Heureusement que coach Faé a avec lui, un marteau pilon. Lequel lui permet, à chaque difficulté, de briser le mur pour laisser passer ses filleuls. Samedi, comme devant le Sénégal en 8e de finale, il a encore eu à utiliser « le coup » de son marteau dans les derniers instants du match, pour affaiblir l’adversaire en lui cassant les côtes et ainsi propulser ses joueurs en demi-finale de la CAN 2023.
Le coup du marteau de Faé, ce n’est rien d’autre que son intelligence tactique. On peut tout dire de lui, on peut parler de sa jeunesse, de son inexpérience sur le banc d’une sélection ou même d’une équipe A, mais on ne peut pas lui nier sa science du jeu. Et ils ne sont pas aussi nombreux les coaches qui, par un petit remplacement, peuvent changer l’aspect d’un match. Et positivement.
Pour le sélectionneur béninois Gernot Rohr, ce match livré par les Eléphants devant les Aigles maliens restera dans le marbre du football mondial. Pas parce que les Eléphants ont inscrit le but de la victoire à la toute dernière seconde de jeu, à la façon Real Madrid, mais parce que le sélectionneur ivoirien dont l’équipe était réduite à 10 juste avant la mi-temps, a mis en place une tactique inhabituelle chez les entraîneurs.
Au lieu d’un 4-4-1 que l’on retrouve chez presque tous les coaches confrontés à un tel problème, Emerse Faé a choisi d’y aller en 5-3-1. Et ça a pris ! Ce schéma tactique a eu pour avantage de ramener la sérénité dans le groupe qui avait du mal à se retrouver dans le jeu, à travers un bloc-équipe qui s’est renforcé sur le milieu et qui fermait du coup les couloirs. Dès cet instant, les Maliens qui n’arrivaient plus à passer ni par le milieu ni par les couloirs, ont perdu leur sérénité et ont commencé à reculer. Bien qu’à 11 contre 10.
Les Aigles désormais sur le reculoir, le coach Faé fait entrer deux de ses jokers : Haller et Diakité. Objectif, maintenir la défense centrale adverse dans son camp et empêcher le couloir gauche de monter sur la défense ivoirienne. N’eut été une forte hésitation du milieu défensif des Eléphants qui a mis du temps à enfermer l’Ivoiro-Malien Dorgelès Néné Bi dont la dextérité a fait la différence, les Aigles n’auraient pas inscrit un seul but dans cette confrontation.
Ce match était hautement tactique. Et gare au coach qui, sans certitudes fortes, change son système de jeu. A ce jeu, c’est Eric Chelle, le coach malien, qui a perdu au change. Il se prépare à faire entrer deux ailiers de débordement pour pousser la défense ivoirienne à s’écarter. Faé sent qu’avec ces changements à venir côté malien, le milieu va être libéré. Il sort donc Jean Mickaël Séri, la sentinelle, pour Simon Adingra sur le flanc gauche et qui rentre au milieu. Nous sommes à la 86e minute. Trois minutes après, à la 89e, Sékou Chelle fait entrer ses deux milieux de débordement comme pressenti par coach Faé. Ce qu’il ne fallait pas faire.
La minute qui suit est fatale au sélectionneur malien. Simon Adingra qui se balade sur le front de l’attaque, se saisit d’une balle sur le côté gauche de la défense malienne, repique à l’intérieur, dépose trois défenseurs, et sert joliment Séko Fofana qui frappe du pied droit. Il est contré mais le « prince » Adingra suit le mouvement du ballon et d’un pointu, trompe le goal malien. C’est le coup du marteau de Faé. Il est imparable et irrésistible. Les Maliens ne se sont pas renseignés auprès des Sénégalais.
De toutes les façons, comme le disent les Ivoiriens, « C’est notre CAN. Si on veut, on joue à 11. Si on veut, on joue à 10. Si on veut, on crée pénalty. Si on veut, on arrête pénalty. On égalise quand on veut. On marque quand on veut ». Avec un tel moral de fer et un coach qui garde secrètement son « coup du marteau » pour éteindre la lumière chez l’adversaire le moment voulu, dites-moi, qui peut battre ces Eléphants ? Le Mali ? Le Sénégal ? Repassez demain !
Abdoulaye Villard Sanogo