Au moment où la Côte d’Ivoire s’apprête à célébrer son 62e anniversaire à Yamoussoukro, des rancœurs profondes persistent dans le pays.
La célébration de la fête de l’indépendance renferme beaucoup de symboles cette année. D’abord, en raison du lieu choisi pour les festivités nationales. La ville de Yamoussoukro où est prévu le grand défilé des militaires et des forces vives de la nation, est la capitale politique du pays. C’est aussi le village du père fondateur Félix Houphouët Boigny qui y repose, auprès de ses ancêtres.
Un autre symbole du 07 août 2022, c’est que cette date arrive moins d’un mois après la rencontre historique entre le chef de l’Etat Alassane Ouattara et ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.
Même s’ils ont officiellement présenté ce rendez-vous comme une « prise de contact », nul doute que les trois leaders ont, à huis clos, abordé des questions cruciales pour la paix en Côte d’Ivoire et pour l’avenir du pays. Il s’agit, entre autres, des sujets relatifs aux prisonniers politiques (prisonniers de la crise postélectorale de 2010-2011, ceux de la crise électorale de 2020, les proches de Guillaume Soro, etc.), les réformes de la commission électorale indépendante pour des élections locales paisibles en 2023 et une élection présidentielle pacifique en 2025. Autant de questions qui ont fait l’objet de recommandations par le 5e dialogue politique.
Les anciens Présidents Bédié et Gbagbo sont conviés par Ouattara aux festivités du 07 août à Yamoussoukro. S’ils s’y rendaient, cela constituerait un symbole de plus pour cette commémoration. Après celle du 14 juillet dernier au Palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, l’image des trois personnalités assis côte à côte à la tribune de la fête nationale à Yamoussoukro agirait davantage sur les cœurs des Ivoiriens. Donc,Alassane Ouattara doit œuvrer pour obtenir leur présence à ses côtés.
Mais, le président de la République, doit aussi et surtout, à l’occasion de cette fête importante, poser des actes forts pour éteindre les rancœurs et les douleurs.
Cela passe par la libération des prisonniers cités plus hauts, par plus de justice sociale, par l’amélioration des conditions de vie des populations, par des mesures efficaces pour la réduction du coût de la vie, et aussi par le retour au pays des exilés dont Guillaume Soro, le président de Générations et Peuples Solidaires (GPS). Pour réussir le dernier acte cité, le chef de l’Etat devrait cesser d’obéir à ses proches qui ont une hantise vis-à-vis de tout retour de l’ex-PAN en Côte d’Ivoire. Ces proches qui ne souhaitent pas revoir l’ancien Premier ministre dans le jeu politique ivoirien, craignant qu’il leur fasse ombrage. Alassane Ouattara ne devrait plus écouter ces conseillers aux mauvais conseils, qui lui font croire que Guillaume Soro ne pèse plus rien, et que sa présence ou son absence n’a aucun impact sur la réconciliation, sachant bien qu’en réalité son exil est une grosse plaie pour la cohésion nationale.
Alassane Ouattara devrait aussi cesser d’écouter son propre égo. Cet égo-là qui pourrait lui donner l’illusion qu’il est si puissant au point de vouloir à tout prix neutraliser par tous les moyens Guillaume Soro, ou de ne jamais envisager son retour en Côte d’Ivoire en restant insoumis à lui Ouattara.
Le président de la République ne devrait jamais oublier que de nombreux Ivoiriens sont morts en contestant sa candidature pour un 3e mandat. Il doit savoir que bien que silencieux, des millions d’Ivoiriens n’ont pas accepté ce 3e mandat qui leur est imposé. Il doit alors faire profil bas et prendre de la hauteur pour rechercher une autre porte de sortie honorable de l’histoire. Il est encore temps pour lui de le faire.
Cissé Sindou