Enseignant dans l’enseignement technique et dans de grandes écoles, G.S n’est pas du tout content de l’organisation des examens en Côte d’Ivoire avec son corollaire de fraude à grande échelle.
C’est tout irrité que cet enseignant a joint la rédaction de pressecotedivoire.ci pour crier son ras-le-bol et attirer par la même occasion l’attention de l’autorité sur ce fait qui le ronge.
"C’est la fraude constatée au cours des examens qui m’irrite", a dit d’entrée de jeu, G.S pour qui 80 à 90 % de réussite aux examens sont du fait des téléphones portables. Poursuivant, il a ajouté que cette fraude s’étend du Baccalauréat (BAC) au Brevet de technicien supérieur (BTS).
Le mode opératoire
La fraude commence devant les centres d'examen malgré la présence des forces de l’ordre.
"Devant les centres d’examen, se trouvent des policiers. Mais, quand l’élève arrive, il donne de l’argent aux policiers pour qu’ils le laissent entrer avec les téléphones portables", soutien l’enseignant.
Pour les centres où la fouille se fait à l’aide d’appareils détecteurs de métaux, les élèves ne manquent pas d’imagination. "Monsieur, nous, on met notre téléphone en -mode avion-", a-t-il révélé, rapportant les propos d’un élève.
Une fois dans la salle, la complicité se fait avec les enseignants à raison de 10.000 FCFA pour les matières de base et 5.000 FCFA pour les matières intermédiaires, relate-t-il avant de nous soumettre à un calcul.
"Imaginez 30 élèves dans la salle à raison de 10.000, voyez-vous ce que cela fait, 300.000 FCA pour des enseignants qui sont vacataires et qui arrêtent les cours après le mois de mai pour ne reprendre qu’en octobre. Entre temps, de quoi vivent-ils ? Donc vous comprenez que c’est une vache à lait", a-t-il argumenté, dénonçant par la même occasion le "laxisme" de l’Etat.
Pour l’enseignement technique qu’il dit bien connaître, l’enseignant révèle que la fraude commence par les épreuves orales. " A l’oral, c’est 2.000 FCFA mais pour les matières spécifiques, où le coefficient est élevé, sans discuter, c’est 10.000 FCFA", a-t-il dit, citant nommément des centres.
A l’écrit, les enfants flashent les sujets et balancent dehors. On traite et on leur ramène, selon lui, ajoutant que tout ceci se fait avec la complicité des enseignants dans les salles.
"Je vous assure que 80 à 90 % des résultats au BAC en Côte d’Ivoire, principalement à Abidjan sont issus des téléphones portables", a-t-il dit, avec un brin d’amertume.
Cette fraude continue jusqu’à la correction où un réseau d’enseignants donne des codes sur les feuilles. On ne signe pas sur les copies pour ne pas qu’on puisse les reconnaître. Mais ces enseignants peuvent mettre par exemple, « épreuve de droit, 1re partie et ils soulignent en 3 traits ».
Son coup de gueule
"Cette fraude est malheureusement à hauteur industrielle. C’est vraiment impuissant qu’on assiste à ce genre de choses. Depuis des années, c’est ce qui se fait et j’en ai tellement marre que je lance ce coup de gueule", a-t-il déploré.
Une autre source, abondant dans le même sens va même plus loin pour expliquer qu'après les délibérations, le taux de réussite est connu. Mais à la proclamation, il est majoré . "C'est le cas pour les résultats du BEPC cette année. Après les délibérations, le taux de réussite national était de 37 %. Mais à la proclamation, j'ai été surpris d'entendre 57 %. C'est grave", a confié cette source.
Son intention, à travers ce cri, "c’est vraiment d’attirer l’attention. Moi, je suis enseignant au supérieur. Quand on arrive au supérieur et qu’on voit les copies de certains étudiants, on se demande comment ils ont fait pour avoir le BAC".
Ce cri intervient à quelques heures de la proclamation des résultats du BAC session 2019, prévue pour le lundi 29 juillet.
Lambert KOUAME