Voici comment la Fifa veut complètement reformer la Caf





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Le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, et celui de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad, le 2 février 2018 à Casablanca. FADEL SENNA / AFP

Exclusivité RFI. Le 2 février 2020 à Rabat, le gouvernement du foot africain, le Comité exécutif (ComEx) de la Confédération africaine de football (CAF), a pris connaissance de recommandations formulées pour réformer la CAF. Ces préconisations ont été faites dans le cadre d’un partenariat avec la FIFA, à l’issue d’un audit mené par la société PwC. Les experts africains mandatés proposent de profonds changements dans la gouvernance au sein de la CAF, ainsi que dans son administration.

Le gouvernement du foot africain, le Comité exécutif (ComEx) de la CAF, sait désormais ce qu’il est censé faire pour réformer en profondeur une Confédération africaine de football en crise depuis quelques mois. Ou tout du moins, le ComEx a pris connaissance des recommandations formulées par la « Task Force des réformes » (RTF), composée de cinq experts africains indépendants. Cette RTF a été mise en place dans le cadre d’un partenariat signé avec la Fédération internationale de football (FIFA) en août 2019.

Le 2 février 2020 à Rabat, les experts ont présenté une synthèse de leurs travaux (que RFI.fr a pu consulter). Leurs conclusions se basent sur un long audit mené par la société PricewaterhouseCoopers (PwC). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs préconisations ne renvoient pas l’image de l’institution moderne tant vantée par son président, Ahmad.

Une séparation plus claire des pouvoirs et une redéfinition du rôle du ComEx

Certaines recommandations nécessitent d’abord d’élaborer de « nouveaux statuts de la CAF conformément aux statuts de la FIFA ». En premier lieu, il est question « d’introduire une séparation claire des pouvoirs entre les organes législatif, exécutif et judiciaire ». En deuxième lieu, le Comité exécutif et le Comité d’urgence doivent être dégagés des « responsabilités de gestion et d’administration » et que l’administration soit habilitée à… « prendre les décisions administratives » (sic).

 

Dans ce contexte, la Task Force suggère que le Comité exécutif développe « un nouveau rôle stratégique » dans la conduite des affaires du foot africain. La RTF estime par ailleurs qu’il faut supprimer la limite d’âge des membres du ComEx (y compris pour son président) et qu’il serait plus judicieux d’introduire une limite du nombre de mandats.

Un contrôle interne accru

La synthèse insiste ensuite sur la nécessité d’améliorer grandement le contrôle interne à la CAF. Il faut entre autres « réorganiser les comités permanents de la CAF » en créant notamment des « organes judiciaires indépendants » et surtout créer un « Comité de révision ». Celui-ci serait chargé d’effectuer « les contrôles d’éligibilité des officiels et membres des comités », comme à la FIFA où la probité des membres est (censée être) passée au crible.

Autre recommandation emblématique, la création d’un « Comité de rémunération indépendant » qui serait chargé des « questions liées à la rémunération des membres et des comités de la CAF ».

Décentralisation et féminisation

Moins développés, deux aspects sont toutefois mis en avant par la Task Force. Tout d’abord, une décentralisation et une responsabilisation accrue des zones régionales (UFOA, CECAFA, COSAFA, etc.). Le tout en redéfinissant le périmètre de ces zones et en supprimant les groupements linguistiques (anglophones, francophones, etc.). Ensuite, les experts proposent qu’il y ait davantage de femmes au Comité exécutif et dans les autres comités permanents.

Une refonte radicale des services

La suite vise surtout les différents services de la CAF. Et visiblement, il y a beaucoup de travail. Il faut en effet doter la CAF « correctement en personnel », « revoir les rôles et les responsabilités des postes ». Sans parler « des règlements pour les employés (Code de conduite, Manuel de l’Employé, Directive sur les frais de voyage, etc.) » qui sont apparemment inexistants ou pas assez appliqués.

Un renforcement de l’éthique

Parmi les mesures fortes présentées, certaines concernent l’éthique. Il y a l’idée, ni plus ni moins, de « mettre en place une hotline de dénonciation […] et une politique contre les représailles des dénonciateurs ». Les experts proposent également la publication d’un nouveau « code de discipline et d’éthique avec des nouvelles règles de procédure » à la CAF.

Un contrôle financier strict

Ensuite, une large part est consacrée à un secteur qui a fait couler beaucoup d’encre concernant la CAF, ces derniers mois : le contrôle financier. Il faut « renforcer la gestion financière et la responsabilisation », soulignent les auteurs, mais pas seulement. Davantage de surveillance semble également nécessaire. Les principales solutions indiquées dans le rapport : « introduire des contrôles physiques et informatiques », que « toutes les associations membres [de la CAF] et les zones [se dotent] de comptes bancaires dédiés pour les fonds de la CAF », que « tous les paiements [soient] effectués via des comptes bancaires officiellement désignés » (les « paiements en espèces et par chèque […] doivent être maintenus à un strict minimum »).

Des investigations sensibles à poursuivre

La Task Force s’attarde finalement très peu sur l’état du foot africain en lui-même, chose dont le patron de la FIFA Gianni Infantino s’est chargé sans ménagement, à Rabat. En revanche, la RTF conclut sa synthèse en invitant à poursuivre les « enquêtes » sur plusieurs sujets, parfois sensibles :
– les contrats passés par la CAF avec les sociétés de marketing Lagardère et LC2 (sans que soient précisées la période et la nature desdits contrats évalués)
– le dossier Tactical Steel (qui a valu à Ahmad d’être entendu par la justice française)
– les contrôles des paiements effectués par la FIFA et la CAF « aux 54 associations nationales membres de la CAF, ainsi qu’aux six zones de la CAF »
– « les allégations de possible mauvaise gestion et détournement de fonds » concernant le Centre d’excellence de Mbankomo, au Cameroun, inauguré en 2014 par les ex-présidents de la FIFA et de la CAF, Joseph Blatter et Issa Hayatou.

A noter que les experts souhaitent que l’audit mené par PwC s’étende aux années 2013 et 2014. Leur but : « évaluer les responsabilités » concernant un apparent manque de documentation liée aux transactions financières avant 2015. Ce qui pourrait s’apparenter à une investigation sur la gestion financière de la CAF durant le dernier mandat d’Issa Hayatou…

Source : Rfi

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