Le retour de Guillaume Soro





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Que perdent réellement Alassane Ouattara et le Rhdp à permettre le retour en Côte d’Ivoire de Guillaume Soro ?

En effet, si en 2020, l’objectif du Rhdp était d’éloigner Guillaume Soro pour ne pas entraver une réélection d’Alassane Ouattara ou l’élection de son poulain Amadou Gon Coulibaly à la tête du pays, cet objectif n’est-il pas atteint ? Si d’aventure l’actuel chef de l’Etat projette d’être encore candidat en 2025, ne serait-il pas plus démocratique de le faire dans un jeu électoral ouvert ? N’est-il pas plus honorable pour lui d’être l’artisan de cette Côte d’Ivoire pacifiée dont parlait Laurent Gbagbo le 8 juin dernier, à l’occasion de son passage à la CEI locale de Cocody-Angré ?  Ce jour-là, l’ex-chef d’Etat s’est adressé spécifiquement à ses ainés Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Il a souhaité qu’en tant que doyens de la politique ivoirienne lui-même Gbagbo y compris, ils doivent œuvrer à léguer à la jeune génération une Côte d’Ivoire pacifiée.

En effet, l’histoire de ce pays est marquée depuis 2000, voire depuis 1990, par des crises successives. Des crises essentiellement politiques qui ont malheureusement coûté la vie à des milliers de personnes.

Au nom de la réconciliation, et dans l'intérêt supérieur de la Nation, Alassane Ouattara devrait faire cesser toute la traque dont font l'objet l'ex-PAN et plusieurs de ses proches depuis 2019. Il devrait le faire d'abord par grandeur. Car, malgré toute la contestation suscitée par sa candidature à un 3e mandat, il a réussi à s'imposer à la tête du pays. Chef de l'Etat, président de la République, il doit pouvoir pour certains sujets comme celui-ci, se mettre au-dessus de tout égo et de toute émotion et agir en rassembleur. Car, 13 ans après la crise postélectorale, son œuvre de rassemblement des fils et fils du pays gardera un goût d'inachevé tant qu'il continuera de contraindre Guillaume Soro à l'exil. Il devrait donc ne pas continuer à se laisser dominer par ses propres rancœurs ou par ceux de ses proches qui en veulent terriblement à l'ancien SG des ex-Forces Nouvelles uniquement pour sa phrase : "Il sera assis par terre et on va lui donner des conseils" prononcée en 2020 à l'intention d'Alassane Ouattara. Pour ces extrémistes, Soro doit absolument demander pardon pour cette phrase avant d'être autorisé à regagner son pays. Pourtant, cette phrase ne représente qu'une goutte d'eau devant l'océan d'inimitié que Gbagbo et Blé Goudé ont eue, ou peuvent encore avoir vis-à-vis du mentor de l'ex-RDR. Surtout, les anti-Soro ne devraient pas oublier que le Président Ouattara ne gardera pas éternellement la position qui lui permet aujourd'hui de contraindre son ancien Premier ministre à l'exil. Il gagnerait alors à être l'acteur de son retour à temps, avant d'avoir éventuellement à le regretter un jour. C'est la deuxième raison pour laquelle nous l'exhortons humblement à le faire pendant qu'il en a le pouvoir. Il en aura l'honneur et l'histoire le lui reconnaîtra. Tout comme l'histoire reconnaît par exemple à Laurent Gbagbo d'avoir réussi à calmer tous les caciques de son camp pour autoriser, en mettant en œuvre l'article 48 de la Constitution, Alassane Ouattara à participer au jeu politique national. Ce qui lui était impossible jusqu'à cette décision. La troisième raison, c'est que le Président Ouattara et tous ceux qui l'aident à persécuter Guillaume Soro ne peuvent pas avoir la certitude d'empêcher l'ancien SG de la Fesci de devenir président de République si cela est inscrit dans son destin. La preuve, toute la persécution à l'encontre de Ouattara lui-même et de ses soutiens pendant plus de deux décennies ne l'ont pas empêché de s'asseoir dans le fauteuil présidentiel du Plateau en 2011. Faut-il faire le même gâchis et finir par se soumettre l'accomplissement du destin de Soro ? Depuis 2019, ce "jeune homme" est traqué par tous les moyens par Ouattara et son pouvoir. Mais jusqu'à ce jour, ils en sont encore à en avoir le sommeil troublé et à le traquer parce qu'ils ne parviennent pas à l'éteindre comme ils le souhaitent. A un moment, il faut réussir la bonne introspection et savoir s'arrêter.

Cissé Sindou

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