Côte d’Ivoire: vifs débats autour de la constitutionnalité de la candidature Ouattara





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Dans son discours à la nation, jeudi 6 août, le président ivoirien a confirmé qu'il briguerait un troisième mandat. Lors de l'édition spéciale consacrée par RFI à cette annonce, les débats ont notamment porté sur la constitutionnalité de cette candidature. Extraits.

Pour Adama Bictogo, le directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, le regroupement de la majorité présidentielle), la candidature du président à un troisième mandat ne pose aucun problème : « Nous avons une nouvelle Constitution qui a été adoptée en novembre 2016 et la loi ne dispose que pour l’avenir. Elle n’a d’effet rétroactif que si cela est dit et clairement indiqué. C’est d’ailleurs en vertu de l’application de ce principe de non-rétroactivité que les personnes âgées de plus de 75 ans peuvent désormais se porter candidates. Sinon le président Bédié n’aurait pas pu être candidat. La République ne peut pas être dirigée par deux Constitutions distinctes. La nouvelle Constitution abroge l’ancienne, donc M. Alassane Ouattara peut bel et bien être candidat. C’est la première élection de la IIIe République [mise en place avec la Constitution de 2016, NDLR]. »

Maurice Kakou Guikahué se souvient de la préparation de la Constitution

Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), indique qu’un recours contre cette candidature va être déposé : « Le problème qui se pose aujourd’hui, c’est que le président de la République vient de violer la Constitution. Sa candidature est anticonstitutionnelle. Elle est illégale. Moi qui vous parle, j’étais au cœur de la préparation de la Constitution de 2016, j’ai fait des réunions avec le président Alassane Ouattara qui, la main sur le cœur, nous a dit qu’il n’était pas question d’un troisième mandat et que c’est pour cela qu’on mettait un article 183 dans la Constitution de 2016 ».

Maurice Kakou va même plus loin en affirmant que la décision d'Alassane Ouattara peut raviver les tensions dans le pays : « Nous prenons acte que cette candidature est anticonstitutionnelle et viole la Constitution. Le président Ouattara met les germes de la déstabilisation de la Côte d’Ivoire et il est contre la paix en Côte d’Ivoire. »

Assoa Adou rappelle les promesses de la majorité

Le pro-Gbagbo Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), rappelle : « C’est M. Cissé Bacongo [maire de Koumassi et figure de la majorité présidentielle] qui, le 25 novembre 2016 sur Africa 24, avait dit que selon l’article 183 de la nouvelle Constitution de 2016, toujours en vigueur dans celle de 2020, M. Ouattara ne pouvait pas se présenter aux élections de 2020. C’est Cissé Bacongo qui l’avait dit ».

Le secrétaire général du FPI appuie son discours en citant M. Sansan Kambile, l'actuel ministre de la Justice. « Devant la commission des affaires institutionnelles et générales de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, il avait également déclaré, le 7 octobre 2016, je cite : "Il est impossible à Monsieur Ouattara de se présenter en 2020". Une Constitution, c’est la loi fondamentale d’un pays. C’est elle qui permet de faire toutes les autres lois. En se présentant hier, M. Ouattara vient totalement de détruire la Constitution que lui-même a fait voter par les Ivoiriens. »

Le cas des leaders en exil

Le camp de Guillaume Soro, par la voix de Moussa Touré, explique qu’il s’attendait « à mieux » de la part d’Alassane Ouattara« en ce sens qu’il a toujours donné de lui l’image d’un homme d’État. Et en la matière, en se présentant comme candidat, il viole la Constitution de la République de Côte d’Ivoire. Ceci est inacceptable. M. Ouattara ne peut pas être candidat à un troisième mandat. C’est clair, c’est net. Monsieur Ouattara, en violation de cette même Constitution, décide également de bloquer ceux que la Constitution autorise à être candidats. Je pense ici, en l’occurrence, à Monsieur Laurent Gbagbo et à Monsieur Guillaume Kigbafori Soro, qui se trouvent tous les deux en exil de fait ».

Pour Assoa Adou, si on veut éviter les risques de déstabilisation du pays dans les mois à venir, il faut laisser rentrer ces deux figures politiques. « M. Gbagbo, M. Guillaume Soro doivent tous les deux rentrer en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de les maintenir à l’extérieur. M. Ouattara, en se présentant hier, a montré qu’on ne peut plus les bloquer. »

Laurent Gbago pourra-t-il revenir en Côte d'Ivoire ?

Où en est justement le dossier Gagbo ? Interrogé sur la question, Adama Bictogo indique : « Il y a eu une condamnation par contumace et la loi est claire. Il n’y a pas eu d’appel. Dès lors qu’il n’y a pas eu de recours, la condamnation est exécutoire ».

La condamnation dans l’affaire du braquage de la BCEAO peut-elle conduire à maintenir Laurent Gbagbo hors de Côte d’Ivoire ? « Pour l’heure, je ne peux pas vous dire qu’il est maintenu à l’extérieur. Il a fait une demande de passeport et on a bien entendu le porte-parole du gouvernement dire que le dossier était en traitement. » Adama Bictogo s’est par ailleurs dit convaincu que la Côte d’Ivoire connaîtrait « une campagne apaisée ».

source : rfi.fr

 

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