En raison de l’augmentation des cours mondiaux liée notamment à un resserrement de l’offre dans les principaux pays producteurs en Asie (la production ivoirienne – 55 0000 tonnes – ne représente que 2 % de l’offre mondiale), les prix de plusieurs produits de première nécessité ont grimpé dans les marchés et supermarchés ivoiriens. Un coup dur pour le pouvoir d’achat des ménages qui après une année marquée par la crise sanitaire de la Covid 19 et les tensions politiques, cherchent leurs repères financiers. Les populations ont commencé à grogner.
Aussi, le prix du bidon de 25 litres d'huile est passé de 20 000 à 24 500 FCFA, celui du bidon de 20 litres 16 000 à 19 500 FCFA, quand la bouteille de 1,5 litre de 1 450 à 1 700 FCFA. Outre l’huile, la farine, le riz, le lait infantilez et plusieurs autres denrées alimentaires de première nécessité ont connu une augmentation. Les pâtissiers et boulangers ont même annoncé que le prix du pain augmentera de 150f à 350f, soit une hausse de 200f à partir du 15 janvier.
Un tour dans plusieurs marchés et grandes surfaces de la place ont permis de faire le constat de cette hausse. Ainsi, au marché de Yopougon Sicogi, le sac d’oignon est passé de 6000f à 10000f, l’huile est passée de 850f, 900f à 1000f, le bidon de 25l de 17500F est passé à 23000f, l’huile rouge 25l est passé de 20000F à 25000f. Sur le marché d’Abobo, le panier d’attiéké est passé à 8000f au lieu de 6000f ou 7000f.
Quelques jours après avoir observé ces augmentations, le ministre du commerce et de l’industrie, Souleymane Diarrassouba a animé une conférence de presse pour "désamorcer la bombe". "Nous avons décidé de suspendre la hausse des prix de l’huile de table raffinée intervenue en ce mois de janvier. Les efforts qu’ils ont bien voulu consentir au profit des populations ivoiriennes. Le prix de la baguette demeurera a 150 FCFA sur tout le territoire national", a t-il annoncé, à l’issue de deux journées de concertation avec les acteurs de la filière. Il promet une application immédiate des nouveaux tarifs et a tenu à féliciter les industriels pour la compréhension.
Malgré cette sortie du premier responsable du commerce ivoirien, les consommateurs continuent de ne pas comprendre le maintien de la hausse des prix sur le marché.
L’inquiétude et l’incompréhension demeurent chez les consommateurs
"Il y a une disproportion entre l’augmentation du cours de 5 à 7 % et l’augmentation en bout du chaîne, qui peut atteindre jusqu’à 40 % pour le consommateur. Rien ne justifie une telle hausse. Il semble que chaque intermédiaire de cette chaîne ait décidé d’en profiter", regrette le président de la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Facaci), Alain Tahi. Pour lui, depuis le 29 avril 2020, un décret gouvernemental plafonnait les prix de cinq produits de grande consommation, dont l’huile de table raffinée, dans le but de soulager les finances des ménages ivoiriens, touchés par la pandémie de la Covid 19.
" Cette mesure n’est toutefois plus effective depuis le 9 décembre", déplore la Facaci, qui regroupe une quinzaine d’associations de consommateurs. Elle exige désormais que l’exécutif fasse marche arrière et revienne au plafonnement pour soulager la population. Une population qui de son côté craint une inflation généralisée car selon des personnes rencontrées, en général, après de telles situations, même quand le gouvernement demande de revenir en arrière ou que les prix baissent, tout le monde ne respecte pas la consigne.
"Nous avons déjà constaté une augmentation sur certaines marques de riz et d’autres denrées alimentaires de première nécessité. Nous craignons une inflation généralisée, alors que le ministre nous avait rassuré. Jusque là, chaque commerçant fixe son prix, au grand désarroi des consommateurs qui en sont les grandes victimes ", s’inquiète Adjara Traoré, rencontrée au grand marché de Treichville.
Solange ARALAMON