Ils sont au nombre de 123. Les employés de la société nouvelle de presse et d'édition de Côte d'Ivoire (SNPECI), éditrice du quotidien pro-gouvernemental ivoirien, Fraternité Matin, priés d’aller grossir le rang déjà très étoffé des chômeurs de Côte d’Ivoire, sous la gouvernance Ouattara. La crise militaro-politique est passée par là. La chasse aux sorcières aussi. Une situation d’autant plus intrigante que dès sa prise de pouvoir, Ouattara a promis des milliers d’emplois. Promesses qui s’avèrent creuses après huit ans d’exercice du pouvoir. Pis, l’existant ne cesse de s’étioler sous les coups de boutoir du régime. Le journal pro-gouvernemental, Fraternité Matin, est sous le feu des projecteurs depuis l’annonce de licenciement de 123 agents. Pour motifs économiques. Ce qui porte à croire que les comptes de la maison dirigée par le père de « Nègreries » s’équilibrent difficilement. La faute, révèle un rapport, à une gestion poussive. Le constat les fins limiers fait ressortir « la dégradation de son outil de production, le niveau pléthorique de son effectif et l'absence d'une vision stratégique clairement définie et acceptée par tous ». Alors questions. Le recrutement incontrôlé ou le manque de vision sont-ils imputables aux agents ? Assurément non. Le conseil d’Administration et la direction générale sont à épingler. La dégradation des outils de production non plus, n’est pas le fait des employés. Pourquoi devraient-ils être les victimes expiatoires d’une gestion artisanale d’une direction plus encline à faire les louanges de Ouattara, dans l’unique but de conserver rentes et subsides, qu’à offrir un journal « écrit » aux Ivoiriens ? Les éditos de l’auteur de Nègreries dirigés contre une partie de la population, ceux qui se reconnaissent au prédécesseur de Ouattara ne sont-ils pas les preuves d’un échec éditorial pour un journal financé avec l’argent public, donc l’argent de ceux pris pour cibles ? Certes le poste de DG de Fraternité Matin, comme d’ailleurs c’est le cas dans la plupart des entreprises à capitaux publics, sont des postes « politiques ». C’est celui qui aura montré plus de zèle dans le dénigrement de « l’ennemi » commun qui est généralement récompensé. Et dans la croisade anti-Gbagbo, l’autre aura montré des talents « nocifs », une plume engagée pour la cause commune. Mais n’est-il pas temps pour sortir des Nègreries, d’allier militantisme et valeur intrinsèque pour le job ? Il se peut qu’il y ait aujourd’hui à Fraternité Matin, des agents qui tirent au flanc, des agents recrutés sur la base du copinage, dont le rendement est négligeable à la bonne marche de l’entreprise. Pour la survie de celle-ci, on peut comprendre leur licenciement pour « motifs économiques », en vidant leurs droits, histoire d’alléger les charges, et remettre à flot les finances. Mais, à moins de faire preuve d’une Nègrerie au carré, on ne peut, uniquement pour des raisons géo-politiques, confier à nouveau les capitaux publics à une direction qui ne s’est pas montrée à la hauteur de la mission. On ne peut donc faire payer des innocents pour la faute d’une direction. S’il y a lieu de faire saigner l’effectif, il va falloir commencer par ceux qui ont coulé l’entreprise. La gestion moderne ne peut s’accommoder de clientélisme, de copinage, de favoritisme ou du militantisme. Surtout que Fraternité Matin n’est pas une cuisine interne au Rhdp. Il s’agit bel et bien de l’argent de tous les Ivoiriens. En tenir compte s’impose.
Par Tché Bi Tché
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