Ousmane Gbané, directeur général de l’Office National des Sports, met en lumière les stratégies de gestion et d’exploitation durable des infrastructures sportives héritées de la CAN 2024
Avec 6 stades aux normes internationales, 24 terrains d’entraînement, 3 cités et 1 hôtel CAN, repartis à Abidjan, San Pedro, Yamoussoukro, Bouaké, et Korhogo, la Côte d’Ivoire bénéficie d’un riche héritage laissé par la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui a eu lieu du 13 janvier au 11 février 2024. Cet héritage était au cœur d’une émission diffusée récemment sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne, où Ousmane Gbané, Directeur Général de l’Office National des Sports (ONS), a détaillé les retombées et les stratégies mises en place pour valoriser ces infrastructures.
Un impact économique significatif
Selon M. Gbané, « Les ressources engrangées pendant la CAN n’ont pas directement profité à l’ONS, mais de nombreux opérateurs économiques ont bénéficié de l’impact économique de cette organisation. Les villes hôtes ont vu leurs infrastructures urbaines renforcées, notamment les routes, les hôpitaux et les aéroports. Cela a eu un impact direct sur la vie des citoyens et des populations. »
Il a également souligné que « tous les opérateurs économiques de divers secteurs d’activité ont réalisé de très bonnes affaires. Cela démontre que le sport peut être une activité génératrice de richesse avec un réel impact sur l’économie d’un pays. »
Entretien et exploitation des infrastructures
Concernant l’entretien des stades, le DG de l’ONS a affirmé : « Il n’est pas du tout difficile pour l’ONS d’entretenir les stades, car le gouvernement met les moyens nécessaires pour maintenir ces infrastructures. Cependant, la stratégie que nous devons mettre en place consiste à réduire autant que possible notre dépendance vis-à-vis de l’État. Effectivement, au départ, il sera indispensable de recevoir des ressources étatiques, mais nous avons élaboré une stratégie d’exploitation visant à diminuer progressivement l’intervention de l’État. Je ne suis pas convaincu que nous pourrons un jour nous affranchir totalement des ressources de l’État, mais je suis persuadé que, d’ici quatre ou cinq ans, nous pourrons réduire cet appui de 40 à 50 %.. »
Sur les revenus générés, il a ajouté : « Les principales ressources proviennent des publicités. De 2024 à 2025, nous avons enregistré une augmentation de plus de 30 % des revenus publicitaires, et nous visons à dépasser ce chiffre d’ici la fin de l’année 2025. »
Les stades pour le championnat local et autres activités
M. Gbané a précisé que les stades sont déjà utilisés pour le championnat local. « Nous travaillons en parfaite symbiose avec la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) pour accueillir des matchs importants. Bien qu’il n’y ait pas encore beaucoup d’affluence, la FIF mène des actions pour ramener les supporters dans les gradins. »
Les stades ne se limitent pas aux compétitions sportives. « Partout dans le monde, les infrastructures accueillent aussi des événements culturels et des concerts. Nous avons récemment testé des plaques de protection pour les pelouses à Bingerville, et les résultats sont concluants. Le premier concert sur un de nos stades est prévu pour mars 2025. »
Pour promouvoir ces infrastructures, l’ONS prévoit des journées portes ouvertes du 4 au 11 février 2025. « Nous voulons que les populations découvrent les services que nous offrons. Par exemple, le Stade Olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé dispose d’un studio TV et d’un studio radio », a déclaré le DG.
Retour sur l’inondation du stade d’Ebimpé
Le DG de l’ONS est également revenu sur l’inondation de la pelouse du stade d’Ebimpé lors du match amical entre la Côte d’Ivoire et le Mali avant la CAN. Pour lui, ce mauvais a démontré la capacité de la Côte d’Ivoire à relever de grands défis, en mettant en place de nouvelles stratégies pour prévenir ce genre d'incidents. Le Dg de l’ONS a rassuré que, grâce à l’entretien rigoureux des infrastructures, il est désormais impossible que le stade d’Ebimpé subisse de telles inondations. « Les efforts pour maintenir la qualité des pelouses ne faibliront pas. », a-t-il ajouté.
Les ambitions de la Côte d’Ivoire pour les événements sportifs
M. Gbané a exprimé les ambitions du pays : « Nous voulons devenir un hub pour l’organisation d’événements sportifs. Récemment, 7 nations sans stades homologués ont accueilli leurs matchs en Côte d’Ivoire. De plus, nous organiserons la CAN U20 en avril et mai prochains. Cela prouve que nous avons les compétences et les infrastructures pour relever de grands défis. »
« Le plus grand héritage de la CAN 2024, ce sont les compétences renforcées des Ivoiriens qui ont permis d’organiser une compétition qualifiée de meilleure CAN jamais réalisée. Ces compétences, notamment en logistique et audiovisuel, sont aujourd’hui exportables », a-t-il souligné.
Le DG de l’ONS a identifié trois défis principaux à savoir maximiser les ressources issues de l’exploitation des infrastructures pour alléger l’intervention de l’État, maintenir ces infrastructures en parfait état, et assurer une transmission réussie aux générations futures.
La tarification pour la location des stades
Enfin, il a expliqué la politique tarifaire des stades ivoririens : « Les tarifs de location sont fixés par un conseil de gestion et varient selon la capacité des stades. Par exemple, nous multiplions le nombre de places par 1 000 FCFA. Ces infrastructures sont au service des citoyens et de la jeunesse ivoirienne. Nous invitons tous les organisateurs d’événements à nous solliciter. »
Avec cet héritage, la Côte d’Ivoire affirme sa position comme acteur incontournable des grands événements sportifs en Afrique.
Gaël ZOZORO