collecte et de recyclage des plastiques usagés, de la promotion des pratiques écologiquement rationnelles pour réduire la pollution plastique. Autant de mesures qui devraient aboutir à des niveaux de collecte et de recyclage plus élevés et contribuer à l’élimination pure et simple de ces déchets des rues. Surtout, avec le décret N°2013-327 du 22 mai 2013 qui interdit la production, l'importation, la commercialisation, la détention et l'utilisation des sachets plastiques. Une loi qui s’est malheureusement heurtée à divers obstacles, rendant sa mise en œuvre difficile.

Plus d’une décennie plus tard, la question de son application effective se pose avec acuité, face au défi de la pollution plastique qui gagne du terrain. Car, pour que ces initiatives soient efficaces, la participation active de chaque citoyen est indispensable.

Les bonnes pratiques pour réduire l’empreinte plastique

Il existe pourtant quelques gestes simples que l’Etat et chaque ivoirien peuvent adopter au quotidien pour réduire l’usage du plastique et limiter leur impact environnemental. Il s’agit en premier lieu pour le gouvernement et les autorités locales de pourvoir tous les coins de rues de poubelles à plusieurs compartiments afin de permettre de recueillir les déchets plastiques recyclables.

Les citoyens ivoiriens gagneraient à utiliser des sacs réutilisables en remplaçant les sacs en plastique par ceux en tissu ou en jute. Cela permettra de limiter la consommation de sacs et autres objets jetables.

Il faudra aussi privilégier les bouteilles réutilisables au lieu d'acheter des bouteilles en plastique. Il est recommandé d’utiliser des gourdes réutilisables pour l’eau et les autres boissons.

Les populations doivent adopter des contenants durables pour les courses ou les repas à emporter, utiliser des boîtes en verre ou en métal réduit l’utilisation d'emballages plastiques.

L’on doit penser à recycler correctement. Il faut donc trier les déchets domestiques et déposer les plastiques dans les centres de recyclage. Ce qui permet de leur donner une nouvelle vie. En encourageant les voisins et la communauté à faire de même, cela fera un excellent moyen de multiplier l’impact.

Désormais, les plastiques à usage unique que sont les pailles, les couverts et assiettes en plastique qui  ne sont pas indispensables doivent être remplacés  par des versions biodégradables ou réutilisables.

Enfin, il est bon de soutenir les entreprises locales engagées dans l’environnement, consommer les produits des entreprises locales qui adoptent des pratiques écoresponsables. Ce qui aide à promouvoir une économie circulaire respectueuse de l’environnement.

Un engagement collectif pour un avenir durable

La lutte contre la pollution plastique nécessite la mobilisation de toutes les couches de la société. Au niveau gouvernemental, des politiques rigoureuses doivent être mises en place pour interdire les plastiques non recyclables et encourager les solutions innovantes. Les entreprises, quant à elles, doivent adopter des pratiques responsables et proposer des alternatives respectueuses de l’environnement.

Cependant, l’action la plus puissante est celle de la sensibilisation des populations. En informant les citoyens sur les dangers des plastiques à usage unique et en leur montrant des solutions accessibles, nous pouvons progressivement transformer nos habitudes pour réduire l’impact sur la planète.

Face à cette pollution galopante, l'une des voies à explorer est celle de l'économie circulaire et du recyclage.

Une Côte d’Ivoire sans plastiques est un rêve qui peut devenir une réalité avec des actions concertées et une prise de conscience collective. Chaque geste compte, et en adoptant des habitudes plus respectueuses de l’environnement, nous pouvons préserver notre cadre de vie pour les générations futures. Il est temps de prendre part à cette révolution verte en faisant des choix éclairés et durables.

Solange ARALAMON


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