Pr Francis Akindess prononçant la conférence inaugurale
L’Autorité nationale de la presse (ANP) a lancé la deuxième édition de la Semaine Nationale de la Presse (SNP) ce jeudi 30 janvier 2025, au Palais de la Culture de Treichville.
Invité à prononcer la conférence inaugurale sur le thème : « Information, Désinformation, Manipulation : Quelles contributions de l’école ivoirienne à la formation de l’esprit critique du citoyen ? », Pr Francis Akindesse, sociologue et enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a insisté sur les effets néfastes de la désinformation au sein de la société.
Il a rappelé que l’information est un pouvoir, une arme, et que la désinformation en est l’usage le plus pervers. Face à cette arme, qui touche aux ressources cognitives et au plus profond de ce que l'humain a de plus précieux, l'esprit humain, face à l’ampleur du chaos informationnel, il est nécessaire de déployer le rouleau compresseur.
Mais avant cela, il a tenu à faire la distinction entre désinformation, manipulation et mésinformation.
La désinformation, selon lui, désigne la diffusion d’informations fausses ou erronées sans intention délibérée de tromper.
La manipulation, quant à elle, renvoie à la diffusion de fausses informations, fabriquées de toutes pièces, avec l’intention de nuire à quelqu’un, à un groupe, à une organisation ou à un État. C’est un moyen de déstabiliser pour discréditer un ennemi, qu’il soit réel ou imaginaire. La désinformation n’est pas qu’un simple mensonge. C’est une arme qui s’attaque à la confiance et à la cohésion sociale, a-t-il détaillé.
La mésinformation, de son côté, ne repose pas sur la fabrication de faux. Elle utilise des faits réels mais les manipule de manière trompeuse, déformant la réalité pour son propre intérêt. Il a expliqué que cette forme de manipulation est particulièrement courante dans le monde politique, avec une densité plus ou moins marquée.
Il a cependant précisé que les effets de ces différentes manières de fabriquer l’information, qu’elles soient intentionnelles ou involontaires, ont des impacts variés mais contribuent à l’érosion de la confiance en l’information et à la distorsion des faits dans les médias. Car, comme il l’a justifié, « elles alimentent d’abord le scepticisme, exacerbent les tensions sociales en polarisant les débats et en enfermant les gens dans des bulles informationnelles ».
Certes, la désinformation a toujours existé. Mais avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, elle est devenue une véritable industrie du chaos, d’une rare vulgarité et d’une brutalité sans précédent. La désinformation et la mésinformation ont pris le pouvoir sur l’esprit, et c’est cela le plus dangereux, s’est inquiété le sociologue.
Face à ce chaos qui pointe à l’horizon, Pr Francis Akindesse propose comme solution pour protéger les jeunes, l’éducation à l’esprit critique, le renforcement de leurs compétences humaines, ainsi que la formation des jeunes à l’utilisation responsable des réseaux sociaux et des outils en ligne afin de contrer les contenus biaisés. Il estime en outre qu’il faut les sensibiliser aux valeurs scientifiques et à la démarche scientifique, qui consiste à ne rien affirmer sans que cela ait été vérifié et approuvé.
Abondant dans le même sens, Samba Koné, président de l’Autorité nationale de la presse (ANP) et initiateur de cette activité, a rappelé que la Semaine nationale de la presse est un cadre de rencontre, un espace d’échange et de partage entre les acteurs de l’écosystème médiatique national, ceux qui produisent l’information et l’ensemble des citoyens, avec une forte participation des jeunes, artisans actifs de la société de l’information.
Tout en se réjouissant de l’engouement suscité lors de la première édition, qui a impacté plus de 5000 élèves et étudiants, Samba Koné a fait savoir que, pour cette deuxième édition, une vingtaine d’établissements d’enseignement secondaire et une dizaine d’établissements supérieurs ont manifesté leur intérêt à participer aux activités.
Lambert KOUAME