Affaire Indice de développement : curieuse coïncidence à Abidjan





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Ça ne nous a pas échappé. Elles ne sont pas des adeptes des faux feux, les fumigènes à usage récréatif qui fabriquent des fumées. Avec les institutions financières internationales, derrière la fumée produite, il y a toujours du vrai feu. Et ça brûle. Le 20 juin dernier, les Ivoiriens ont appris de la bouche du président du PDCI en meeting politique à Soubré, que le pays d’Houphouët-Boigny est parmi les 30 derniers au classement de l’Indice de développement humain (IDH).

« Il y a quelque chose qu’on appelle l’Indice de développement humain (IDH). Ça mesure pour tous les pays, l’espérance de vie, c’est-à-dire jusqu’à quel âge les gens vivent et le niveau d’éducation. Il est publié chaque année. La Côte d’Ivoire vient de passer de la 159e à la 166e place. Nous sommes 166e sur 193 pays. Nous sommes dans les trente derniers du monde. Ce n’est pas Tidjane Thiam qui le dit, ce sont les chiffres officiels. (…) Ce n’est pas une attaque politique, c’est un fait », a révélé Cheick Tidjane Thiam, à Yacolidabouo devant une foule compacte médusée.

Dans son explication, le nouveau président du principal parti d’opposition a indiqué que si le pays affiche des chiffres record de 6 et 7 % de croissance, ce résultat est à mettre sur le compte des habitants de ce pays qui travaillent d’arrache-pied pour l’obtention de ces chiffres qui font honneur à la sous-région. Pour lui, en retour, l’Etat devrait prendre appui sur ces chiffres pour garantir la sécurité alimentaire, l’éducation et ainsi faire monter l’espérance de vie qui a, selon lui, dégringolé drastiquement en se référant aux chiffres du rapport 2023-2024 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur l’IDH.

A peine rentré de Soubré où son analyse sur l’IDH a fait sortir le gouvernement de ses gonds pour contextualiser le rapport du PNUD, ce sont les parlementaires de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui débarquent à Abidjan. La forte délégation que conduit la députée et ministre des Affaires juridiques et constitutionnelles de la Jamaïque, Mme Marlene Forte, avait une mission précise. Ce Réseau parlementaire de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international est arrivé en Côte d’Ivoire pour la mise en place du réseau national du parlement.

Lequel réseau national devrait s'assurer que les programmes et les projets financés par le FMI et la Banque mondiale ont un impact réel sur les populations. Selon la presse, elle a rappelé que « L'objectif est de garantir que les projets sont correctement financés et que les parlementaires se rendent redevables aux différents votes exécutifs. Ils doivent également communiquer et parler de l'impact de ces projets dans la vie des populations au sein du groupe parlementaire de la Banque mondiale ». En clair, de l’avis de spécialistes, avec ce Réseau, les parlementaires devraient dorénavant « se rendre compte de ce à quoi ont servi les fonds alloués par les deux institutions financières internationales à leurs pays dans le cadre du développement de l’indice humain ».

De là à voir dans la sortie de Thiam sur l’IDH à Soubré et l’arrivée en Côte d’Ivoire des parlementaires de la Banque mondiale et du FMI qui interviennent sur le même thème, sinon une alliance du moins une coordination des actions en vue de mettre une forme de pression sur le gouvernement dans le but de le pousser à améliorer ses performances en matière de développement humain. Et si c’était tout simplement une coïncidence, le discours de Thiam et la création en Côte d’Ivoire du Réseau national des parlementaires de la Banque mondiale et du FMI en vue de veiller pleinement à l’utilisation des fonds octroyés par ces deux institutions financières internationales ?

« Une coïncidence ? Pourquoi pas ? », répond un fonctionnaire international qui ajoute précipitamment : « Sauf qu’avec l’actualité politico-financière et sociale du moment, il est peu probable que ce ne soit pas une coordination. Et puis, là-bas, il n’y a jamais de fumée sans feu ». Pour ce spécialiste des relations internationales, c’est au vu des chiffres de la croissance de la Côte d’Ivoire et de ceux de l’indice de développement humain que les parlementaires ont visiblement décidé de venir installer leur réseau dans notre pays. Ils n’ont sans doute pas la preuve que leurs homologues députés ont un œil sur le dispatching des fonds qui proviennent de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.  

Abdoulaye Villard Sanogo

 

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