Interview
Afin de mieux appréhender le parcours, les ressentis et les ambitions d’ECUA ECUA Célestin, prêté par Zoman FC lors du dernier mercato, nous avons invité le nouveau joueur de l’ASEC Mimosas, le surlendemain de la qualification de son équipe pour les quarts de finale de la Coupe de la Confédération. Il a gentiment accepté de partager avec nous son expérience au sein de sa nouvelle formation. Lisez son témoignage.
Peux-tu te présenter brièvement pour nos lecteurs et nous parler de ton parcours avant de rejoindre l’ASEC Mimosas ?
Je me décris comme un attaquant polyvalent, que ce soit en tant qu’ailier ou milieu offensif, peu importe. J'ai débuté ma carrière à l’Académie Volcan sous la direction du coach KOUADJO Félix, qui m’a repéré. Ensuite, j’ai joué pour le FC Adiaké en D2 pendant trois saisons, de 2018 à 2021. C’est en 2021-2022 que j’ai signé mon premier contrat en Ligue 1 avec Bafing. Cependant, suite à un malentendu entre les dirigeants des deux clubs, j’ai été libéré lors du mercato et j’ai rejoint l’AS Denguélé, qui cherchait alors un milieu offensif. J’ai démarré la saison de manière positive avec cette équipe. Dès mon premier match contre l’ASI, à seulement 4 minutes de la fin, j’ai marqué sur ma première touche de balle. Cela m’a permis de m’imposer comme titulaire indiscutable pendant cinq matchs consécutifs avant qu’une blessure contre le FC San Pedro ne vienne interrompre ma série. À cause de cette blessure, j’ai dû terminer la saison en dehors des terrains.
L’année suivante, j’ai prolongé avec l’AS Denguélé. Nous avons fait une excellente entame de saison et avons occupé longtemps la deuxième place du championnat. Ensuite, j’ai reçu une offre du Dynamique FC d’Abomey, au Bénin, mais en raison de divergences salariales, je n’ai pas signé. De retour en Côte d’Ivoire, je suis allé à Yamoussoukro FC pour relancer ma carrière. J’ai marqué lors de mon premier match en Coupe nationale contre Agboville FC, et une passe décisive à la clé. Par la suite, j’ai enchaîné les matchs. La saison suivante, c’est-à-dire cette année, je me suis retrouvé à Zoman FC, avant d’être prêté à l’ASEC Mimosas. Pour être honnête, mon objectif était de rejoindre un club engagé en compétition africaine, et c’est exactement ce que j’ai réalisé. (Rire)
Est-ce uniquement cette ambition qui t'a motivé à accepter ce prêt de six mois de l’ASEC Mimosas ?
Oui, mais au départ, ça n’a pas été facile d’accepter cette offre. De nombreuses questions tournaient dans ma tête. Fallait-il me lancer dans cette aventure sans la garantie d’une place de titulaire ? Pourquoi ne pas rester à Zoman FC et viser le titre de meilleur buteur du championnat ? Puis, il y a eu ce rêve qui m’a poussé à aller de l’avant, celui de jouer avec une équipe engagée en Coupe d’Afrique. Finalement, j’ai décidé de saisir cette opportunité. En prenant cette décision, je me suis dit que la récompense viendrait avec le travail. Seul le travail porte ses fruits.
Comment se passe ton intégration au sein de ta nouvelle équipe ?
Les choses se passent naturellement, j’étais déjà familier à de nombreux joueurs. Par exemple, YABRE Mohamed m’avait rejoint à l’Académie Volcan FC, tandis que SACKO Seydou Lamine et OURA Thaula Théophile, nous nous sommes croisés à l’Entente Sportive Bafing, et COULIBALY Souleymane, c’était à Adiaké FC. Avec la sélection A’, j’ai eu l’occasion de côtoyer DAKOI Koffi Edgard, KAMARA Cheick Issouf, ZOUZOU Franck Carlos, KOFFI Brou David sans oublier le coach KOUADJO Félix qui m’a recruté au Volcan FC.
Y a-t-il des différences notables entre ton ancien club et l’ASEC Mimosas, tant au niveau du style de jeu que de l’environnement ?
Il y a de très grandes différences. À Zoman FC, j'avais été engagé comme ailier. Cependant, après la blessure d’un joueur, le coach a modifié son système de jeu, ce qui m’a obligé à changer de poste. D’ailier en milieu offensif gauche, je suis passé attaquant de pointe, un rôle que j'ai fini par apprivoiser. Ici, mon rôle est plutôt celui d’un joueur de couloir qui apporte de la vitesse dans le jeu. Il a donc fallu que je m'adapte rapidement à la tactique de l’entraîneur. J’ai dû me faire une nouvelle raison et l’admettre. De plus, les schémas tactiques à l’ASEC Mimosas varient d’un match à l’autre, et il faut s’y adapter pour développer une connexion particulière avec ses coéquipiers.
Une autre différence réside dans l’intensité des entraînements. Le cadre de travail ici, est de qualité, avec une bonne pelouse, ce qui nous permet de progresser efficacement.
Quelles sont les premières impressions que tu as eues en arrivant à Sol Béni ?
Avant, on venait ici pour des matchs amicaux et on repartait immédiatement après les rencontres. Forcément, notre regard n’était pas le même. Cette fois, la situation est différente. J’y suis en tant que joueur du club. Il faut dire que je suis incontestablement impressionné par le cadre. C’est un véritable modèle de professionnalisme ! J’ai été profondément touché dès ma première prise de contact avec l’environnement. On m’a indiqué où aller, quoi faire… tout était préparé à la perfection (équipements, shooting) avant même mon arrivée. Je me suis vraiment cru dans un autre monde.
Ton début avec l’équipe est très prometteur. Comment te sens-tu après ces premières semaines de compétition ?
Je me sens très bien. La pression que j'ai ressentie, c'était lors de mon premier match contre l’USMA au stade Félix HOUPHOUET-BOIGNY. Ce jour-là, j’ai beaucoup observé depuis le banc de touche. J’étais très concentré, mais aussi un peu craintif. Cependant, après l’échauffement, j’ai retrouvé mes repères et toute ma sérénité habituelle. Ce fut le moment le plus difficile. Après cela, tout s’est déroulé naturellement… Je me sens bien maintenant.
Double buteur lors de la dernière journée de la phase de poule de la Coupe de la Confédération CAF, peux-tu nous parler de ces deux buts et de ce que tu as ressenti ?
Le premier but était une sorte de révision. Nous l’avions travaillé toute la semaine à l’entraînement. Dès que je me suis retrouvé à cet endroit du terrain et que j’ai reçu le ballon, j’ai contrôlé, j’ai vu mon partenaire se dédoubler, et aussitôt, je me suis souvenu que nous avions répété ce mouvement à l’entraînement. Sans hésiter, j’ai frappé et c’était le but. Pour le deuxième, il était important de marquer pour nous rassurer. J’ai bien senti le moment : le défenseur étant sous pression, j’ai anticipé le temps de la passe et frappé, car le gardien était avancé. Après le premier but, l’adversaire avait encore l’espoir de revenir au score grâce à ses contres, et le deuxième est arrivé comme un soulagement total. Personnellement, j’étais vraiment content de ces deux buts, d’autant plus qu’ils étaient importants pour l’équipe comme d’ailleurs les deux derniers.
Qu'est-ce qui te permet d’avoir un tel impact dès ton arrivée ?
Tout commence avec les objectifs fixés en début de saison. J'avais un rêve, et il s'est concrétisé. Maintenant, il est de ma responsabilité de prouver que j'ai le niveau pour évoluer au sein de l’équipe de l’ASEC Mimosas. Sur le terrain, je m'efforce d’apporter de l’impact en étant toujours présent dans les duels.
Quels sont tes objectifs personnels cette saison avec l’équipe ?
D’abord, mon objectif est de finir champion et meilleur buteur de la Ligue 1. Avant d’accepter l’offre de l’ASEC Mimosas, j’ai jeté un œil au classement et j’ai vu que l’équipe n’était pas si mal placée pour jouer le titre. C’est un vrai challenge, non seulement pour moi, mais aussi pour tous mes coéquipiers. Dans cette dynamique, pourquoi ne pas viser la finale de la Coupe de la Confédération CAF ?
Peux-tu nous parler de ta relation avec l'entraîneur et comment t’a-t-il intégré dans son système de jeu ?
Le coach Julien CHEVALIER et moi avons échangé à mon arrivée. Cela montre qu’il a bien réagi à ma présence. Dès notre premier contact, il m’a immédiatement mis en confiance, en me disant que si je suis ici, c’est parce que j’ai les qualités nécessaires. Il m’a encouragé à travailler dur et m’a assuré que, de son côté, lui et son staff feraient tout pour me mettre dans les meilleures conditions.
Ton prêt est de six mois, as-tu déjà pensé à la suite après cette période ?
Le rêve de tout joueur est de jouer au plus haut niveau. En Côte d'Ivoire, on ne peut espérer mieux que l’ASEC Mimosas. Pour la suite, mon objectif serait de recevoir une proposition de contrat en Europe, mais on n'en est pas encore là. Pour le moment, il s'agit d'apprendre et d’acquérir de l’expérience avec ce grand club ivoirien.
Prévois-tu de rester à long terme si tout se passe bien ?
Pourquoi pas ? Cependant, il faut reconnaître que mes ambitions vont au-delà. À 22 ans, je me projette dans l’évolution de ma carrière et le franchissement de nouvelles étapes. Mon but est donc de partir dans les plus brefs délais, pour subvenir à mes besoins ainsi qu’à ceux de mes parents.
Un dernier mot pour les Actionnaires et tous ceux qui te suivent pendant ton prêt ?
Je les remercie pour leur accueil et l’ambiance qu’ils créent au sein du club. J’apprécie énormément leur soutien à chaque match de l’équipe. Ce n’est pas quelque chose que l’on retrouve partout ailleurs. Qu’ils n’abandonnent jamais !
Interview réalisée par Clément DIAKITÉ