Adjamé 80 logements sans ses arbres et ses commerçants
Le quartier d’Adjamé Liberté a connu une visite surprise au lendemain des fêtes de fin d’année.
Selon un boutiquier à Adjamé 80 Logements, non loin de Fraternité Matin, « le 2 janvier 2025, j'ai vu une voiture stationner. À ma grande surprise, c'était Monsieur le gouverneur du district en personne. Il m’a chargé d’informer les autres commerçants de quitter la zone, car il allait y avoir un déguerpissement. Automatiquement, j'ai commencé à prévenir tout le monde. Les jours qui ont suivi, ils sont effectivement venus nous déguerpir. Hormis cette annonce du gouverneur, nous n’avions reçu aucune notification officielle au préalable », explique-t-il.
Le constat sur place est fort visible. La scène est aussi surprenante qu’une note de violon jouée par le diable. Ces commerçants du secteur informel, encore plongés dans l’euphorie des fêtes, ont vécu un réveil brutal. Non loin du rond-point menant au quartier des 80 Logements, le tableau est saisissant de tristesse : tous les commerces présents, notamment des ventes de « garba », des cabines téléphoniques, des services de lavage auto, des maquis, des restaurants, ainsi que des prestataires en informatique et mobile money, ont été rasés sans ménagement.
Le plus remarquable, c’est que même les arbres offrant de l’ombre, où des passants fatigués trouvaient refuge face à la chaleur Abidjanaise, ont été déracinés, laissant un vide total. De la direction des 80 Logements jusqu’à Liberté, le lieu est devenu méconnaissable. Ce vide laisse un champ de vision dégagé comme dans le désert.
Face à l'obstination des vendeurs ambulants dans la commune, les agents de déguerpissement ont franchi un nouveau cap. Cette fois, ils ont brulé les étals sur le goudron afin de dissuader les vendeurs de revenir, une action qui a tout de même détérioré le goudron.
« Le tas de charbon que vous voyez là, ce sont nos tables et étals, sur lesquels nous accrochions nos marchandises. Une nuit, en pleine période des fêtes, ils sont venus et ont tout brûlé, juste après nous avoir chassés. Nous nous débrouillons comme nous pouvons », témoigne un autre commerçant.
DK