« FESCI,
Toujours !». C’est par cette formule que les camarades de la Fédération
estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire débutent toujours leurs rencontres.
Depuis sa création, le 21 avril 1990, cette formule, symbole de la lutte
estudiantine avec le poing gauche fermement formé et levé, incarnait pour
beaucoup d’étudiants, un espoir certain. Mais à l’épreuve du temps et à l’aune
des événements de la semaine dernière où un étudiant a été enlevé et assassiné
à travers un mode opératoire qui n’a rien à envier aux terroristes, l’on peut
dire que le glas de la dissolution de cette organisation qui s’est
criminalisée, a sonné ! Il ne peut pas en être autrement, parce trop est
toujours trop ! Les images insoutenables du corps lacéré de toutes parts à
coup de machettes, viennent en rajouter à une longue série de bavures, d’excès
et d’atrocités dont s’est rendu coupable la FESCI.
La décision du gouvernement d’interdire toutes
les activités syndicales dans les universités et grandes écoles pourrait sonner
comme une violation de certains droits fondamentaux consacrés par la
Constitution. Mais à l’analyse des faits et méfaits qui ont jalonné son
parcours, la FESCI est une organisation qui ne mérite pas que l’on s’apitoie
sur son sort. Autrement dit, le mouvement lui-même a créé les conditions de son
interdiction et peut-être même de sa dissolution quasi certaine. 34 années
après sa création, ils sont nombreux, les étudiants qui n’ont pas pu achever
leurs cursus universitaires, du fait de la FESCI et qui maudissent chaque jour,
ce syndicat. Combien sont-elles ces familles qui ont investi dans l’avenir de
leurs enfants qui ont été malheureusement arrachés à leur affection, du fait de
la barbarie de la FESCI ? Combien sont-ils ces étudiants ou simples
visiteurs sur le campus qui ont été molestés, détroussés, violés, vidés de
leurs chambres et qui gardent des séquelles à vie, du fait de la violence de la
FESCI ?
Voici autant de
préoccupations qui achèvent de convaincre que l’idéal de départ qui a présidé à
la création de la FESCI dans une église en 1990, a été totalement dévoyé. Au
lieu de lutter pour la défense des intérêts moraux et matériels des étudiants,
la FESCI, à l’épreuve du temps, s’est transformée en fossoyeur de l’école et
bourreau des étudiants. Et pourtant, comme dans toute organisation humaine,
tout n’a pas été noir dans le parcours de la FESCI. En 34 années d’existence,
ce syndicat a forgé mentalement, moralement et psychologiquement des étudiants
qui sont devenus aujourd’hui, des cadres et des références dans la société ou
dans les formations politiques. Malheureusement, aujourd’hui, l’on sera
contraint de jeter le bébé avec l’eau du bain, parce que le dossier de la FESCI
est indéfendable. Bernard KRA
Le 21 avril 1990, lorsque 34 étudiants, sous la présidence de 4
enseignants-chercheurs membres du Syndicat national de la recherche et de
l’enseignement supérieur (SYNARES) donnaient naissance au Syndicat libre
et autonome des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (SLAEECI), lequel
deviendra quelques jours plus tard la Fédération estudiantine et scolaire de
Côte d’ivoire (FESCI) en l’église Sainte famille de la Riviera, ils étaient
pourtant loin de s’imaginer que leur bébé deviendrait un monstre qui finira par
manger ceux qui pour qui il était né. Malheureusement, 34 années après, c’est
l’amer constat. Deagoué Mars Aubin est la dernière victime du monstre FESCI.
Hier, l’on scandait FESCI, toujours, aujourd’hui, l’on se résout à proclamer
avec amertume : FESCI : Plus jamais !