Réconciliation en Côte d’Ivoire : Les victimes de la crise post-électorale doivent prendre le train en marche





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La matinée de ce lundi 10 mai 2021 a été marquée, à Abidjan, par une manifestation des victimes de la crise post-électorale de 2011. Ils dénoncent, selon eux, "l’impunité" et réclament que les fonds qui seront reversés à Laurent Gbagbo relativement à son statut d’ancien chef de l’Etat, leurs soient octroyés à titre d’indemnisations. Si leurs exigences peuvent sembler légitimes a priori, la véritable problématique demeure l’opportunité de leurs actions.
Aujourd’hui, le terrain politique ivoirien est à l’heure de la réconciliation. Les leaders politiques, quels que soient leurs bords, prônent la cohésion et la solidarité. Laurent Gbagbo, en octobre 2020, au cours d’une interview sur la chaîne de télévision française, soutenait : "Négocier, parler ensemble, il est toujours temps de le faire". Comme pour dire que le temps des échauffourées est dépassé et qu’il faut aller à la discussion, seul "remède".
De son côté, le président Alassane Ouattara, son plus farouche adversaire lors de la présidentielle de 2010, a posé des actes allant dans le sens de l’apaisement. Une semaine après l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo et Blé Goudé par la Cour pénal internationale (CPI), il a clairement signifié qu’"ils sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent". Il a même fait savoir que " des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République".
C’est assez clair. Aucun de ses leaders n’est aujourd’hui dans une posture de belligérance. Chacun mettant en avant l’intérêt du pays. Alors pourquoi vouloir forcément créer des perturbations au moment où tout observateur avisé de la politique ivoirienne sent qu’il règne une atmosphère apaisée. Vouloir vaille que vaille attiser le feu ne s’explique pas. D’autant plus que les concernés ne peuvent plus être poursuivis devant aucune autre juridiction pour les mêmes délits. Dès lors, les propos de Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), soutenant que "tant que la situation des victimes n’est pas réglée, il n’y aura jamais de réconciliation ", ne sont pas de nature à apaiser les cœurs. Bien au contraire, ils réveillent les rancœurs et annihilent les efforts consentis par les dirigeants politiques.
Et sur ce point, le ministre des Transports, Amadou Koné, avait prévenu. Invité de la tribune de Le Patriote, le 6 mai, ce cadre du parti au pouvoir n’a pas manqué de signifier qu’il peut avoir des militants RHDP inquiets et des militants proches de Laurent Gbagbo qui sont gagnés par le triomphalisme.
"Ce n’est pas le plus important. Car le contexte a changé. L’essentiel, c’est de se donner la main, se pardonner puis avancer", avait-il conseillé.
Les victimes devraient donc le comprendre et prendre le train en marche. Parce que, pour une vraie réconciliation, chacun doit faire des sacrifices.

Modeste KONE

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