Anzata Ouattara tenant fièrement l'une de ses distinctions
Anzata Ouattara est une journaliste et écrivaine ivoirienne Diplômée en journalisme, elle publie dans le magazine féminin « Go Magazine », des nouvelles intitulées « Les coups de la vie », inspirées des problèmes conjugaux que les abonnés du magazine lui soumettent, sont publiées plus tard en volume. Ces tomes à succès lui valent de glaner plusieurs distinctions nationales et internationales. Dans cet entretien réalisé au cours d’une de ses nombreuses séances de dédicaces, elle explique comme sa passion pour le livre l’a poussé à ouvrir une maison d’édition qui lui permet de mieux maîtriser les choses.
Depuis quelques années déjà c’est des distinctions à n’en point finir. Quelles sont tes impressions avec toutes ces reconnaissances?
Alors ça fait plaisir, c’est un sentiment de joie. Cela montre aussi que le travail que je fais est reconnu et remarqué par un bon nombre de personnes. Quand on travaille ce n’est pas forcément pour avoir des distinctions car nous sommes d’abord des artistes, on y va à fond. Et le couronnement vient avec des prix.
Depuis « Les coups de la vie », peux-tu détailler ton parcours ?
Le chemin parcouru est vraiment long. C’est en 2004 que l’aventure a commencée dans « Go Magazine » en tant que commerciale. J’ai proposé la rubrique ‘’Les coups de la vie’’ qui a été validée par le directeur de publication. A la base, l’idée était qu’un journaliste écrive puisque moi j’étais commerciale, mais il n’a pas voulu. Il m’a imposé la chose et j’ai accepté. J’ai commencé à écrire et au fur à mesure je me suis rendue compte que j’avais un petit talent parce que la rubrique a fait la Une du journal et les lecteurs ont souhaité qu’on en fasse une compile parce qu’ils avaient du mal à conserver le journal papier. C’est comme ça qu’on a eu l’idée de faire la compile mais on a entendu 5 ans après, le temps d’avoir beaucoup plus de matières avant de lancer le tome 1 « Des coups de la vie » et bim… comme on le dit dans le jargon ivoirien. Le tome 1 a connu u franc succès. J’ai reçu le prix meilleure vente de la librairie de France avec le 1er, le 2e, le 3e, le 4e et le 5e tome.
De commerciale, tu deviens écrivaine et aujourd’hui, journaliste…
Je me suis rendue compte que les projecteurs étaient braqués sur moi. Je suis donc retournée à l’école pour avoir mon diplôme de journalisme. Car les gens avaient commencé à jaser en disant que je ne suis pas journaliste et que je prenais juste des histoires des lecteurs que je mettais sur le marché. Sans savoir tout le travail que je faisais avant la publication. Au lieu de mal prendre ces critiques, j’ai décidé de corriger ce qu’on me reprochait je suis donc repartie à l’ISTC ensuite à l’Université de l’Atlantique où j’ai obtenu ma licence et puis mon master en journalisme. Aujourd’hui je suis une journaliste accomplie. Juste après l’ISTC, je suis rentrée au Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire où j’ai travaillé en qualité d’attachée de presse du président Francis Wodié jusqu’à ce qu’il démissionne du conseil constitutionnel. Aujourd’hui je suis fière.
C’est après « Les coups de la vie » que tu te découvres une âme d’écrivaine ?
« Altiné…mon ultime péché », mon premier roman sorti en 2014 était un défi personnel parce que les rumeurs courraient que je ne savais écrire que «Les coups de la vie », des histoires des autres. Donc, je voulais monter à ceux qui ne croyaient pas en moi et à moi-même que j’étais capable d’aller au-delà. Par la suite, j’ai écrit « Ferlah ou le dernier maillon de la chaîne » en 2018 et «Un rêve presqu’impossible » qui a été mis sur le marché en 2019.
C’est de là aussi qu’est née l’idée de la création de la maison d’édition ?
Oui, exactement. « Les Editions Mouna » m’est venue en 2018. C’est une jeune maison d’édition qui a 17 œuvres à son actif. L’idée c’était de produire moi-même mes œuvres et celle de certaines personnes qui m’ont approchée. J’ai vu la qualité de leurs œuvres et j’ai décidé de les produire également.
Quelles sont les œuvres spécifiques que tu peux produire ?
J’ai une ligne éditoriale. Pour le moment je n’ai pas d’œuvres politiques. Je suis très sélecte. J’apporte mon expertise mais je ne produis pas tous ceux qui m’approchent. Nous sommes nouveaux donc je vais doucement.
Quel est le mode de fonctionnement de ta maison d’édition ?
Chez nous, les auteurs se prennent en charge. Je leur garantie la promotion et ils profitent de mon aura parce que je communique beaucoup et je fais en sorte que mes auteurs rencontrent d’autres personnes pour des conférences.
Quand tu fais le bilan, tu penses avoir réussi ?
De 2004 à aujourd’hui on a quand même 18ans je ne dis pas je suis accomplie mais je pense que le parcours est assez bon parce que ce n’était pas évident. J’étais commerciale à la base donc je me dis que j’ai encore d’autres challenges, je vais essayer de me battre pour les réaliser. Moi aussi j’ai des modèles bien que les gens me prennent comme modèle.
Et quels sont tes modèles ?
J’ai des personnes auxquelles je voudrais ressembler. J’aime bien le parcours de Mme Henriette Dagri Diabaté. C’est une femme qui assez inspirante. Ce n’était pas évident d’être là où je suis arrivée, c’est quand même à encourager.
Quelles sont les ambitions futures ?
J’ai encore d’autres auteurs à produire. J’ai encore d’autres œuvres à produire pour moi-même et je m’intéresse de plus en plus à la réalisation de films. C’est donc mon prochain challenge.
Parlant de production cinématographique, comment s’est passée la collaboration entre Franck Vlehi pour « Les coups de la vie » ?
Franck Vléhi est venu me rencontrer comme beaucoup de producteurs. Avant lui, j’étais un peu hésitante parce qu’on voulait quelqu’un qui allait bien rendre les histoires à l’écran. Franck a pris sur lui de faire un épisode pilote. C’est ce qui a joué en sa faveur
Quelle a été ta contribution dans la réalisation ?
J’ai juste dit au producteur de garder les leçons de moral du livre. Je ne me suis pas impliquée véritablement dans la réalisation.
Quels conseils peux-tu donner à toutes ces jeunes filles qui te prennent comme modèle de réussite ?
Je leur dirai de ne pas se donner de limite, de ne pas prendre en mal les critiques. Il faut qu’elles voient dans les critiques qui leur sont faites, le début de quelque chose de plus grand
Comment fais-tu pour attirer tant de lecteurs, surtout parmi les jeunes, lors de tes séances de dédicaces ?
Pendant longtemps, nous sommes restés figés dans ce qu’on avait l’habitude de voir, où l’auteur était un mythe ce n’était pas évident de le voir. Aujourd’hui, j’ai pensé qu’il fallait changer de paradigme et je pense que c’est ce que j’ai réussi à faire. Quand je suis arrivée dans le domaine et que j’ai commencé à vendre mes livres dans les librairies et autres établissements, les gens ne comprenaient pas on a démystifié je me suis rapprochée de mes lecteurs Les enfants ont aujourd’hui cette facilité d’approcher le lecteur. De plus en plus les auteurs font la même chose, en permettant ainsi à la jeunesse d’aimer la lecture et pour moi c’est une satisfaction. Une autre approche est qu’on a fait passer le livre à l’écran et ça fait des curieux. Ceux qui ont lu veulent aller voir ce qui se passe à la télé et ceux qui ont regardé veulent voir ce qui est dans le livre. Les mentalités changent au fur et à mesure Essayons donc d’adapter les choses à notre époque.
Réalisée par Solange ARALAMON