Confondu par les critiques sur la métamorphose de Ouattara le technocrate, un activiste du Rhdp sur les réseaux sociaux n’a trouvé que cette réponse : « Comme vous ne reconnaissez pas ses réalisations, il a ajouté le politique au technocrate ».
Ainsi donc la transformation de l’ancien Premier ministre d’Houphouet-Boigny est reconnue par ses propres partisans. Et plus ils tentent si laborieusement de justifier la mutation de l’ancien DGA du FMI, plus ils admettent indirectement qu’il n’est plus le dirigeant rigoureux qui a séduit tant d’Ivoiriens entre 1990 et 1993. Il n’est plus le Ouattara qui s’assurait régulièrement de l’assiduité et de la ponctualité dans l’administration publique. Il n’est plus le Ouattara non attaché au culte de sa personnalité. Avec sa bénédiction, ses louanges sont chantées chaque semaine à travers des cérémonies fastes aux frais du contribuable. Il n’est surtout pas le Ouattara qui empêchait la gabegie au sommet de l’Etat. Désormais pour ses intérêts politiques, il est prêt à autoriser toutes formes de dépenses inutiles. En témoigne l’effectif pléthorique de son dernier gouvernement, qui succède à un gouvernement qui était déjà lui-même pléthorique sans pour autant être efficace. La nouvelle équipe 42 ministres et 7 Secrétaires d’Etat et trois autres ministres rattachés au président de la République. Juste pour donner le titre de ministre et des moyens publics à des cadres qui vont battre campagne pour le parti au pouvoir dans leurs régions respectives, l’ancien gouverneur de la Bceao distribue des postes ministériels à tout vent. Là, on est loin, bien loin du candidat du RDR à la présidentielle de 2010 qui critiquait l’effectif du gouvernement Gbagbo avec une quarantaine de ministres. A l’époque, il s’engageait à réussir des prouesses avec une équipe d’une vingtaine de membres. Sous sa gouvernance, le contribuable espérait la disparition d’institutions budgétivores et peu productives comme le Conseil économique et social. Mais en plus de maintenir ces anciennes institutions non indispensables, il en créé d’autres comme le Sénat. Pendant que le Grand Médiateur existe avec tout son monde et son budget, il a créé une chambre des rois financée par des fonds publics.
En outre, la gouvernance du nouveau Ouattara est caractérisée par des mesures publiques annoncées à grand renfort de publicités, mais jamais suivies ou appliquées. L’interdiction des sachets plastiques qui pullulent toujours les rues du pays, ou la réglementation des loyers en sont des exemples.
Le rêve d’une administration publique moins corrompue s’est transformée en un cauchemar pour les usagers qui font chaque jour les frais de fonctionnaires véreux non inquiétés. L’immixtion de l’Exécutif dans les pouvoirs judiciaire et législatif est devenu un mode de gouvernance. « Le monsieur (Alassane Ouattara, Ndlr) que j’ai connu dans l’opposition qui était charmeur, qui était élégant, qui était avec beaucoup de qualificatifs, aujourd’hui devenu Président n’était plus le même », regrettait Guillaume Soro en février dernier, au lendemain de sa démission forcée de la tête du Parlement. Désormais, plus rien ne peut donc surprendre du technocrate devenu politicien. Il peut même faire des promesses et ne pas les respecter.
Cissé Sindou