Dispositif d’assistance aux réfugiés burkinabé : comment anticiper sur d’éventuels problèmes





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L’État de Côte d’Ivoire a mis en place un dispositif d’assistance aux réfugiés venus des pays limitrophes, particulièrement ceux venus du Burkina Faso qui traverse une crise sécuritaire. Ainsi, des sites ont été aménagés pour accueillir les demandeurs d’asile. À Nioronigué, dans le département de Ouangolodougou, 495 abris ont été construits en terre battue pour leur offrir gîte et couverts.

 

Si dans le fond, le processus d’assistance aux réfugiés est en soi une preuve de solidarité envers les ressortissants de pays frères fuyant l’insécurité dans leur nation d’origine, il est bon de noter quelques inquiétudes soulevées par les populations d’accueil elles-mêmes et qui, si l’on observe bien, sont légitimes.

 

Lors de la visite du Conseil national de sécurité (CNS) avec tous ses partenaires sur le projet, le chef du village de Nioronigué avait émis une préoccupation : « Allez dire au président de la République que nous avons accueilli les réfugiés, mais on a peur. Sans même les connaître, nous les avons accueillis. Parmi eux, il y a des personnes bien. Mais il y en a certainement d’autres qui sont moins bien. Mais nous les avons accueillis quand même ». Des propos qui montrent bien les craintes des populations hôtes.

 

En fait, ce n’est un secret pour personne qu'un flux migratoire d’un grand nombre de personnes comporte aussi bien des gens de bonne foi que de mauvaise foi. Certains aux idées peu catholiques s’infiltrent, se font prendre en charge pour mieux frapper au moment opportun. On se souvient encore que, fuyant les actes terroristes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, des réfugiés s’étaient installés dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Si la cohabitation était pacifique au départ, au fil du temps, elle a fini par se dégrader. L’on avait fini par voir le vrai visage de certains demandeurs d’asile qui se sont par la suite transformés en coupeurs de routes, orpailleurs clandestins, etc. D’autres encore s’étaient appropriés des terres cultivables par la force, créant des conflits fonciers avec pertes en vie humaine par endroits.

 

L'autre crainte des populations concernent les terres qu’elles ont mises à la disposition des réfugiés. Aussi bien pour la construction des abris que pour faire des champs afin de se prendre en charge. Il ne faut pas se voiler la face. Même si le président de la République a souhaité que les choses rentrent dans ordre très vite dans les pays des demandeurs d’asile afin qu’ils y retournent, la réalité est que tous n’emprunteront pas le chemin du retour. L’être humain a pour habitude de se sédentariser là où il se sent le mieux. Les réfugiés se marieront, feront des enfants, s’adonneront à des cultures pour être autonomes. Dans une telle situation, il n’est pas évident qu’ils laissent tout derrière eux pour aller commencer à zéro une autre vie. Sans oublier les enfants qui naîtront des mariages contractés en exil. Leur progéniture, acceptera-t-elle de laisser les terres sur lesquelles leurs parents ont cultivé ? Reconnaîtront-ils même que ces terres appartenaient à l’origine aux autochtones ? Pas si évident.

 

Attention également à l’infiltration de membres de groupes terroristes. Leurs modes opératoires sont désormais connus. Ils s’infiltrent, s’intègrent et finissent par frapper quand ils sont actionnés. Recenser un individu comme le fait actuellement le CNS et le HCR est certes une bonne chose pour une meilleure prise en charge, mais ça ne permet pas d’identifier un terroriste ou une cellule dormante. La vigilance doit donc être de mise.

 

Autant de préoccupations sur lesquelles il faut agir dès maintenant pour éviter des conflits inutiles à l’avenir. Mais surtout pour garantir la sécurité des personnes qui ont accueilli ces réfugiés. C’est ce qu'on appelle anticiper.

 

Modeste KONÉ

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