Une profanation et ses vérités





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La profanation, samedi dernier, de la tombe de Houon Ange Didier dit DJ Arafat, laisse tout un peuple sans voix. Après cet énième fait qui déshonore la Côte d’Ivoire, l’heure est à l’introspection collective pour tirer de bonnes leçons de ce drame national. Le premier constat, c’est la grave crise de confiance née entre des fans de DJ Arafat et les autorités. Cette crise de confiance est apparue dès l’annonce du décès de l’icône du Coupé Décalé dans la matinée du 13 août.

 Très vite, la rumeur accuse le ministre d’Etat ministre de la Défense d’avoir livré son fils spirituel en sacrifice à la Franc-maçonnerie. Vraie ou fausse, cette rumeur ne s’éteindra plus. Et malgré les justificatifs à peine voilées livrées par le mis en cause sur le podium de la veillée funéraire au stade Félix Houphouet Boigny, des fans de ‘’Yôrôbô’’ ne seront pas convaincus. Ils restent donc nombreuxjusqu’à ce jour, à croire que le vrai corps de leur idole a servi à des rituels maçonniques, et que celui qui a été enterré à Williamsville n’est pas son vrai corps. Coupable ou innocent, le ministre Hamed Bakayoko doit, en toute objectivité, s’interroger. Pourquoi fait-il l’objet de cette accusation, lui, et non une autre personnalité de ce pays ? Il doit s’interroger et en tirer toutes les conséquences.

Autre constat amer, c’est la grave crise sociale en Côte d’Ivoire confirmée par les faits consécutifs à ce décès. Une société en manque de modèle, et de leadership. Des dirigeants politiques aux intellectuels en passant par les guidesreligieux, les chefs communautaires, la presse, et le reste de la société civile, tous,sommes restés silencieux  comme des corrompus et des hypocrites devant cette opportunité detoucher du doigt, ensemble, et en toute responsabilité, les excès qui caractérisaient le comportement du défunt, des excès dans lesquels s’identifient dangereusement  des millions de jeunes, des excès appréciés même par des adultes de ce pays, et qui l’ont conduit à cette fin tragique dans la soirée de ce 12 août 2019.

Conséquence, durant ces deux semaines de deuil, ces   extrémistes, mais aussi innocents, parce que d’une part inconscients, ont dicté leurs désidératas à tous. D’abord aux autorités qui leur ont tout permis, même les nuisances de tous genres qu’ils ont fait subir 24 heures sur 24 aux riverains du lieu de l’accident. Ensuite à la famille, y compris Valentine Logbo dit Tina Glamour, la génitrice de Ange Didier devenu DJ Arafat. Les moindres faits et gestes de cette mère meurtrie étaient filmés, publiés et raillés sur les réseaux sociaux. Tout un pays a assisté impuissant à ces dérives, jusqu’à ce que le pire soit commis ce samedi noir par les « propriétaires » du corps.

Certes, ce qui s’est passé le 12 août reste un accident de la circulation, et la brutalité de la chutedu motard était de nature à affliger tout Ivoirien, mais celane devait pas nous faire oublier sa part de responsabilité dans le violent choc fatal survenu sur cette route à grande circulation, et idéaliser le défunt comme on a pu le constater durant ce deuil. Tout en témoignant sacompassion à qui de droit, la Nation affligée par ce drame, aurait dû profiter de cette tragédie pour montrer courageusement une meilleurevoie à sa jeunesse, notamment les plus excités parmi les fans du disparu. Faute d’audace, nousnous sommes presque tous réfugiés derrière cette grande hypocrisie, de peur d’essuyer les injures de ces ‘’monstres’’ prêts à en découdre avec tous ceux qui ne chantaient pas les éloges de leur champion.

Ce samedi 31 août, nous semblions pressés de pouvoir dire : « Ouf ! Il est enfin enterré ! Nous serons maintenant en paix ! »

C’était méconnaître nos propres ‘’monstres’’. Ils ont montré à la Nation entière qu’ils sont toujours ‘’calés’’. Ivoiriens, nous nous sommes compris.  

Cissé Sindou

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