Le dire ce n’est pas le souhaiter, loin s’en faut, au contraire nos prières de tous les jours sont de pouvoir nous éviter cet autre drame. Mais ayons le courage de dire les choses telles qu’elles sont et appeler un chat un chat. Ouattara par sa politique du tout pour moi seul et mon clan d’affairistes, trace pour les ivoiriens, les sillons d’un unième conflit post électoral. Sa Commission Electorale Indépendante (Cei) est grimpée et ne rassure guère. La présidentielle de 2020 donnera lieu à un affrontement, direct ou indirect, entre Alassane Ouattara et l’opposition, si le président du Rhdp garde la ligne qu’il a adopté. Depuis sa rupture avec le Pdci-Rda et son ancien poulain Soro Guillaume, contre toute attente, il a choisi de bander ses muscles et de défier tout le monde. On pensait queOuattara suivrait la voie de la majorité des Ivoiriens en mettant en place une Cei consensuelle. La Côte d’Ivoire aurait ainsi tourné la page des élections à fort relent de souffre, prêt à exploser. Ouattara est prisonniers de sa soif du pouvoir sans partage. Il s’est emmuré. Plus disposé à suivre aveuglément les consignes de ses pontes que d’entendre la voix de la raison et de l’intelligence. Il est désormais attaché à ses origines géographiques ou ethniques, au point d’en devenir esclaves. Le tribaliste est la règle d’or de gestion de son régime. On pensait qu’il aurait considéré ce que le peuple ivoirien a vécu en 2010 pour ne plus vouloir l’y entrainer de nouveau. Il ne veut plus entendre raison, qu’on lui explique les possibilités d’en sortir. Bref, on espérait que l’année 2020 constituerait un tournant majeur dans l’histoire politique de ce pays, qu’elle donnerait lieu à un passage de témoin en douceur. On en est loin. Un affligeant retour en arrière. Personne ne nous fera accroire que le Rhdp ne compte pas dans ses rangs des gens jeunes, compétents et motivés capables de prendre la relève. La lutte pour le pouvoir ne doit pas se résumer jusqu’à la fin des temps à un affrontement sans merci entre les ivoiriens. Des années d’alliances mouvantes et contre nature, de menaces, les limogeages, les écoutes téléphoniques de personnalités politiques et publiques, agressions des adversaires politiques ont suscité des haines à ce point recuites qu’elles finissent par aveugler Ouattara et ses soutiens. Alors que pendant ses années dans l’opposition, Ouattara décriait la dérive clanique, l’exclusion et le clientéliste scandaleuse dont lui et une catégorie d’ivoiriens étaient victimes par ses prédécesseurs à la tête de l'Etat de Côte d'Ivoire. Mais aujourd’hui, une série de faits vient démentir et démolir la façade du technocrate bien policé que l'actuel président ivoirien s'était inventée quand il était opposant politique. Pendant qu’il mène le navire ivoire à la dérive.
Michel BETA