Savoir d’où on vient





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Le quotidien L’Expression a célébré samedi, ses dix ans d’existence. Juste une sobre commémoration dans ses locaux en présence du ministre Touré Mamadou et d’une centaine de convives. A l’heure du bilan à mi-parcours que retenir, L’Expression a su traverser le temps. Dix ans, ce n’est rien dans la vie d’une entreprise appelée à vivre 99 ans (selon les documents administratifs) mais ce n’est pas négligeable quand on tient compte de l’environnement économique morose du secteur des médias en Côte d’Ivoire.

Le journal a déjà le mérite d’exister là où plusieurs autres ont fermé boutique et ont jeté leurs travailleurs à la rue comme des pestiférés, sans aucun droit.  Le journal L’Expression est passé d’un journal proche de l’opposition en 2009  à un canard qui épouse les valeurs du parti au pouvoir  en 2012 avec tous les risques que comporte cette posture.

Quand le canard battait de l’aile dans l’opposition, il avait un très bon pool de lecteurs fidèles qui, bon an, mal an, achetaient chaque matin le journal sans chercher à «tritrologuer» comme de nombreux Ivoiriens pour chercher un centre d’intérêt avant de payer. Mais aujourd’hui, les temps ont changé. Le journal  est proche du pouvoir et nombre de ses acheteurs ont décroché parce qu’estimant, à tort, qu’il n'y a plus de liberté, ni d’espace démocratique à conquérir. Cette frange de lecteurs se contente de lire les titres et d’acheter accidentellement le journal. Entre temps, les nouveaux médias : Facebook, Twitter, WhatsApp… qui sont en pleine expansion, livrent une concurrence impitoyable aux journaux. On est obligé de survivre malgré tout.

Pendant ce temps, les charges fixes (salaires, impression, loyers...) ne changent pas. Le journal traverse des difficultés et est obligé de tenir. Il doit rechercher de nouvelles parts du marché en faisant des efforts pour se réadapter, de rechercher le train qui n’arrive pas à l’heure, de s’orienter vers le Web journalisme.

Dans cet environnement difficile, les journalistes de L’Expression ont choisi de faire leur travail consciencieusement, de ne jamais se prostituer, de toujours rester du côté de la vérité, de ne jamais tomber dans la manipulation de l’information à des fins commerciales ou politiciennes. La vie étant une succession de choix, l’Expression a toujours choisi de rester du côté des faibles, de porter la voix des sans voix. Souventefois, cette rigueur intellectuelle, ce choix éditorial nous a valu des inimitiés dans ce que nous conviendrons d’appeler notre propre camp. Qu’à cela ne tienne, l’aventure continue. Dix ans après, l’Expression est sans conteste, un succès éditorial. Nul ne peut le nier. Nous attendons le rendez-vous du succès commercial qui met du temps mais, qui est inévitable vu la qualité du travail abattu au quotidien par la jeune garde qui a pris la relève. Face au défi du numérique qui s’impose à tous, l’Expression prendra sa part. C’est pourquoi nous restons convaincus que le meilleur est à venir. Quand on  se rappelle d’où on vient, quand on  n’a pas oublié le point de départ, on arrive toujours à bon port. Dans ce même pays, il nous est arrivé d’entrer dans la clandestinité pour faire paraître le journal. Des individus appelés abusivement « patriotes » ont déchiré en toute impunité, au vu et au  de tous, nos journaux sur le marché. Mais malgré tout, nous avons tenu.  Cela signifie que nous saurons résister. Merci à tous nos fidèles lecteurs et annonceurs ! Merci à tous ceux ou celles qui, de près ou de loin, continuent de soutenir ce journal. Haut les cœurs!

 

Traoré Moussa

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