Ce qui va faire couler le RHDP en 2025 ( Photo Dr)
Elections présidentielles 2025
Ce qui va faire couler le RHDP
Depuis sa prise du pouvoir en 2010, suite à une grave crise poste électorale, le RDR devenu RHDP n’a véritablement pas encore competit avec des candidats de grands gabarits. Après 3 mandats successifs (2010-2015-2020), certains évènements sociaux, l’entrée en scène de Tidjane Tiam, probable candidat du PDCI et le retour sur la scène politique de Laurent Gbagbo, Blé Goudé et Soro Guillaume pourraient changer la donne aux prochaines élections présidentielles de 2025.
Le véritable texte après celui de 2010
Qui sera le candidat du RHDP en 2025. La question reste posée. Un peu partout sur l’étendue du territoire national, les militants du parti présidentiel se mobilisent pour réclamer la candidature de leur mentor, le Président Alassane Ouattara, alors que lui-même, depuis quelques années, prône la passation du flambeau à la jeunesse. Mais quoi qu’il arrive, le RHDP aura du fil à retorde pour cette élection 2025. D’hier à aujourd’hui, beaucoup de choses se sont passées dans le landernau politique ivoirien. De 2011 à 2018, c’était la belle époque du « parti unifié ». En face, il n’y avait aucune résistance puisque les opposants significatifs étaient pratiquement tous en prison ou en exil. La preuve, en 2015, pendant l’idylle RDR-PDCI, suite à « l’appel de Daoukro », la présidentielle s’est déroulée sans grands enjeux avec un candidat unique, Alassane Ouattara face à des adversaires sans véritable poids. Mais en 2020, les choses vont changer avec le retrait du PDCI de l’alliance. L’opposition « dirigée » par le PDCI, l’allié d’hier sonne la révolte avec la désobéissance civile. Mais le RHDP s’en sort bien. Les candidats sérieux se rebiffent et abandonnent, seul Kouadio Konan Bertin (KKB), issu du PDCI affronte le RHDP. Le parti présidentiel remporte l’élection très largement. Aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’opposition se réorganise avec de gros poids, surtout l’entrée de Tidjane Thiam, le petit fils de feu Félix Houphouët-Boigny, le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, dans la course. Face au poulain de feu Henri Konan Bédié, et à une opposition qui gagne de l’estime, de la confiance et du terrain, ce sera une élection très serrée si les règles démocratiques sont respectées.
Face à une tension autour de certaines candidatures, un front commun pourrait être envisagé par l’opposition
Dans le camp présidentiel, les discours sont de plus en plus guerriers. Tous sont braqués contre la candidature des ex-détenus de la Haye, Laurent Gbagbo et Blé Goudé, acquittés par la Cours pénale internationale, mais frappés tous deux par une décision de la justice ivoirienne. En plus des deux ex-prisonniers de la Haye, l’ex-premier ministre Guillaume Soro, est lui aussi frappé par une condamnation judiciaire. Il restera donc à coup sûr en lice Tidjane Thiam, le nouveau président du PDCI. Si la situation reste telle, une probable union autour du candidat PDCI pourrait être envisagé par l’ensemble de l’opposition pour sauter le verrou RHDP.
Le niveau de pauvreté en forte croissance
Certes le bilan au niveau des infrastructures en Côte d’Ivoire fait rêver. Le pays est devenu beau à voir. Oui, c’est une réussite. Cependant, comme on le dit dans les rues d’Abidjan, « on ne mange pas goudron ». C’est une expression pour exprimer la galère et la misère des Ivoiriens, dans leur ensemble. Selon la Banque Mondiale, près d'un habitant sur deux est considéré comme "pauvre" en Côte d'Ivoire. "La Côte d'Ivoire est confrontée à des taux de pauvreté inquiétants, surtout par rapport au potentiel énorme dont dispose le pays", avait regretté Ousmane Diagana, le chef des opérations de la banque en Côte d'Ivoire. "Il y a des vrais exclus qui aujourd'hui sont identifiables" dans le pays, a-t-il poursuivi, ajoutant que la crise politico-militaire de 2000-2011 "est passée par là, mais il n'y a peut-être pas que la crise". La mévente des produits agricoles, la cherté de la vie, le chômage des jeunes, le programme de déguerpissement du District d’Abidjan qui met chaque jour des milliers de personnes dans les rues, détruit les commerces, sont également des facteurs qui aggravent la pauvreté en Côte d’Ivoire. Et pourtant, la croissance économique, selon les dirigeants est en constance progression. Alors, pourquoi tant de pauvreté ? « Parce qu’un taux de croissance ne fait pas forcément le bonheur de tout le monde et que seul un clan affairiste proche du pouvoir s’enrichit », rabâche régulièrement l’opposition ivoirienne, tant du côté de l’ancien président Laurent Gbagbo, investi candidat de son nouveau parti, que du PDCI désormais dirigé par l’économiste Tidjane Thiam. Au mois de février, le porte-parole du PDCI, Bredoumy Soumaila, dénonçait ainsi « le grand paradoxe de notre économie. Elle crée de la richesse, comme l’atteste le PIB de 6,9 % en 2022, mais elle impacte très peu la vie des Ivoiriens dont le taux de pauvreté est encore élevé, au-dessus de 40 % ». Pendant que les Ivoiriens pleurent de la cherté de la vie, certains cadres du pouvoir les narguent. On se rappelle encore de la polémique autour du coût du péage de Grand Bassam et de la réponse frustrante du ministre des Infrastructures Amédée Kouakou. Il y a à peine deux mois, alors que les Ivoiriens se plaignaient du coût élevé de l’électricité, du carburant et des denrées sur le marché, le premier ministre Beugré Mambé, alors que ses concitoyens attendaient de lui des mots de réconforts et de solidarité, il les a fustigés en ces termes : « Le sujet de la vie chère aujourd’hui, ça devient la mode… On bavarde beaucoup sur le coût de la vie hein, on bavarde trop… ».
Ce sont des éléments que les Ivoiriens mettront dans la balance pour choisir le prochain locataire du palais du Plateau.
La mésestimation des adversaires
L’un des plus grands dangers qui pourraient couler le RHDP, c’est la dépréciation de ses adversaires. Pour les cadres du parti présidentiel, les autres candidats sont de secondes zones. « Notre candidat, qui ne fait l’ombre d’aucun doute, le président Alassane Ouattara, a un leadership gagnant qui est reconnu ici en Côte d’Ivoire, y compris par ses adversaires mais aussi et surtout à l’étranger », avait déclaré M. Cissé Bacongo, face à la presse. Selon M. Bacongo, son candidat RHDP va « gagner l’élection présidentielle de 2025 au 1er tour, avec un score sans appel ». Pour lui, une telle victoire n’est pas une vue d’esprit, parce qu’elle est à la portée de son parti. Il a soutenu que son bilan à la tête de la Côte d’Ivoire depuis son accession au pouvoir, en 2011, « fait rêver le monde entier ». Et pourtant, le syndrome Bassirou Diomaye Faye au Sénégal devrait donner assez de leçons et de sagesse aux cadres du RHDP. Jusqu’à dix jours des élections sénégalaises, personne même dans les rêves les plus fous, n’a imaginé le « prisonnier » Bassirou Faye, le plan C du Pastef, parti d’Ousmane Sanko, écarté de la présidentielle par décision judiciaire, briguer la magistrature suprême du Sénégal. Et pourtant, les Sénégalais, dans leur majorité, l’ont fait. Parce qu’ils voulaient coûte que coûte un changement.
Le vote sanction
Au RHDP, ce n’est pas la grande forme, malgré les résultats aux récentes élections municipales et régionales. Le parti a fait beaucoup de frustrés dans ses rangs. Selon certaines indiscrétions, les militants grognent. Ses acteurs de la victoire d’hier sont laissés pour compte, leurs doléances foulées au pied, leurs réclames mises aux oubliettes. Des cadres et des élus obnubilés par le pouvoir et l’argent leur parlent sans retenue, s’adressent à eux de façon désinvolte et malpolie. « Le problème au RHDP n’est pas le Président Alassane Ouattara qui fait tout pour donner de meilleures conditions de vie à tous les Ivoiriens. C’est la méchanceté de nos cadres et élus repus par les friandises du pouvoir offert à eux par l’excellent travail accompli au fil des échéances électorales par la base militante, celle qui va au charbon. » se désolait un militant sur la toile. Et de poursuivre : « Il existe bel et bien le vote sanction, il existe bel et bien le boycott passif. La colère gronde et enfle tant au niveau de la jeunesse que chez les femmes parce que l’insertion professionnelle et les aides à l’autonomisation ne viennent pas, même à compte-goutte, elles ne viennent pas ». Des menaces de la base qui peuvent également avoir des conséquences graves sur les résultats à l’élection présidentielle de 2025.
Le taux de participation aux élections qui trompe
75%, 80% ont voté. Au soir des publications des résultats des élections en Côte d’Ivoire, la tendance des votes est souvent très élevée. Mais la bonne question qu’il faut se poser, c’est que combien d’Ivoiriens ont voté sur les 30 millions d’habitants ? Selon les chiffres de la CEI, il y a seulement 8 millions d’Ivoiriens sur les listes électorales. Cela fait à peu près 28%. Quand le Ghana voisin, avec ses 32 millions d’habitants se retrouve avec plus de 17 millions sur sa liste électorale soit 53%. Le Sénégal qui vient de boucler ses élections présidentielles compte 7 millions d’électeurs pour 16 millions d’habitants, soit plus de 40%. En Côte d’Ivoire, pour un taux de participation de près de 80% sur les 8 millions inscris, cela revient à déduire que c’est environ 5 millions d’Ivoiriens qui ont décidé pour les 30 millions, dont environ trois millions ou même quatre et demi ont fait le choix du Président. Pour arriver à bout du RHDP, l’opposition, particulièrement le PDCI à décidé de puiser le maximum de ses électeurs dans le réservoir des quelques 12 millions de personnes encore non inscrites pour changer la tendance. Dans les zones qui lui sont resté fidèle, Nawa, Belier, Iffou, Morounou, Gontougo… le parti de Tidjane Thiam compte ratisser fort. « Je veux proposer à mon parti comme priorité absolue dans le cadre des élections de 2025 de faire inscrire le maximum de personnes. Ça doit être la priorité numéro 1. Parce que la clé de la victoire se trouve dans ce réservoir de voix que nous n’avons pas mobilisé. » Si le plus vieux parti de Côte d’Ivoire arrive à exécuter ce projet, il pourrait faire mouche à cette élection.
Mais nous ne sommes qu’à environ 15 mois des élections présidentielles de 2025, le RHDP peut toujours redresser les choses pour aller sereinement à cette reconquête du pouvoir d’Etat. Le plus grand souhait de tous, c’est d’organiser des élections crédibles et sans violences. Oui c’est possible, après la meilleure CAN en terre ivoirienne, toute la communauté internationale attend la meilleure élection présidentielle jamais organisée en Afrique pour confirmer la maturité des Ivoiriens.