Jeu dangereux





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Au lieu de chercher à dénouer en toute responsabilité le blocage du dialogue politique pour aller vers une élection présidentielle crédible et inclusive en 2020, le pouvoir Rhdp semble avoir opté pour un passage en force dangereux pour le pays.

Face aux exigences de l’opposition significative, le régime Ouattara a opté pour le comportement qui le caractérise le plus : le dédain. Evitant le sursaut attendu de tout pouvoir pour réussir un dialogue franc et inclusif, legouvernement a choisi la fuite en avant. Il tente de tromper l’opinion en brandissant les résultats douteux de ses échanges,la semaine dernière,avec des interlocuteurs qui comptent peu dans l’échiquier politique. On ne peut reprocher au FPI d’Affi N’Guessan, au GP-Paix d’Henriette Lagou, à la Poeci et autres organisations de la société civile d’avoir participé à ces pourparlers organisés au Plateau. Il faut cependant reconnaître que mises ensemble, ces structures ne peuvent avoir sur la prochaine présidentielle le tiers de l’influence des opposants ayant boycotté cette rencontre. Le Pdci d’Henri Konan Bédié, le Raci, le Mvci qui soutiennent Guillaume Soro, EDS, le MFA, le RPCI, le Cri-Panafricain, l’Upci, l’USD, la Nouvelle Côte d’Ivoire pour ne citer que ces partis ou plateformes politiques, ont un poids plus important que nul ne peut nier. Et pour la troisième fois consécutive, ces protestataires ont refusé de participer à des discussions sur une « recomposition » de la Commission électorale indépendante (CEI). Ils exigent une « refonte » de cette institution conformément à l’Arrêtdu 16 novembre 2016 rendu par la Cour Africaine des droits de l’Homme saisie en son temps par l’Apdh.

D’ailleurs, malgré la décision de cette juridiction supranationale qui s’impose à eux, nos dirigeants ont longtemps tergiversé avant d’admettre le principe même d’une réforme de la CEI. Et c’est le même jeu qu’ils continuent en donnant le sentiment de vouloir désormais ignorer le consentement de leurs vrais interlocuteurs : « Les partis de l’opposition ont eu l’occasion d’exprimer leurs positions. Les positions du PDCI et de l’EDS ont été exprimées dans la salle. Elles ont été débattues avec l’ensemble des acteurs. A partir de ce moment, je considère que ce qui va compter, c’est ce qui ressort du débat collectif », avance le Premier ministre dans des propos rapportés jeudi par nos confrères du Patriote. Amadou Gon Coulibaly n’a toutefois pas caché l’intention du gouvernement de faire les choses comme il l’entend, sans vouloir s’éterniser dans la quête d’un consensus. « Chaque pays développe son modèle selon sa propre histoire politique, son organisation institutionnelle et ses valeurs administratives… », poursuit-il. Un raccourci qui risque de mettre en péril la bonne tenue de la prochaine présidentielle et la stabilité du pays.

En effet, il est à ce jour presqu’impensable que ce scrutin ait lieu sans la participation de la vraie opposition. Donc, d’une manière ou d’une autre, le gouvernement finira par créer les conditions de leur implication. Le hic, c’est qu’après avoir perdu de précieux mois, le calendrier de cette présidentielle va en perdre encore. Lesblocages levés, il sera question de  mettre en place dans le consensus la nouvelle CEI, actualiser le listing électoral. En outre, le renouvellement des Cartes nationales d’identité, qui n’a pas encore véritablement démarré, fait partie des conditions d’une présidentielle paisible. Sans oublier qu’un temps doit être accordé au contentieux sur le listing électoral et que tout ce processus doit être bouclé au moins six mois avant l’élection,pour permettre le déploiement du dispositif électoral, l’enregistrement puis la validation des candidatures, la campagne électorale…

 Aujourd’hui, à 16 mois d’octobre 2020, avec tant de tergiversations,l’autre danger à craindre,c’est le non-respect de cette échéance cruciale, et les lendemains incertains que cela pourrait réserver au pays. 

 

Cissé SINDOU

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