Fumée épaisse se dégageant des grands fourneaux sur lesquels est disposée pèle-mêle de la viande à braiser, des tables dressées devant les débits de boisson desquels se dégage de la musique de tous genres, l’ambiance à l’abattoir de Port-Bouët, au sud d’Abidjan, a retrouvé son allant habituel, depuis samedi, à la suite de la levée de la mesure de fermeture des bars et restaurants, décidée par le conseil national de sécurité dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Ce lieu qui accueillait de nombreuses personnes les jours ordinaires avait été fermé suite aux mesures barrières de lutte contre la propagation du Covid- 19 en mars. A l’entrée de ce lieu de divertissement et de réjouissance, trois policiers veillent scrupuleusement au grain pour faire respecter les mesures du gouvernement notamment le lavage des mains. Un rituel auquel le visiteur doit se conformer toute personne entrant à l’abattoir. Autour des visiteurs rodent plusieurs commerçants proposant leur viande. Sur place, l’on constate la reprise effective des activités de ces opérateurs économiques qui visiblement sont très heureux après plus d’un mois et demi d’arrêt de travail. Tous les box sont ouverts et la clientèle peut s’offrir de la viande de bœuf, mouton, de la volaille (poulet, pintade)…
«C’est le premier jour. Nous vous faisons des kits spéciaux à bas prix. Mais vous pouvez goûter sans payer. C’est gratuit », propose Magoubri Jean Jacques. La reprise est vécue comme une décision salvatrice pour les activités des commerçants et marchants de bétails. Sur chaque box, l’on trouve environs quatre à cinq braiseurs sans compter les démarcheurs qui ‘’draguent’’ à leur manière la clientèle.
«Vous ne pouvez pas comprendre. Nous avons pensé à une fermeture de deux ou trois jours mais nous sommes retrouvés dans une situation de près de deux mois. J’emploie cinq personnes y compris moi-même. Et par box, c’est la même chose », explique André Yaméogo.
Pour lui, l’essentiel est la reprise de leurs activités et non de s’attarder sur les pertes engrangées durant la fermeture.
«Notre souci était de voir rouvrir nos lieux de travail car c’est notre seule activité », a-t-il relevé. Notre équipe de reportage part vers d’autres box. Les vendeurs sont fiers de reprendre leurs activités dans ces fourneaux qui dégagent une forte chaleur avec une épaisse fumée aux odeurs de viande.
La clientèle également a répondu présent pour ce premier jour de reprise. Dans les maquis installés dans les périmètres des box, c’était la joie entre les amis de se retrouver autour d’un pot et partager quelques morceaux de viande.
«C’est aujourd’hui que nous avons commencé. Je l’avoue, ce premier jour est une réussite. Je suis débordé par la clientèle. Il y a les commandes de partout. C’est une excellente reprise pour moi et j’espère que cela va se poursuivre », confie Mlle N’Guessan Suzanne, gérante d’un maquis où les places devenaient comme de l’or tellement l’affluence était forte. Certains clients attendaient que d’autres quittent les lieux pour s’asseoir tandis que d’autres faisaient des emballages de viande pour emporter.
L’on assistait parfois à des accolades, des gestes ne respectant pas les mesures barrières arrêtées par le gouvernement.
«Je retrouve mes amies avec lesquelles nous partagions des bons moments de plaisir. Depuis les mesures de restriction dues au Covid-19, nous ne nous voyons plus. Aujourd’hui, elles m’ont m’informée que l’abattoir était ouvert et qu’ont pouvait ensemble manger de la viande baisée. Je suis fière de les revoir après tout ce moment », a confié Anne Mobio.
Ce lieu devenu désert, il y a quelques jours, a retrouvé son rythme normal. Les vendeurs ambulants rôdent entre les chaises pour proposer leur article aux clients. De même, le petit marché à l’intérieur de l’abattoir où l’on vend des légumes et des vivriers divers connaît également une ambiance particulière où chacun peut faire ses emplettes et se divertir à sa guise.
Les compartiments réservés à la vente de la viande fraîche et le parc à volaille continuent de fonctionner normalement. Ces marchés stratégiques qui ont permis d’approvisionner les Abidjanais en viande n’ont pas connu de fermeture.
(AIP)