Dossier - Education nationale : Les COGES, un boulet au pied des parents d’élèves





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Comme à chaque rentrée scolaire, les frais annexes exigés aux parents d’élèves à l’inscription de leurs enfants suscitent encore des grincements de dents. Et, les structures indexées par ces derniers comme étant celles qui imposent ces frais, là où le gouvernement parle de la gratuité de l’école, sont les Comités de gestion des établissements scolaires publics (COGES).
Un problème récurrent soulevé à chaque rentrée scolaire, mais qui ne semble pas préoccuper outre mesure les dirigeants du système éducatif ivoirien, donnant l’impression que les parents d’élèves prêchent dans le désert. Ils ne comprennent pas qu’alors que l’école est, selon le gouvernement, "obligatoire et gratuite", on leur exige le paiement d’autres frais. Certains vont même jusqu’à s’interroger sur l’utilité des COGES et la nécessité de les maintenir. À la limite, ne serait-il pas mieux de les faire disparaître ? 

À quoi servent les COGES ? 

En réalité, les parents d’élèves ne perçoivent pas bien le rôle des COGES. Le décret 2012-488 du 7 juin 2012 fixe les attributions, l’organisation et le fonctionnement des COGES. En son article 3, ledit décret indique que le COGES a pour mission de contribuer à la promotion de l'établissement où il siège et d'y créer les conditions d'un meilleur fonctionnement. Il est ainsi chargé d'aider à l'entretien courant des bâtiments, des équipements et à la sauvegarde du patrimoine et de l'environnement, de contribuer à l'encadrement civique et moral des élèves et stagiaires, de favoriser l'intégration de l'établissement scolaire dans son milieu, d'apporter un appui aux activités socio-éducatives de l'établissement, de suivre l'évolution des effectifs des élèves et du personnel au sein de l’établissement et d'apporter un appui aux activités pédagogiques. Le COGES contribue à la résolution du problème lié au déficit en enseignants et formateurs, aide à la promotion de l'installation des cantines scolaires et contribue à leur fonctionnement, œuvre pour l'hygiène et la santé en milieu scolaire, assure le suivi de la gestion des manuels scolaires, recouvre et gère  toutes les ressources financières de l'établissement autres que le budget de l'Etat. Dans ses missions, le COGES est aussi chargé de gérer, pour le compte de l'établissement, les fonds générés par les activités génératrices de revenus qu'il initie, d'aider à lutter contre la violence et la tricherie à l'école et d'assister les autorités de l'établissement dans la gestion des crises.
Les missions ainsi énumérées, on constate que le COGES a un rôle primordial dans la vie d’un établissement scolaire public. Mais, en même temps, ses missions sont si nombreuses et si importantes qu’on en vient à s’interroger finalement sur ce que fait l’état dans et pour les établissements scolaires.
Pour un ancien président de COGES qui a préféré garder l’anonymat,  la création de ces structures n’est ni plus ni moins que l’illustration de la démission de l’Etat dans la gestion des établissements scolaires. Désormais, souligne-t-il, l’Etat n’intervient plus dans la gestion non-didactique de l’école. Il appartient aux parents d’élèves, aux maires et aux conseils régionaux de s’occuper de tout ce qui est gardiennage, sécurité, coopératives, fêtes scolaires, activités sportives, etc. Ce sont les COGES qui doivent s’en occuper. Et, pour y parvenir, ils doivent mobiliser des fonds selon les dispositions prévues par le décret 2012-488 du 7 juin 2012 en son article 27.

Les parents, principaux financiers

Ces dispositions précisent que les ressources du COGES sont constituées des subventions, des fonds provenant des activités génératrices de revenus, du quota du droit d'inscription des élèves et stagiaires au secondaire, des cotisations exceptionnelles décidées par l'assemblée générale du COGES et des dons et legs.
Comme on peut le constater, l’Etat même qui prône la gratuité de l’école, autorise les comités de gestion à lever des cotisations exceptionnelles. Cotisations payées par les parents d’élèves naturellement.
Voilà donc qui est clair. De tous les moyens prévus par le décrets, nous informe l’ex-président de COGES, les cotisations des parents d’élèves sont les plus évidentes. C’est pourquoi, cette option est la plus utilisée pour constituer leurs ressources. Au grand dam des parents d’élèves.
Peut-on mettre un élève dehors parce que ses parents ne se sont pas acquittés de leurs cotisations ? "Non", martèle l’ex-président de COGES. Qui d’ailleurs déplore cette attitude et soutient que tous les présidents de Comités de gestion des établissements scolaires publics le savent.
Devant pareille situation, que fait l’état ? La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Kandia Camara, y a répondu au sortir d’un Conseil des ministres. Selon elle, ce sont les parents eux-mêmes qui sont membres des COGES et ce sont eux qui fixent les cotisations. Elle soutient donc que ceux qui se plaignent sont ceux qui ne vont jamais aux assemblées générales et aux réunions convoquées. Pour elle, c’est à ses rencontres qu’ils peuvent faire entendre leurs voix.
Fuite en avant ou met-elle chacun devant ses responsabilités. Dans tous cas, les parents d’élèves continuent de se plaindre et l’Etat ne semble pas prêt à réguler le secteur. En entendant, les frais annexes sont en vigueur. Et, qu’on le veuille ou non, on doit payer.

Modeste KONÉ

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