Le prix de la réconciliation





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Le pays des hommes intègres est à la croisée des chemins. Entre les putschistes qui ont déstabilisé les institutions de la République et les djihadistes qui tirent sur tout ce qui bouge, le pays ne sait plus à quel saint se vouer. Aujourd’hui, une bonne partie du territoire burkinabé échappe au contrôle de l’Etat. Les bandes armées, les voyous et trafiquants de tout acabit règnent en maître absolu.

Depuis le départ de Blaise Compaoré, de triste mémoire, son pays a amorcé une pente descendante qui a fini par agacer les populations. Jeudi, le président Damiba, conscient de ce que l’union des forces vives du Burkina est impérative pour ressouder les morceaux du tissu social déchiqueté, a fait appel au « beau » Blaise et à ses anciens collègues présidents du Faso pour amorcer la réconciliation nationale. Malgré les risques évidents, Compaoré s’est rendu dans son pays. Mais comme il fallait s’y attendre, certaines personnes ont vu d’un très mauvais œil cette main tendue du président Damiba, qui est en réalité la seule option pour sortir le pays de l’ornière.

Ils préfèrent entretenir les vieilles querelles et les ressentiments au lieu de penser à l’avenir de pays qui est en pointillé avec la menace terroriste. Roch Marc, l’un des bénéficiaires du coup de force contre Blaise, et ses partisans ont boycotté la rencontre au sommet. Qu’à cela ne tienne. Apres trois jours chez lui, Blaise est revenu Samedi à Abidjan. Mais les burkinabé doivent savoir que la réconciliation n’est pas un dîner-gala. Elle a un prix qu’il faut payer.

L’exemple ivoirien est là, juste en face, pour édifier le pays des hommes intègres. Ouattara et Gbagbo se sont embrassés sur la joue or, il n’y a pas longtemps, ils se sont affrontés à mort. 3000 Ivoiriens ont perdu la vie dans des affrontements. Mais malgré ce bain de sang, au nom de la réconciliation nationale, ils ont décidé de tourner la page, de scruter l’avenir au lieu de regarder dans le rétroviseur. De même, Charles Blé Goudé qui était le chef de l’ex-galaxie patriotique, malgré sa condamnation à 20 ans de prison est sur le sur point de regagner son pays. Comme quoi au nom de la réconciliation, on doit pardonner. C’est vrai qu’il faut déplorer et condamner le lâche assassinat de Thomas Sankara mais il faut tourner la page.

Le pays est menacé dans son existence par des gens pires que les assassins de Thomas Sankara. Des marchands de la mort. Ils tuent à l’aveuglette. Ce sont des barbares de la pire espèce qui n’épargnent ni les militaires ni les pauvres paysans encore moins les animaux domestiques. Ils sont sans foi ni loi. Face à ces gens, le Burkina Faso n’a pas 10.000 choix. Il faut impérativement l’union de toutes les forces vives du pays pour vaincre ce péril qui a provoqué l’exode de deux millions d’habitants. Si, par sa partition, Blaise peut aider à bouter les djihadistes hors du Burkina, pourquoi s’en priver ? Quand votre maison brûle, est-il logique de se soucier de la qualité de l’eau qu’on veut utiliser pour éteindre l’incendie ? En tout état de cause, si les Burkinabés avaient à choisir entre les terroristes et Blaise Compaoré, très peu choisiraient les fous de Dieu.

Ils sont d’ailleurs très nombreux aujourd’hui les burkinabés nostalgiques des années Compaoré.

Comme quoi, le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu.

SW

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