Vive le réveil des nations !





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Jusque-là c’était à prendre ou à laisser. Ou tu reconnais et tu acceptes que les Etats-Unis sont les maîtres de la terre et tu suis aveuglement leur politique ou tu crois le contraire et tu vis en réclusion. De très nombreux pays, à commencer par les Européens qui ont tout confié à l’Amérique, leur sécurité y comprise, ont dit oui au pays de l’oncle Sam. Conséquemment, ils acceptent le dollar comme la tutelle de toutes les monnaies du monde, la culture américaine comme la première au monde. Bref, tout ce qui est fait par les Américains, véritables bénéficiaires de l’après-guerre, comme étant au-dessus de tout.

Depuis 1945 (77 ans aujourd’hui), date de la fin de la Seconde guerre mondiale, le monde vit sous le diktat des vainqueurs de cette guerre. Ils ont créé un système économique, financier, politique, diplomatique qui régente le monde. Que ce soit l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Unesco, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) etc., toutes ces structures ont un seul et même objectif : faire croire que les vainqueurs de 1945 sont les créateurs du monde, des demiurges qui doivent en imposer aux autres.

Désormais, c’est fini. Nous vivons le temps du réveil des nations. Celles-ci ont fini par voir, enfin, la réalité qui frappait bruyamment à leurs portes. Celle qui veut que les nations qui peuplent le monde ne soient pas identiques. Et qu’il n’est point question que les unes veulent imposer leur modèle aux autres. Parce que chaque zone, chaque région, chaque nation est une aire géographique donnée, une civilisation à part entière. Plus question donc d’ignorer sa culture, son histoire et son modèle dans les échanges.

Les pays asiatiques sont sans doute les premiers à avoir compris l’idée du philosophe qui soutient que « pour voir, il faut vouloir voir ». Eh bien, ils ont écarquillé leurs yeux et ont découvert qu’il y avait un chemin qui mène à leur bonheur. Ils ont alors pris la résolution de le prendre. Un chemin qui prend en compte toutes les réalités du monde. Et comme aime à le répéter le géo-stratège français Jean-Baptiste Noé, on peut vouloir vivre comme les Européens, vouloir la modernité mais sans l’occidentalisation. Tout comme on peut vouloir porter les baskets Nike sans être dans l’américanisation.

Très clairement dit, on peut être Asiatique, Africain et échanger avec l’Occident sur la base de ses propres symboles et valeurs. C’est, partant de ce principe fondateur que les Asiatiques ont décidé, souverainement, de créer leurs propres structures de négociation. Celles-ci ont vocation, sur la base de la spécificité de chaque nation, à être des alternatives aux institutions de Breton Woods basées aux Etats-Unis qui ne tiennent compte que de la spécificité de chaque pays vainqueur de la guerre.

Tout bien pesé, c’est cette même idée de la prise en compte des spécificités de chaque nation et la meilleure représentation des idées de ces pays qui ont présidé à la création des BRIC en juin 2009 puis BRICS en 2011. Ces cinq pays dont le nombre va grandir bientôt (de nombreux pays frappent à la porte) grâce aux objectifs nobles qui sont les leurs, ont même décidé de créer une banque. Appelée la Nouvelle Banque de Développement (en anglais New Development Bank) elle a été créée en 2014 et est devenue opérationnelle depuis 2016. Comme son nom l’indique, c’est une banque de développement.

Son ambition est claire : « Mobiliser des ressources pour des projets d’infrastructure et de développement durable dans les BRICS et d’autres économies émergentes et pays en développement, en complément des efforts existants des institutions financières multilatérales et régionales pour la croissance et le développement mondiaux ». Le 12 septembre 2016, elle a approuvé un prêt de 7 milliards de Rands soit 476,4 millions d’euros en faveur de l’agence publique sud-africaine chargée du réseau routier. C’est dire combien il faut compter désormais avec la NDB Brics.

Son président est un ancien de la banque asiatique de développement. Il s’appelle Kundapur Vaman Kamath. Il est connu sous le nom KV Kamath. C’est un Indien. Le Conseil des représentants est présidé par la Russie. Le Sud-Africain Leslie Maasdorp, directeur financier, est par ailleurs vice-président comme trois autres. Quant au Conseil d’administration, il est composé des ministres des Finances de chaque pays. Enfin, le siège de la Banque est à Shanghai, en République populaire de Chine.

C’est historique. C’est un coup de tonnerre. Comme on peut le voir aisément, ceux qui ont prédit le réveil des nations et, subséquemment, le déclin de l’occident ne sont pas loin d’avoir eu raison trop tôt.

Abdoulaye Villard Sanogo

 

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