Kouhon Clément, la victime de trop





kouhon-clement-la-victime-de-trop


L’autocratie et de l’intolérance politique viennent de faire une autre victime en Côte d’Ivoire. Cette victime se nomme Kouhon Clément.  

Il vient d’être limogé de son poste de chef du service statistiques de la trésorerie générale Abidjan Nord. Sa faute ? Son militantisme à Générations et Peuples Solidaires (GPS) mouvement citoyen présidé par Guillaume Soro, principal adversaire politique du RHDP, le parti au pouvoir.

De source proche de ce cadre du Trésor public, qui est aussi Délégué GPS de la région du Guémon, il est convoqué le vendredi 29 janvier devant l'Observatoire de l'éthique et de la déontologie du Trésor public. 

Une vidéo lui est présentée, celle d’une intervention qu’il a faite au micro de GKS TV. Il lui est alors reproché d’avoir manqué au « devoir de réserve prôné par le statut général de la Fonction publique et par le code d'éthique et de déontologie des agents du Trésor ». Il lui est plus précisément reproché d’avoir, lors de cette interview à GKS TV, mis en cause le président de la République. Une demande d’explication lui est remise.

Dans sa réponse que nous avons consultée, le fonctionnaire de l’Etat explique globalement avoir fait son intervention télévisée dans cadre strictement privé, en dehors de son statut d’agent du Trésor public et de son activité professionnelle. Il rappelle que cela ne viole en rien le code de déontologie du Trésor. Au demeurant, ajoute-t-il, son statut de fonctionnaire ne lui interdit pas de militer dans un mouvement ou parti politique de son choix…

Ses arguments ne sont pris en compte. La sentence tombe. Le vendredi 5 février il reçoit  un certificat de cessation définitive de service. Il a donc perdu son poste, et cela de la façon la plus injuste.

En effet, au sein du Trésor public ivoirien, à commencer par la tête de cette régie financière, ils sont nombreux les hauts cadres et directeurs très actifs sur le terrain politique. Leurs activités militantes sont régulièrement relayées par la télévision nationale et bien d’autres médias. Mais ils ne seront jamais convoqués par un quelconque organe disciplinaire parce que le discours qu’ils tiennent est favorable au pouvoir. D’ailleurs, apprenons-nous, certains techniciens nommés à des postes de responsabilité deviennent politiquement actifs pour le Rhdp, contre leur gré, pour pouvoir conserver leur ‘’tabouret’’. On le voit, ce qu’il est réellement reproché à Kouhon Clément est d’être un partisan de l’opposition et de l’avoir publiquement exprimé.

Son sort rappelle celui de Lohouri née Ouattara Bintou, licenciée par le Port Autonome d’Abidjan pour avoir participé au meeting organisé par l’opposition au stade Houphouet-Boigny le samedi 10 octobre 2020, soit un week-end.   

Le sort de Kouhon Clément rappelle également celui de ces cadres limogés à tour de bras en 2018, pour avoir publiquement exprimé leur soutien à Guillaume Soro.

C’est la politique de la pensée unique ; celle qui impose l’appartenance au Rhdp pour occuper tout poste de responsabilité. Et, c’est dans cette logique antirépublicaine que, lors de la campagne des dernières élections muncipales et régionales,des ministres pro-Rhdp ont osé déclarer devant des citoyens de ce pays,  qu’ils n’ont pas intérêt à élire à la tête de leur commune ou de leur région, des personnes n’ayant pas la possibilité « d’appeler le président de la République au téléphone » et lui présenter leurs préoccupations. En d’autres termes, le financement de projet par des fonds publics dans une circonscription donnée ne dépend plus des critères ou dispositions prévus par la loi sur la décentralisation ou des prévisions du Plan National de Développement (PND), mais des liens entre l’élu qui la dirige et chef de l’Etat. C’est peut-être cette façon de faire la politique qui expliquerait qu’une commune comme Koumassi, dans le District d’Abidjan, ait été ignorée malgré ses besoins d’investissements publics quand elle était dirigée par un maire favorable à l’opposant Henri Konan Bédié, et qui, après l’avènement du maire Rhdp Cissé Bacongo, a subitement bénéficié de lourds travaux d’assainissement dont le financement n’a pu venir que de l’Etat. Doit-on ainsi laisser souffrir pendant des années des contribuables au nom de la politique ? Est-ce normal dans la République définie et décrite par la Constitution ivoirienne ? Peut-on de cette façon construire une vraie Nation ? sûrement Non. Il s’agit au contraire de perpétuer la déchirure sociale et le règlement de compte politique. Car, s’il y a une chose dont nous tous sûrs, y compris les partisans du régime actuel, c’est que ce pouvoir n’est pas éternel. Et, demain arrivés aux affaires, les victimes d’aujourd’hui pourraient appliquer la même politique à leurs bourreaux d’hier. La grande perdante sera toujours la Côte d’Ivoire qui, faute de tolérance et de cohésion peinera à connaître un réel développement. C’est pourquoi, nous pensons que Kouhon Clément est une victime de trop de l’intolérance politique.

Cissé Sindou         

Partarger cet article

En lecture en ce moment

Presse : le SYNAPPCI partage ses préoccupations avec les patrons de presse

Alassane Ouattara se prononce sur la composition de la CEI