Les professionnels du secteur de la presse ont paratgé leurs expériences pour une meilleure lutte contre la désinformation
La Journée de la Maison de la presse d’Abidjan, célébrée le jeudi 21 novembre 2024 au Plateau, a mis en lumière l’engagement des médias ivoiriens dans la lutte contre la désinformation, autour du thème « La lutte contre la désinformation, un combat des médias ». Cette journée a réuni de nombreuses personnalités du monde du journalisme, dont l’écrivaine et journaliste Agnès Kraidy, qui a représenté le ministre de la Communication lors de la cérémonie d’ouverture.
Au programme, un panel animé par des journalistes renommés tels que le président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI), Lassane Zohoré, le président du Réseau des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI), Lassina Sermé et le directeur de la Presse et des productions d’informations numériques ( PPIN), Doh Konaté. Chacun a partagé son expertise et ses réflexions sur la manière dont les médias peuvent relever le défi de la désinformation, un phénomène qui, selon eux, prend une ampleur sans précédent avec l’ère du numérique.
Selon M. Zohoré, la désinformation est un fléau qui existe depuis l’antiquité, mais, avec la révolution numérique, elle a pris des proportions inquiétantes. « L’ampleur et la rapidité de propagation des fausses informations ont changé la donne. Aujourd’hui, une simple rumeur peut atteindre des millions de personnes en quelques minutes grâce aux réseaux sociaux et aux algorithmes qui amplifient la diffusion de contenus », a-t-il déclaré. Tout en soulignant que cette rapidité d’exécution rend les citoyens vulnérables aux manipulations, exploitant souvent leurs émotions et créant des divisions au sein des communautés.
Il a également indiqué que cette situation met les médias en première ligne de la lutte, car ils doivent fournir une information fiable, vérifiée et contextualisée. Toutefois, cela représente un défi majeur, en particulier en ce qui concerne la vérification des faits. « Le fact-checking doit devenir une pratique essentielle au sein des rédactions. Cependant, cette tâche est complexe, car la désinformation peut se manifester sous différentes formes : des erreurs innocentes, des manipulations délibérées, ou même des montages vidéos et des deepfakes (des contenus faux qui sont rendus profondément crédibles par l'intelligence artificielle)», a-t-il ajouté.
L’un des aspects majeurs abordés lors du panel a été la crise de confiance qui touche aujourd’hui les institutions médiatiques. « La désinformation n’est pas seulement un défi pour la véracité des informations, elle contribue également à une crise de confiance vis-à-vis des médias et des institutions », a souligné le président de la GEPCI. Il a insisté sur l’importance de la transparence, de l’impartialité et de la rigueur dans le travail des journalistes pour restaurer cette confiance.
Un autre point important soulevé par le panel est l’utilisation des outils numériques dans la lutte contre la désinformation. Pour Zohoré Lassane, il est essentiel que les médias utilisent les mêmes technologies qui propagent la désinformation pour la contrer efficacement. L’intelligence artificielle, par exemple, peut être un atout précieux pour détecter les contenus trompeurs. Cependant, il a également précisé que cette approche nécessite des investissements conséquents.
Enfin, le président du GEPCI a souligné que ce combat contre la désinformation ne peut pas être gagné par les médias seuls. « Les citoyens ont un rôle clé à jouer. Ils doivent être éduqués à la vérification des informations et à la pensée critique. La lutte contre la désinformation est un effort collectif », a-t-il conclu.
Cette journée de réflexion a permis de rappeler que la lutte contre la désinformation est une mission de tous les instants, nécessitant l’engagement des journalistes, des médias, mais aussi de la société dans son ensemble.
EA