Les journalistes peuvent-ils rassembler les Ivoiriens ?





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  « Quel journalisme pour une Côte d’Ivoire rassemblée ? », c’est le thème central de la 22e édition des Ebony organisée le week-end dernier à Yamoussoukro. Il y a eu débat.  

L’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), organisatrice de la soirée des Ebony, a décidé de lui donner un contenu plus dense. Ainsi a-t-elle mis à profit ce grand rendez-vous annuel de la presse nationale pour amener journalistes et autres acteurs des médias à plancher sur un sujet d’intérêt national. Cette année, le thème central était : « Quel journalisme pour une Côte d’Ivoire rassemblée ? ». Ce thème a fait l’objet d’un panel organisé vendredi après-midi à l’Hôtel Président de Yamoussoukro. Il a été animé par trois journalistes : Agnès Kraidy, ancienne employée de Fraternité Matin aujourd’hui conseillère technique au ministère de la Communication et des Médias. Samba Koné journaliste, président de l’Autorité national de la presse et le journaliste bloggeur André Sylver Konan. Et un enseignant-chercheur de l’Université Félix Houphouët-Boigny, Pr Koffi Modeste. Ces experts ont été unanimes quant au rôle intrinsèque du journaliste dans la société, à savoir : informer. Conformément au code d’éthique et de déontologie qui régit son métier, le journaliste a même le DEVOIR d’informer le citoyen avec le plus grand professionnalisme.   

Les journalistes peuvent-ils, pour autant, être les acteurs principaux d’une Côte d’Ivoire rassemblée ? Là encore, les conférenciers ont unanimement reconnu que les journalistes ne pourraient que contribuer à l’unité et à la réconciliation tant recherchées dans cette Côte d’Ivoire déchirée par des crises multiformes. Mieux, diront certains parmi eux, le rôle du journaliste n’est pas de rassembler les Ivoiriens. Cependant, il (le journaliste) a le devoir de ne pas contribuer à les diviser. 

Ce panel n’était pas la première occasion où était mise en question la responsabilité directe ou indirecte de la presse dans les crises survenues dans ce pays, ou le rôle qu’elle devrait jouer dans la recherche de la paix. Bien souvent, nous journalistes avons été accusés à tort ou à raison d’avoir été des pyromanes. A ce panel, j’ai été heureux d’entendre plusieurs intervenants, aussi bien chez les panelistes que dans l’assemblée, affirmer avec franchise que rassembler les Ivoiriens n’est pas le rôle du journaliste. De même, je pense que les journalistes ne devraient pas se voir imputer la responsabilité de la division des Ivoiriens. Comme indiqué plus haut, notre devoir est d’informer, et de bien informer en rapportant fidèlement les faits. Il ne nous est pas interdit de donner notre opinion dans le cadre de l’exercice de notre profession ou même en dehors.  Ce droit est conféré au journaliste par la déontologie de son métier. Le journaliste qui rapporte fidèlement des faits dans un article, et dans un autre, donne son opinion sur le même fait, n’est pas à blâmer.

Alors, les facteurs et les acteurs du rassemblement sont à rechercher non pas au sein d’une corporation donnée, mais chez l’ensemble des citoyens, voire l’ensemble des habitants de la Côte d’Ivoire.

La paix et le rassemblement seront inévitablement le fruit de la volonté commune de tous d’y aller, mais surtout le fruit des actes que chacun posera dans ce sens. La Côte d’Ivoire rassemblée, c’est aussi une Côte d’Ivoire où tous les Ivoiriens sont égaux. Nul ne doit se croire bon Ivoirien que l’autre et nous devons tous nous reconnaître comme fils et filles d’une même patrie. Les dirigeants et les institutions de la République (Justice, Armée etc.) doivent être justes et effectivement républicaine. La Côte d’Ivoire ne peut par exemple pas être rassemblée quand l’Exécutif demande au Judiciaire de priver un adversaire politique gênant de sa liberté et de son droit citoyen d’être électeur et éligible. La Côte d’Ivoire ne peut jamais être rassemblée quand l’Armée décide de mâter des citoyens qui manifestent pacifiquement contre ce qu’ils considèrent comme un troisième mandat illégal, et encadre d’autres citoyens qui marchent pour soutenir ce même mandat. Il ne faut donc pas demander l’impossible aux journalistes.  

Cissé Sindou                

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