A quelques jours de l'Assemblée générale de la Fédération ivoirienne de football ( Fif ) , Des présidents de clubs ivoiriens, ont adressé un courrier au président de la FIFA, Gianni Infantino, dans lequel ils dénoncent des agissements du Comité de normalisation dirigé par Mariam Dao Gabala.
LETTRE OUVERTE A LA FIFA
A
MONSIEUR GIANNI INFANTINO
Président de la FIFA Zurich, SUISSE
A
L’ATTENTION DE MADAME FATMA SAMOURA
Secrétaire Générale de la FIFA
Zurich, SUISSE
Monsieur le Président,
Nous, membres actifs de la Fédération Ivoirienne de Football, signataires de la présente note, venons attirer urgemment, votre aimable attention sur la délicate et délétère situation qui prévaut au sein de notre fédération.
Il convient pour une meilleure compréhension de notre exposé, de rappeler ceci :
L’année 2020 a vu expirer le mandat de l’ex-Comité Exécutif élu de la fédération, avec pour lui, l’obligation statutaire d’organiser l’élection d’un nouveau président et de son Comité Exécutif.
Répondant à cette exigence, le processus électoral a été ouvert à l’issue de l’Assemblée Générale Annuelle statutaire du 04 juillet 2020. Au cours de cette Assemblée Générale, les membres actifs ont procédé, entre autres sujets à l’ordre du jour, à l’élection d’une commission électorale indépendante et d’une commission de recours, toutes deux, chargées de conduire le processus jusqu’à son terme.
En application des textes réglementaires de la FIF, la commission électorale indépendante élue a enclenché le processus électoral.
Malheureusement, il est survenu au cours de l’examen des dossiers de candidatures, quelques divergences d’opinion entre le président de la commission électorale et les autres membres de ladite commission. Ces divergences portées à la connaissance de la FIFA, ont suscité de sa part l’ouverture d’une enquête diligentée en accord avec la CAF, laquelle enquête a abouti le 24 décembre 2020 à la décision de la FIFA de nommer à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football, un comité de normalisation.
Ce courrier du 24 décembre 2020 faisant office de décision est très important à rappeler ici, parce qu’il détermine le contenu du mandat de ce comité de normalisation.En d’autres termes, il fixe le cadre juridique du mandat du comité de normalisation et le définit comme suit :
- Gérer les affaires courantes de la FIF ;
- Réviser partiellement les statuts et le code électoral de la FIF (lorsque nécessaire dans le contexte des élections) afin de garantir leur conformité avec les statuts et les exigences de la FIFA et veiller à leur adoption par l’assemblée générale de la FIF ;
- Réviser les statuts de certaines parties prenantes ;
- En dernier lieu, agir en qualité de commission électorale en premier et dernier ressort pour l’organisation de l’élection d’un nouveau Comité Exécutif de la FIF sur la base des statuts et du code électoral révisés.
Les membres composant ce comité de normalisation ont été désignés par la FIFA dans un courrier daté du 14 janvier 2021.
Monsieur le Président, depuis la prise de fonction du comité de normalisation, il nous est donné de faire les constats ci-après.
I. DE LA PARTICIPATION DU COMITE DE NORMALISATION AU CONFLIT A LA
FIF
Le comité de normalisation s’est livré régulièrement pendant toute l’année 2021, période limitant la durée de sa mission, à des allégations et imputations de faits portant des accusations sur l’ex- Comité Exécutif élu de mauvaise gestion, de malversations et de tous les maux, dès sa prise de fonction.
Ces accusations erronées ont été orchestrées de façon insidieuse, assidue, méthodique, par voie de presse, en utilisant des relais sur tous les réseaux sociaux. Curieusement, certaines de ces accusations reprenaient à l’identique, celles également injustifiées d’un groupe de clubs dissidents regroupés depuis novembre 2017 au sein de ce qui est communément appelé ici le GX.
Par des actes maladroitement posés, le comité de normalisation a contribué à accentuer la fracture au sein de la famille du football ivoirien.
En effet, au lieu de travailler à rassembler les membres actifs par des actions de recherche constante de consensus, entre autre, le comité de normalisation a démontré de manière claire et évidente, sa proximité avec un groupe dont certains des leaders sont même devenus ses conseillers occultes et/ou connus. La promptitude à les recevoir, à tenir des réunions avec eux et à les associer à la prise de ses décisions, est notoirement connue des acteurs du football ivoirien.
A l’opposé et au détriment d’un grand nombre d’autres clubs majoritaires et, réputés non membres du GX qu’il regarde comme étant des adversaires, la non réponse systématiquement réservée aux correspondances à lui adressées par ces autres clubs, les accointances et le mépris ainsi clairement affichés envers ledit groupe, ont contribué indubitablement à accentuer et exacerber la division au sein de la famille du football ivoirien.
Monsieur le Président, c’est dans cette ambiance délétère que nous sommes malheureusement au regret de venir porter à votre aimable connaissance que plus d’un an après la mise en place de la décision de la FIFA, la famille du football ivoirien est plus que jamais divisée à cause de la gestion nettement partiale de vos mandants qui n’ont pas pris la pleine mesure de la complexité du dossier FIF.
II. DU RECOURS A DES AUDITS ORIENTES
Dans l’accomplissement de cette autre mission qu’il s’est auto assigné ou qu’il tient peut-être d’une feuille de route cachée, le comité de normalisation a eu recours à des audits orientés dont la méthodologie ou le processus ne respecte pas à minima, la règle du contradictoire. De ces audits, des informations manipulées ont fait l’objet de conférences de presse desquelles des commentaires et des accusations graves visant les membres de l’ex-comité exécutif, ont été proférés.
Les résultats desdits audits ont été également manipulés pour servir d’informations ayant alimenté les réseaux sociaux. Ceci a même poussé le cabinet international d’audit ERNST &
YOUNG à contraindre le comité de normalisation à produire un communiqué pour démentir l’authenticité du rapport d’audit qui s’est retrouvé curieusement sur les réseaux sociaux et qui lui était imputé.
Ces audits orientés ont été faits dans l’unique but de trouver des fautes de gestion à l’encontre des membres de l’ex- Comité Exécutif, candidats à l’élection à la présidence de la FIF et de ternir ainsi leur image.
III. DE LA METHODE AUTOCRATIQUE DE REVISION DES TEXTES.
Monsieur le Président, relativement à la révision des textes, le premier constat que nous faisons est que la méthode utilisée par le comité de normalisation n’est pas la bonne.
En effet, le comité de normalisation n’a quasiment pas pris en compte les propositions de révision ou d’amendement des textes faites par un groupe des membres actifs.
Le comité de normalisation n’a jamais daigné les transmettre en l’état aux membres actifs comme l’exigent les statuts, en vue de leur adoption en Assemblée Générale. Il s’est contenté de leur envoyer les seules propositions de révision arrêtées par lui et sur lesquelles il leur demande de se prononcer, justifiant sa méthode par le fait que cette mission lui a été assignée par la FIFA et non par les membres actifs.
Autrement dit, pour le comité de normalisation, il n’est pas tenu par les propositions des membres actifs car de par son mandat il lui revient de proposer les textes à réviser et non aux membres actifs.
C’est ainsi qu’il a jugé plus pertinent de soumettre d’abord et en priorité ses propositions de statuts et de code électoral à la FIFA et à la CAF pour recueillir leurs observations. C’est seulement après le retour des dites observations de ces deux instances, que le comité de normalisation a jugé opportun de les mettre à disposition des membres actifs.
Le deuxième constat relevé par les membres actifs est le suivant : le comité de normalisation est sorti de sa mission, ou du moins il est allé au-delà de son mandat en ce qui concerne la révision des textes.
En effet, au vu de la décision de la FIFA du 24 décembre 2020, nous persistons à croire qu’il ne lui a pas été demandé de proposer de nouveaux statuts et un nouveau code électoral, mais de réviser partiellement ceux-ci lorsque nécessaire dans le contexte des élections.
La FIFA, suite à son enquête et tirant les enseignements sur les points de blocage du processus électoral, définissait donc le mandat ou la feuille de route du comité de normalisation à savoir que les textes actuels n’ont besoin que d’une révision partielle et en plus si cela est nécessaire dans le contexte des élections. Autrement dit, si cela n’est pas nécessaire, il faut s’abstenir pour gagner du temps.
Or il a été donné de constater que le comité de normalisation a passé tout son temps (à dessein nous le croyons) à faire autres choses que ce qui est nécessaire.
Le résultat des courses, au 31 décembre 2021, date de la fin de son mandat, il s’est retrouvé hors délai, incapable de boucler sa mission.
Quels constats faisons-nous de cette attitude du comité de normalisation ?
Le comité de normalisation :
- Est notoirement partial ;
- Est devenu, de par cette partialité, partie prenante au conflit au sein de la FIF donc acteur ;
- A échoué dans les missions de neutralité, de modérateur et de pacificateur de la famille du football ivoirien qui devraient être les siennes ;
- En définitive, a perdu toute crédibilité aux yeux des membres actifs et de l’opinion publique pour conduire le processus électoral de façon indépendante, transparente, et impartiale.
De tout ce qui précède, nous avons l’intime conviction que le comité de normalisation conduit par Madame Mariam DAO GABALA, ne pourra organiser d’élection libre, inclusive, transparente, crédible et acceptable par la majorité des membres actifs de la FIF. Nous nous acheminons inéluctablement vers des contentieux électoraux qui auront pour conséquence la destruction de notre fédération, donc du Football ivoirien.
IV. DES SOLUTIONS A METTRE EN ŒUVRE EN URDENCE
POUR RAMENER DE LA SERENITE AU SEIN DE LA FAMILLE DU FOOTBALL IVOIRIEN, IL FAUT FAIRE DESIGNER ET/OU ELIR DES ORGANES INDEPENDANTS ACCEPTES PAR LES MEMBRES ACTIFS POUR CONDUIRE LE PROCESSUS ELECTORAL.
Aussi, proposons-nous la mise en place d’une nouvelle commission électorale et d’une commission de recours, ce pour les raisons abondantes ci-dessus évoquées mais aussi pour celles-ci-après :
1. La formule retenue par la FIFA consistant à faire du comité de normalisation, à la fois la commission électorale et la commission de recours parce que statuant en premier et dernier ressort, est contraire aux standards internationaux de modernité, de démocratie et d’indépendance en matière d’élection.
En effet, il nous parait anachronique que l’organe exécutif se retrouve en même temps à conduire un processus électoral, à être également le juge et le seul juge de cette élection, c’est-à-dire devant qui il n’y a pas de voie de recours. Toutes les organisations modernes partout dans le monde, ne procèdent plus de cette façon. La conduite des processus électoraux n’est pas confiée à l’organe exécutif, mais à un organe indépendant parce qu’élu. Et devant cet organe, il est prévu des voies de recours que les candidats peuvent user lorsque leurs droits ont été froissés.
2. C’est du reste conscient de cela, que la FIFA dans le cadre de sa récente décision de normalisation de la fédération guinéenne de Football a rectifié son approche et donné pour mission au comité de normalisation de faire élire en assemblée générale, de nouvelles commissions électorale et de recours, chargées de conduire le processus électoral.
Dans le cas de la FIF, il est urgent et nécessaire de recourir à cette formule ou solution pour garantir une élection libre, juste et transparente qui n’est pas conduite pas un organe exécutif qui souffre notoirement de sa partialité et de son manque de transparence et d’indépendance.
Si les choses demeurent en l’état dans le cas de la FIF, nous allons inévitablement vers des élections bâclées. Tous les germes d’une crise postélectorale et d’un contentieux électoral ont été consciemment ou inconsciemment mais savamment plantés par le comité de normalisation.
C’est pourquoi, nous souhaitons respectueusement à travers cette note, que vous preniez une décision urgente allant dans le sens de la mise en place d’une commission électorale et d’une commission de recours qui seront désignées en Assemblée Générale par les membres actifs pour conduire le processus électoral.
Dans cette attente,
Veuillez croire, Monsieur Président, en l’expression de nos sentiments distingués.
Fait à Abidjan, le 16 février 2022.
Les clubs membres actifs signataires
Jeunesse Athlétique club de Zuénoula
Racing club de Koumassi
Club Omnisports d’Abidjan
Yopougon FC
Académie Talentuos
Entente sportive de Bingerville
Espoir de koumassi
USCB Bassam
Songon FC
Cosmos FC
Union des clubs de Niablé