Si rien n'est fait, la COTRAF finira par fermer ses portes faute de matière première
La filière coton est secouée par une grave crise qui a entraîné une chute de la production nationale de 50 %. Selon les chiffres en notre possession, pour la campagne 2022-2023, on enregistrait à fin mars 2023, une production de 236.175 tonnes. Là où, la campagne précédente, elle, s'élevait à 539.623 tonnes. Soit un gap de 303.448. Largement en dessous des prévisions.
Conséquence immédiate, toute la chaîne de production se retrouve en difficulté. Déjà, à Korhogo, une usine de trituration des graines de coton et de raffinage d'huile végétale, la COTRAF, a été contrainte de mettre au chômage technique 280 employés.
Cette unité industrielle, qui a suscité beaucoup d'espoir non seulement dans la filière, mais également chez les populations de la région du Poro, a été ouverte en 2014. En plus de la création de 5 170 emplois, elle permettait une transformation locale des produits issus du coton. Mais, au dire des infortunés employés, l'usine est aux arrêts depuis février 2023.
La raison principale, toujours selon nos sources, est que l’usine qui a une capacité de production de 380.000 tonnes de graines de coton par an, n’a reçu que 23.000 tonnes. Une quantité à peine suffisante pour tourner pendant 2 mois. Elle a donc été contrainte de mettre 280 collaborateurs au chômage technique, en plus des 1.200 journaliers dont la collaboration a été interrompue.
En fait, les problèmes de la filière coton ont été déjà identifiés, comme nous ont confié des acteurs du secteur. La première raison relève des jassides qui sont des insectes ravageurs piqueur-suceur du cotonnier en Côte d’Ivoire. Leurs effets sont néfastes sur le cotonnier au point qu'ils causent une baisse considérable de la production.
La menace est si réelle qu'en octobre 2022, le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, avait effectué une mission urgente d’observation et de rencontre avec les producteurs dans le Nord du pays.
L'autre menace, c’est la création de petites unités artisanales qui ne respectent nullement la clé de répartition arrêtée par les acteurs eux-mêmes. Là où la COTRAF n'a reçu que 23.000 tonnes de graines, celles-ci en ont reçu 80.000. Plus grave, selon un confrère qui a décrit la situation, ces dernières qui devraient vendre leur production d'huile brute à la COTRAF, préfèrent la détourner en direction des pays limitrophes.
Au total, la filière est gangrenée par les jassides, mais également par les petites unités artisanales qui ne respecteraient rien. Si l'État n’y jette pas un regard, il faudra craindre que la filière ne disparaisse et avec elle les unités industrielles telles que la COTRAF et son lot de chômeurs.
Modeste KONÉ