Les jeunes parlent, la Françafrique décide





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Après les applaudissements et toutes les émotions suscités par la joute verbale entre Emmanuel Macron et des jeunes de la société civile africaine le 8 octobre à Montpelier, l’Afrique devrait vite s’interroger sur l’impact réel de cet autre sommet France-Afrique.

Les interlocuteurs du Président français vendredi à Montpelier, ont dit tout haut ce que pensent la majorité des Africains. Ils ont surtout dit publiquement à la face de Macron des paroles que certains chefs d’Etat n’oseraient jamais prononcer même en privé devant leur homologue français. Qu’elles aient été spontanées ou mises en scène comme le murmurent certaines sources, les interventions des invités de la France ont le mérite d’avoir touché les griefs des Africains, à savoir : la soumission qui caractérise les rapports entre l’ancien ? colonisateur et ses anciennes ? colonies, le pillage des ressources des pays africains, etc. Après avoir acclamé ces jeunes pour leur audace, notre amertume se ravive davantage en constatant que cette jeunesse africaine, tout comme les sociétés civiles dont elle est issue, sont loin, bien loin d’être les décideurs. La réalité est connue de tous, c’est que dans leurs pays, ces jeunes n’ont même pas souvent la possibilité de s’exprimer de peur d’être réprimés. Et, même quand les plus courageux parviennent à le faire, leur avis sont rarement pris en compte par les dirigeants. Des dirigeants dont la plupart arrivent au pouvoir et s’y maintiennent par des voies non démocratiques. Avec l’aide de la même France, ils s’imposent par la force aux peuples. C’est donc là, sur leurs terres, que les peuples africains doivent sonner leur réveil, et non sur le territoire français dans le cadre d’un seul sommet. Ils doivent refuser de se laisser manipuler et diviser pour finalement être affaiblis et subir le diktat des chefs d’Etat complices de la France. L’histoire récente du Printemps arabe a montré que lorsque les peuples s’unissent contre des systèmes, ils sortent toujours vainqueurs. Mais, tant que certains citoyens préfèreront suivre leurs seuls intérêts partisans et égoïstes pendant que d’autres se battent pour la démocratie, notamment des élections transparentes et équitables, une justice non soumise, une gouvernance rigoureuse et l’affectation des ressources aux besoins réels des populations, il n’y aura plus de Présidents minoritaires à la tête de nos pays, plus de Présidents qui violent la constitution pour se maintenir au pouvoir, plus de Présidents inféodés à la France. L’Afrique n’aura alors que des dirigeants forts et indépendants vis-à-vis de la France parce que choisis par leur peuple. Ils préserveront la souveraineté et les intérêts de leurs pays sans crainte, car la France ne saurait imposer quoi que ce soit à tout un peuple. Mais, tant que les sociétés civiles en particulier, et les peuples en général, continueront de se laisser manipuler et de se taire devant les agissements des régimes corrompus, la France aura toujours sa Françafrique avec ses décideurs corrompus. Alors, les peuples resteront de beaux parleurs, tandis que les dirigeants africains soumis, continueront de décider avec la France, du sort de nos pays et leurs richesses.

Cissé Sindou     

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