03 février 2024-3 février 2025 : Cela fait exactement une année que la Côte d’Ivoire sportive a écrit l’une de ses plus belles pages lors de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Ce samedi 3 février 2024, pour le match comptant pour les quarts de finale de cette compétition, la Côte d’Ivoire avait battu les Aigles du Mali par un score de deux buts à un, au terme d’un scénario complètement dingue aux rebondissements insoupçonnés.
Par la suite, le pays des Eléphants a remporté le trophée, faisant de la Côte d’Ivoire, la quatrième nation la plus titrée au palmarès de cette compétition, derrière l’Egypte, le Cameroun et le Ghana. Ce match Côte d’Ivoire-Mali n’était donc le match le plus décisif, puisque dans leur progression, les Eléphants ont remporté la coupe. Mais cette confrontation a développé chez les Ivoiriens, une mentalité qui a façonné la manière d’appréhender les intérêts du pays et a rallumé la flamme patriotique. L’on a encore en mémoire qu’avant ce match, le Mali et ses supporters baignaient dans un excès de confiance indescriptible dans lequel la Côte d’Ivoire et ses autorités étaient l’objet de dérision. Dans un contexte qui a suivi l’affaire des 49 soldats et dans un contexte géopolitique régional où le Mali accusait la Côte d’Ivoire et ses autorités de faire le jeu des puissances occidentales contre les intérêts maliens, l’équipe nationale de ce pays avait juré de battre la Côte d’Ivoire sur ses propres installations pour non seulement, réaffirmé la suprématie du Mali sur la Côte d’Ivoire et snober le régime d’Abidjan.
Dans cette ambiance de la CAN, après un premier tour chaotique où c’est la providence qui avait qualifié la Côte d’Ivoire, ils étaient peu qui croyaient en une victoire des Eléphants sur les Aigles du Mali, même après la victoire contre le Sénégal. Très sûrs de leur affaire, les supporters maliens avaient même franchi le rubicond de ce qui devrait être une simple confrontation sportive. Ce match Côte d’Ivoire-Mali du samedi 3 février 2024 était devenu un duel politico-diplomatique entre deux pays où celui qui allait gagner, allait fermer la bouche à l’autre. Au Mali, des sacrifices rituels avaient été faits sur le drapeau ivoirien, des influenceurs ont parié leur tête que la Côte d’Ivoire allait subir sa plus grosse honte et que les Aigles iraient remettre la victoire à Assimi Goïta. Cette posture des officiels et supporters maliens a fini par développer chez les Ivoiriens, un sursaut patriotique. Jamais dans l’histoire des matchs officiels, les Ivoiriens ne se sont autant mobilisés derrière leur équipe nationale que ce match épique contre le Mali qui partait aussi avec les faveurs des pronostics. Au coup de sifflet final, le coup de massue ! Les Eléphants ont piétiné les Aigles de la façon la plus inattendue. Les images de l’entraîneur malien de l’époque, complètement assommé, continuent de circuler. Pour les Ivoiriens, ce match qui partait au-delà d’une simple compétition sportive, aura permis à la Côte d’Ivoire de remettre les officiels maliens et leurs supporters à leur place. Ce jour-là, sans aucune distinction politique, PDCI-RDA, RHDP, PPA-CI, COJEP, MGC, tous se sont mobilisés comme un seul homme derrière leur équipe nationale. Pour certains analystes, la victoire des Eléphants contre le Mali a été plus réconfortante et porteuse de plus de fierté nationale que la victoire en finale contre le Nigeria.
Dans le vocabulaire et dans l’esprit des Ivoiriens, le ‘’89 :17’’ est désormais un symbole. C’est à la 17e seconde de la 89e minute de cette confrontation épique que le déclic a été créé avec une l’égalisation des Ivoiriens contre le cours du jeu, avant de marquer le but assassin, encore à la dernière seconde des prolongations. Si c’était contre une autre équipe, ce scénario allait rester dans le simple domaine sportif, puisque ce n’est pas la première fois qu’un tel revirement spectaculaire se produit dans un match décisif. Mais contre le Mali, dans le contexte de l’époque et même encore aujourd’hui, le jeu en vaut la chandelle, parce que les enjeux étaient colossaux. C’est pourquoi, une année après le ‘’89 :17’’, les supporters continuent de se souvenir de ce match épique. Au-delà du sport, ce match a permis aux Ivoiriens de savoir qu’au-delà de leurs contradictions internes, la Nation reste la Nation. Et c’est justement, cet esprit qu’appelle de tous ses vœux, le président de la République Alassane Ouattara à travers le concept d’Ivoirien nouveau. Après le 3 février 2024, la Côte d’Ivoire disputera des matchs épiques, peut-être avec des équipes plus capées comme le Brésil ou l’Argentine, mais le ‘’89 :17’’ sera marqué le marbre du souvenir des Ivoiriens.
Bernard KRA