Elections législatives : Bamba Moriféré soupçonne le régime RHDP de vouloir opérer un autre hold-up électoral





elections-legislatives-bamba-morifere-soupconne-le-regime-rhdp-de-vouloir-operer-un-autre-hold-up-electoral


Après l’élection présidentielle qui a vu la victoire du président Alassane Ouattara, l’heure est aux préparatifs pour les élections locales. Mais pour ces dites élections, le président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI) professeur Bamba Moriféré, soupçonnant le régime RHDP de vouloir faire "un autre hold up électoral", demande à l’opposition unie d’opérer le choix tactique le plus judicieux.

Après plusieurs hésitations, l’opposition a accepté d’aller à la table de discussion avec le pouvoir. Comment appréciez-vous cette démarche ?

Il faut dire plutôt certains partis de l’opposition ont accepté d’aller à la table de discussion.

En effet, notre parti, le RPCI, ainsi que l’immense’ majorité des partis de l’opposition, s’inscrivent dans la juste ligne déjà définie par l’ensemble de la coordination des plateformes del’opposition, à savoir, « Dialogue national inclusif » comprenant toute la classe politique et les forces vives de la nation, en présence d’un facilitateur crédible, désigné par les Nations-Unies, à l’effet de délibérer sur l’ensemble du contentieux électoral, y compris la parodieélectorale du 31 Octobre 2020, en tenant compte des exigences de l’opposition démocratique, pour créer les conditions d’élections réellement démocratiques, justes, transparentes, inclusives et apaisées, seules gage de stabilité pour notre pays.

Nous ne saurions aller discuter uniquement de la question des CEI locales, alors même qu’il s’agit de la question de la réforme profonde de la CEI, pour lui conférer son indépendance véritable, ainsi que de l’environnement institutionnel global des élections, impliquant la question du conseil constitutionnel et le découpage électoral, notamment.

N’oubliez pas que nous savons de quoi nous parlons, puisque notre parti, le RPCI, était membre de la précédente CEI, notre représentant en était le secrétaire permanent de la commission centrale, nos représentants qui siégeaient dans les commissions locales sur l’ensemble du territoire, sont toujours disponibles.

On nous parle d’élections législatives, au moment où des élus de la Nation sont arbitrairement maintenus en détention, sans jugement, pendant que les arrestations et la terreur continuent parmi nos compatriotes civils et militaires.

 

Certains partis de l’opposition dont le FPI de Laurent Gbagbo ont annoncé leur participation aux élections législatives, municipale et régionales. Comment expliquez-vous cette volte-face ?

Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une volte-face, puisque cette question n’était pas à l’ordre du jour jusqu’ici.

L’opposition unie s’est retrouvée sur le mot d’ordre de désobéissance civile, face à la dictature, sur des exigences précises :

- Non au 3e mandat, invalidation de la farce électorale du 31 octobre 2020

- Dissolution et non reconnaissance du conseil constitutionnel discrédité,

- Dissolution de la commission électorale fantoche,

- Libération de tous les prisonniers civils et militaires, y compris ceux de la crise électorale 2010-2011,

- Rentrée d’exil de tous les exilés,

- Mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur les crimes commis pendant les évènements,

- Elections démocratiques, inclusives et apaisées.

Il s’agit donc de savoir comment participer aux élections dont vous parlez, dans le respect de ces exigences, en empêchant le dictateur, d’opérer un nième coup d’état électoral.

Vous vous souvenez certainement du coup d’état électoral opéré lors des dernières élections municipales, à l’occasion desquelles, le dictateur a tenté d’imposer un « Béninois » à la tête de la mairie du plateau.

Il ne faut donc pas se faire d’illusion sur le dessein diabolique du dictateur ultra-minoritaire, d’accentuer par tous les moyens, sa mainmise totale sur notre pays.

Face à cette situation, l’opposition unie, doit donc opérer le choix tactique le plus judicieux, dans le respect de l’objectif stratégique de résistance active à la dictature, jusqu’à la victoire finale, il n’y a pas d’autre alternative.

Quelles sont les chances de cette opposition face au pouvoir RHDP ?

L’opposition, face à un pouvoir moribond et aux abois, malgré les apparences, a l’avantage stratégique, puisque la très grande majorité de notre peuple s’est dressée contre ce pouvoir.

Le fait, pour OUATTARA, de tenir coûte que coûte à être « candidat unique » en 2020, dans notre pays qui, vaille que vaille, connaît des candidatures pluralistes, concurrentielles, depuis 1990, est la preuve palpable de la faiblesse de son régime, de sa peur panique devant des élections démocratiques et concurrentielles qu’il est sûr de perdre.

C’est également ce qui explique sa farouche volonté de tout régenter, de caporaliser toutes les institutions de notre pays, le clientélisme, la nomination des Présidents d’université, des doyens, la désignation des enseignants de l’Université, la nomination des sénateurs (parlementaires), la nomination des Gouverneurs comme ministres gouverneurs, la caporalisation de façon inédite de toutes les institutions de notre pays, etc.

C’est un paradoxe apparent, mais le fait de recourir à une dictature fasciste féroce par la terreur, en 2020, avec candidature unique, malgré son contrôle absolu de toutes les institutions, dans notre pays, qui a accédé au multipartisme en 1990, est la preuve irréfutable de la faiblesse de ce régime, de sa peur panique de la démocratie.

C’est pourquoi, Houphouët disait à juste titre que le « dialogue est l’arme des régimes forts ».

 

L’avènement de la IIIe République a vu l’institution du sénat qui est entré en fonction le 12 avril 2018, quel bilan pouvez-vous faire des activités de la seconde chambre du parlement ivoirien ?

Avec ce régime, toutes les institutions sont « bidon », si je peux m’exprimer ainsi. Vous voyez vous-même qu’il nomme des parlementaires, sénateurs, sans tenir compte de la séparation des pouvoirs, ce qui constitue le minimum dans un régime républicain, sans compter que le président de ce Sénat est invisible depuis plusieurs mois. La soi-disant vice-présidence est vacante depuis belle lurette.

Alassane Ouattara aligne les institutions pour faire « bien », sans plus. Il en ait ainsi également de sa « cour de cassation ».

Vous l’avez entendu annoncer à France 24, avant la farce électorale du 31 Octobre 2020, sa volonté, une fois autoproclamé, de modifier la constitution, de condamner certaines personnalités à perpétuité, d’en gracier d’autres, c’est donc tout dire, quant à la nature de ce régime ubuesque.

Cette seconde chambre était-elle vraiment nécessaire ?

Bien sûr que non.

L’assemblée nationale existante est une chambre d’enregistrement ; Elle gagnerait déjà à jouer son rôle véritable, donc à être renforcée en conséquence. Ce sera le rôle qui incombera à un régime démocratique et républicain.

 

Que vous inspire les différentes promotions faites par le chef de l’état au sein des forces de défense et de sécurité au moment où certains évoquent des arrestations.

Le seul objectif de OUATTARA consistait à faire la promotion de Apalo pour « service rendu », dans la répression sauvage de nos compatriotes aux mains nues.

Pour la première fois et de façon inédite, depuis l’indépendance de notre pays, un commandant supérieur de la Gendarmerie, s’est érigé en protecteur des miliciens étrangers du régime. Nul doute que l’histoire le retiendra.

Pour le reste, il n’y a pas eu d’autres promotions, en dehors de Boniface Konan, dont le parcours professionnel républicain est bien connu. Il méritait d’être contre-amiral depuis plus de 10 ans déjà.

Quant au Chef d’état major, il n’a pas eu de promotion, puisqu’il était déjà au maximum de son grade, son parcours professionnel exemplaire est bien connu de tous.

Le dictateur a voulu simplement camoufler la nomination de Apalo, en faisant croire à une série de nomination. Je fais observer que c’est la première fois, depuis l’indépendance de notre pays qu’un commandant supérieur de la Gendarmerie est nommé « général de corps d’armée » en dehors du cas du général Kassaraté dont la longue expérience, la rigueur et le professionnalisme républicain étaient connus de tous.

D’aucuns imaginent des libérations de prisonniers par grâce présidentielle à l’occasion du nouvel an, pour une décrispation. Votre commentaire ?

Vous me demandez un commentaire sur des hypothèses ?

Pour nous, c’est l’ancien président.

Par ailleurs, tous ceux qui sont emprisonnés sont des otages de la dictature.

Leur place n’est pas en prison, aussi, leur libération éventuelle ne serait que justice et ne peut constituer une quelconque décrispation ou je ne sais quel apaisement, en contrepartie de nous faire « avaler » le fait accompli de l’auto-proclamation du dictateur.

 

En lecture en ce moment

Côte d’Ivoire/ Houphouétisme : Houphouët-Boigny, le paravent des politiciens pour s’attirer la faveur des électeurs (analyse)

Producteurs de cacao, de bonnes nouvelles à partir du 1er septembre