Entre impunité et réconciliation





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La Côte d’Ivoire a aujourd’hui, l’opportunité de s’engager dans la voie de la réconciliation vraie qu’elle n’a pas réussie depuis 2011.

Si elle devait rater ce virage important, elle risquerait de sombrer dans un nouveau chaos.        

La CPI vient de donner plus de liberté à deux personnalités qui constituent un maillon important de la chaîne de la réconciliation ivoirienne, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.  En entendant leur jugement d’appel, ces deux Ivoiriens acquittés en première instance, peuvent désormais rentrer en Côte d’Ivoire. Du coup, cette décision surprise de La Haye, offre l’opportunité de recoller les morceaux après la profonde déchirure de 2010-2011. 

L’une des nombreuses illustrations de cette réalité est la non-participation d’une partie de la classe politique et des citoyens, à la vie politique nationale. Depuis 2011, ils sont restés en marge des élections locales et nationales, conditionnant leur retour dans le jeu politique à un ensemble de préalables dont la libération de Gbagbo et de Blé Goudé. Aucun Ivoirien attaché à la paix et à l’unité nationale ne peut se réjouir d’une telle situation, encore moins souhaiter sa perpétuation.

Le développement durable et le bonheur pour tous dépendent d’une stabilité solide, qui elle-même ne saurait être possible quand une partie de la nation est mise à l’écart ou se met à l’écart par frustration.

Donc, le souhait de tout bon citoyen ivoirien doit être la fin des divisions actuelles.  

Comment y parvenir alors que certains se plaignent de la liberté accordée aux deux ex-détenus ? Gbagbo et Blé Goudé libérés, qui est donc responsables des 3000 morts de la crise postélectorale ? C’est la fameuse question qui revient sur certaines lèvres qui crient à l’impunité.   

Devrions-nous nous éterniser à ce niveau ? Ne faut-il pas au contraire saisir la perche que l’histoire nous tend à travers l’évolution inattendue de ce dossier à la CPI ?

C’est vrai, la crise postélectorale et ses dégâts humains et matériels sont survenus à cause du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir bien que déclaré perdant par la Commission électorale indépendante (CEI).

Quoi qu’il en soit, l’histoire n’a-t-elle pas déjà assez récompensé Alassane Ouattara et ses partisans ? Reconnu vainqueur par la CEI et la communauté internationale, le candidat du Rhdp d’alors a même eu droit à un deuxième mandat présidentiel. Alors, autant il faut demander au leader de l’ex-LMP et les siens humilité et retenue pour ne pas réveiller les vieux démons, autant les victimes doivent accepter de pardonner. Aucun jugement ou peine de prison supplémentaires ne réveilleront les morts de cette crise. Par contre, il faut craindre d’autres morts si nous refusons d’enterrer nos rancœurs.

Gbagbo et ses proches, seuls à être jugés et emprisonnés en Côte d’Ivoire et à l’extérieur ont assez payé pour leurs rôles dans cette crise postélectorale. Ils ne sont pourtant pas les seuls responsables des 3000 morts…     

 

 

Ayant perdu la guerre post-électorale, l’ex-chef de l’Etat et ses proches ont été arrêtés et emprisonnés. Des procédures judiciaires ont été engagées contre certains au plan national. D’autres, à savoir Gbagbo et Blé Goudé ont été remis à la CPI. La justice internationale n’a pu trouver de preuves accablantes de leur responsabilité dans les violences. Cela, au bout de plusieurs années de jugement et de détention. Après un tel verdict, n’ont-ils pas enfin droit au pardon des victimes ? S’ils acceptent eux-mêmes de de pardonner et de tourner humblement cette page douloureuse du passé pour privilégier un futur meilleur, nous pensons que oui.  

 

Cissé Sindou

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